Faut-il pousser l'Irlande à faire défaut sur sa dette?
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La question la plus importante, valable pour l'irlande et tous les autres pays qui suivront:
la population doit-elle payer pour payer les profits des investisseurs qui veulent avoir des forts rendements sans assumer les risques
on est dans le nouveau monde ultra-libéral, où le risque n'est plus assumé par l'actionnaire qui doit avoir son profit garanti, mais par les salariés qu'on licencie pour les maintenir.
Rappelons que l'Irlande avec 4,5 millions d'habitants est 14 fois moins peuplée que la France. 85 milliards pour l'Irlande, est proportionnellement à la population 1200 milliards pour la France !!!
L'Irlande est vraiment le paradis pour les investisseurs, non seulement la population paye les risques, mais en plus, les impots sur les sociétés sont les plus bas du monde, ils sont moisn de la moitié de la moyenne européenne (USA 28, royaume uni 39, ...).
Ce dumping fiscal coute très cher à l'EUrope et ne rapporte qu'aux grandes entreprises. Le gouvernement irlandais presente ça comme une preuve d'indépendance nationale; ce n'est qu'une allégeance aux grands investisseurs.
Il est scandaleux que le reste de l'europe aide l'Irlande sans exiger la fin du dumping fiscal en Irlande (et ailleurs), à l'origine de la casse des systèmes sociaux dans toute l'Europe. Mais le FMI et les banques veille pour garantir que les riches n'assument pas les risques.
Faut-il pousser l'Irlande à faire défaut sur sa dette?
Plutôt que d'enchaîner les plans de rigueur à l'efficacité douteuse, Dublin dispose théoriquement d'un autre moyen autrement plus drastique pour réduire son déficit: la restructuration de sa dette publique.
Et si on laissait l'Irlande faire défaut ? L'hypothèse étant que si le plan européen d'aide au secteur bancaire irlandais ne fait que repousser la crise à plus tard, autant prendre acte dès maintenant de l'insolvabilité du pays. De fait, "l'Irlande doit beaucoup plus que ce qu'elle a les moyens de rembourser", tranche l'économiste irlandais Morgan Stanley dans le Irish Times. Plutôt que d'épuiser les Irlandais avec un nouveau plan de rigueur dans l'espoir de réduire le déficit, mieux vaudrait "négocier des maintenant avec les créanciers sur une restructuration ordonnée et partielle de la dette", estime David Bourghelle, chercheur en finance à l'IAE de Lille. Après tout, les citoyens subissent des hausses d'impôt et des baisses de salaires, les actionnaires et propriétaires immobiliers se sont bien résignés à voir fondre la valeur de leurs actifs, pourquoi n'en serait-il pas de même pour les créanciers ?
Cela rejoint la proposition avancée par la France et l'Allemagne de mettre en place à partir de 2013 un mécanisme de défaut maîtrisé pour les pays en difficulté financière.
Mais "c'est un choix très coûteux, explique Henri Sterdyniak, économiste à l'OFCE. Jusqu'à présent, les Etats ont toujours pu s'endetter à bas taux parce que les investisseurs étaient persuadés que c'était sans risque. Si la zone euro annonce qu'elle pourra désormais restructurer les dettes des Etats, les investisseurs augmenteront la prime de risque sur les obligations souveraines. Les Etats ne pourront plus jamais se financer sur les marchés à bon prix." Ce qui tombe mal pour l'Irlande, dont l'économie est totalement dépendante de financements extérieurs. Les banques étrangères ont prêté 844 milliards de dollars à l'économie irlandaise, soit cinq fois le PIB du pays. En somme, Dublin ne peut pas risquer de se mettre les créanciers à dos.
Lâcher les banques?Autre possibilité : laisser non pas l'Etat mais les banques faire faillite. Elles aussi sont insolvables et n'ont survécu jusqu'à présent que grâce à la perfusion de la BCE. De fait, c'est parce que l'Etat a été obligé de recapitaliser en urgence les banques après l'éclatement de la bulle immobilière qu'il affichera cette année un déficit public record de 32% du PIB. Il faudrait bien sûr garantir, selon la règle européenne, les dépôts des épargnants à hauteur de 50.000 €. Mais les investisseurs privés détenteurs d'obligations bancaires irlandaises essuieraient, eux, des pertes et participeraient ainsi au renflouement du système bancaire. Ils n'avaient qu'à faire plus attention quand ils prêtaient aveuglément aux banques irlandaises en pleine bulle. Selon les calculs de Peter Mathews, un consultant bancaire à Dublin interrogé par le New York Times, si les créanciers acceptaient de renoncer à 18 milliards d'euros, cela permettrait au pays d'économiser 15 milliards d'euros et donc d'éviter le nouveau plan d'austérité.
"Cette option présente l'avantage de ne pas affecter la crédibilité de l'Etat, affirme Henri Sterdyniak, mais elle déstabiliserait l'ensemble du système bancaire européen, toutes les banques étant très imbriquées les unes dans les autres". Selon les chiffres de la BRI, les banques britanniques ont prêté 42 milliards de dollars aux banques irlandaises, les allemandes leur en ont prêté 46, les américaines 25 et les françaises 21.
Et il ne s'agit là que de l'exposition à l'Irlande. Or "si la dette bancaire irlandaise est restructurée, il y a de fortes chances que les dettes bancaires portugaises et grecques suivent derrière", note Robert Peston sur son blog. Et dans ce cas, les banques françaises figurent parmi les plus vulnérables, révèle un document de Morgan Stanley.
Pas sûr que le FMI, qui est contrôlé par les Etats dont les banques sont exposées, soit d'accord pour laisser les banques irlandaises faire faillite. Le titre de l'un de ses rapports récent laisse peu de place au doute : "Défaut : non nécessaire, non désirable et improbable".
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