Revue de presse - Savoie

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Irresponsabilité politique, par Jean-Louis Bianco et Bruno Rebelle

COMMENTAIRES

pendant qu'on parle de khadafi, des contrats d'armement et de centrale nucléaire - certainement pas négociés pendant la liberation des infirmières bulgares - on ne parle pas du fond qui interesse la vie quotidienne des français.

L'irresponsabilité que dénonce JLB est surtout l'irrespnsabilité de l'opposition qui ne fait pas son travail. le français moyen se moque completement de savoir si les armes ont été négociées il y a 18 mois, ou si la centrale nucléaire l'a été il y a 12 mois. De toute façon, personne ne croira que c'est en échange d'une libération des otages il y a une semaine.  Sarko fait un coup médiatique - et alors ?

Cette polémique est stérile, profitte à l'UMP qui pendant ce temps là fait passer 15 milliards d'allègement fiscaux pour les riches, une franchise médicale, contre une aide "RSA" à 25 millions d'euros. Voila des sujets qui nous concernent vraiment.
Cette politique politicienne aidera Sarkozy à gagner en 2012. JLB continue dans la mauvaise direction avec les reflexes qui ont démontré leur inéfficacité - dénonciation de faux scandales ; pendat ce temps, il oublie de parler du fond pour faire des propositions constructives

Le PS n'est pas encore au fond du trou, JLB et d'autres creusent encore - l'irresponsable, c'est lui; mais au PS, on ne change pas un équipe 3 présidentielles de suite.

Irresponsabilité politique, par Jean-Louis Bianco et Bruno Rebelle

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-942591,0.html

Bien sûr, on peut souligner l'intérêt de la reprise de relations diplomatiques et commerciales avec le gouvernement de Mouammar Kadhafi. On aurait même souhaité que cette évolution contribue à pacifier la situation au Proche-Orient.

Cependant, le trouble est réel. Le 31 juillet, Bernard Kouchner, chargé - théoriquement au moins - de la conduite de la politique étrangère de la France, était auditionné par la commission de l'Assemblée nationale. Nous espérions qu'à cette occasion des clarifications seraient données, en particulier sur le très discutable"mémorandum d'entente sur la coopération dans le domaine des applications pacifiques de l'énergie nucléaire".


Mais, après les explications pour le moins embrouillées du chef de la diplomatie, le trouble persiste. L'inquiétude grandit encore avec les déclarations de Saïf Al-Islam Kadhafi, fils du colonel, qui précise que le "coeur du sujet" entre Paris et Tripoli n'est pas ce projet nucléaire, mais une affaire "militaire" évoquant même ventes d'armes et usine d'armement. Il est inacceptable que le ministre des affaires étrangères ait omis d'informer les parlementaires de cette composante, pour le moins inquiétante, des termes de l'accord qui a accéléré la libération des otages du régime Kadhafi.

Nous ne pouvons accepter, que pour assurer un nouveau "coup d'éclat médiatique" du président Sarkozy, le gouvernement français propose à la Libye de Kadhafi une nouvelle aventure nucléaire. Ce choix est géopolitiquement irresponsable et énergétiquement inutile. Le gouvernement a oublié que les expériences de coopération nucléaire dite "civile" se sont, jusqu'à maintenant et dans leur majorité, terminées, soit par la mise au point de l'arme atomique par les bénéficiaires de ces coopérations (Inde, Pakistan), soit par des crises diplomatiques majeures (Iran, Corée du Nord), soit par la guerre (Irak).

Au moment où la tension au Proche-Orient atteint de nouveaux paroxysmes, le renforcement de l'équipement militaire de la Libye et la menace du développement de l'arme atomique chez un des partenaires du monde arabe ne fera qu'aggraver ces tensions. Les efforts des pays du Golfe qui, à la fin de l'année 2005, s'engageaient pour promouvoir une région libre de toute menace nucléaire sont, de facto, anéantis.

Comme le sont les initiatives de la société civile et de certains diplomates courageux qui tentent de convaincre Israël de renoncer à l'arme atomique. Ce mémorandum est d'autant plus iconoclaste que nul ne peut ignorer qu'il a fallu plus de dix ans pour obtenir du colonel Kadhafi qu'il abandonne ses projets de développement d'armes non conventionnelles et qu'il cesse de soutenir les activités terroristes qui ont coûté la vie à de trop nombreux civils, notamment français...

Nicolas Sarkozy nous dit que l'on ne peut refuser aux pays du sud de la Méditerranée une technologie dont ils auraient besoin. Mais chacun sait que certaines technologies sont plus sensibles et plus dangereuses que d'autres. La question n'est pas de priver la Libye d'énergie ou d'eau potable. Une coopération responsable devrait, en aidant ce pays à couvrir ses besoins, écarter le risque d'un nouveau dérapage militaire et nucléaire qui handicapera les efforts de paix, si nécessaires dans cette région du monde.

La finalité de cette coopération est d'autant plus discutable que l'argument énergétique avancé est totalement inepte. La Libye, à l'inverse de certains pays de la région, n'a pas particulièrement besoin d'usines de dessalement. Le pays pompe depuis toujours dans une nappe phréatique profonde, qui suffira largement à couvrir ses besoins si les autorités en assurent une gestion rigoureuse. Le recours au dessalement d'eau de mer, s'il devient nécessaire, ne le sera qu'en complément très accessoire de la ressource actuellement exploitée. Il n'y a donc sur ce sujet aucune urgence.

Par ailleurs, l'utilisation d'eau de mer, ressource abondante et gratuite, nécessite de l'énergie... et la Libye n'en manque pas. Elle est riche en pétrole et en gaz. Il est vrai cependant qu'il faut limiter la consommation de ces combustibles fossiles pour lutter contre le changement climatique. La recherche d'alternative est donc louable, si tant est qu'elle permet de répondre à des besoins réels et non supposés.

On estime qu'il faut 4 kWh d'électricité pour produire 1 m3 d'eau douce. Avec une population de 5,5 millions d'habitants, la Libye aurait donc besoin d'environ 1 million de MWh d'électricité par an pour couvrir la totalité de ses besoins en eau douce si ces besoins étaient assurés à 100 % par une usine de dessalement... Cette quantité d'électricité représente moins de 10 % de la production permise par une centrale nucléaire de type EPR que la France s'efforce de vouloir exporter à n'importe quel prix.

Ce fameux "mémorandum d'entente" veut donc répondre à un besoin quasi inexistant avec une solution totalement inappropriée ! A qui profite vraiment ce marché de dupes ? D'autant que la Libye, comme tous les pays de la région, possède une autre ressource énergétique illimitée, renouvelable et gratuite : le soleil ! Il serait bien plus prometteur, dans le cadre d'un accord de partenariat scientifique et technique, de développer des unités de dessalement en valorisant l'énergie solaire suivant les technologies déjà mises au point en Israël et en Espagne. Une seule de ces centrales permettrait de fournir l'eau potable pour toute la population libyenne.

L'industrialisation de cette technologie serait une chance pour la Libye, sécurisant ainsi ses besoins, pour la France, développant ce savoir-faire, et pour le reste du monde, bénéficiant ainsi d'une technologie renouvelable très prometteuse... Car, en dépit des déclarations de Claude Guéant (les participants au Grenelle de l'environnement apprécieront), le nucléaire n'est pas une énergie renouvelable... Et force est de constater qu'il est à peu près certain que l'on ne fera pas la guerre pour contrôler le soleil !

Il serait grand temps que la diplomatie française, qui devrait avant toute chose être au service de la paix et du développement durable, prenne le dessus sur le spectacle.




08/08/2007
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