Revue de presse - Savoie

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L'Asie devient progressivement une zone économique intégrée

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Chine, Inde, Japon - voilà 3 grandes puissances du futur puor une du présent. Nos politiques ne les connaissent que très rarement, leurs langues ne sont pas enseignées dans le secondaire, notre politique étrangère est pro américaine - gouverner, ça n'est vraiment plus prévoir.

L'OMC, la banque mondiale et le FMI sont tenus par l'occident, l'ONU également au conseil de securité, les institutions dites internationales sont des institutions occidentales - pourquoi ceux qui en sont exclus tout en étant les grandes puissances de demain accepteraient-ils leurs arbitrages tant que cette situation persiste ?

L'Asie devient progressivement une zone économique intégrée

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ERSPECTIVES. Pour la première fois depuis Gengis Khan, au XIIIe siècle, le continent asiatique s'est interconnecté. Non pas une, mais trois grandes puissances vont émerger.

Au début du XXe siècle, l'artiste japonais Kakuzo Okakura et le poète indien Rabindranath Tagore définissaient le pan-asianisme par son spiritualisme, par opposition à l'Europe matérialiste. Lorsqu'en 1904 le Japon a vaincu la Russie, pour la première fois un pays asiatique triomphait d'une force «impérialiste». Le destin a voulu qu'aujourd'hui le pan-asianisme se construit sur l'économie, le commerce et la concurrence, écrit Bill Emmott, dans «Rivals» (ed. Allen Lane).

Après le Japon, dès les années 1960, toute la région s'est ouverte aux lois du marché, à commencer par la Corée du Sud. En 1993, la Banque mondiale publie son rapport sur le miracle asiatique. Et omet complètement de parler de la Chine. En 2007, elle explique cet oubli par le développement «sui generis» de la Chine. Son rapport oublie alors un autre pays, l'Inde. Qu'importe si l'institution manque de clairvoyance! L'Asie est en forte croissance et soutient l'économie mondiale. Comme 51% des exportations des pays asiatiques sont destinés à d'autres pays de la région (hors Moyen-Orient), le continent devient une zone économique intégrée. Le chiffre est en hausse de 9% en 15 ans. Le degré d'intégration se rapproche des 55% qui unissent le Canada, les Etats-Unis et le Mexique et les 66% de l'Union européenne.

Trois et non pas une seule puissance

C'est loin d'être un marché commun, mais en 1992 la Chine n'avait pas encore de relations diplomatiques avec la Corée du Sud. Aujourd'hui, plus de 600000 Sud-Coréens vivent et travaillent en Chine. L'Empire du Milieu adopte un rythme endiablé, mais il est faux de le qualifier d'exceptionnel, corrige Bill Emmott. Le PIB chinois progresse certes de 8-10% par an depuis près de 30 ans. Mais Taïwan a connu un taux de 8% pendant quatre décennies, Singapour de 9% dans les années 1960 et 1970 puis 8% dans les années 1980 et 1990. L'envol du Japon a duré plus de 25 ans sans correction notoire. Il n'en demeure pas moins que le PIB chinois par habitant a décuplé depuis son ouverture au capitalisme. La taille de ce pays continent exagère ses succès. Ses problèmes structurels sont pourtant considérables: Environnement, pauvreté, inflation, infrastructures, modeste classe moyenne, manque de démocratie. Le gouvernement chinois, s'il veut rester au pouvoir, doit accomplir des prouesses.

Impressionnante, la Chine n'est pas la seule puissance de la région. Le statut est partagé avec l'Inde et le Japon. Les divisions sont plus nombreuses que les points communs entre les trois pays, selon Emmott, mais progressivement - et c'est la perspective qu'il faut adopter pour préparer les dix prochaines années - les débats économiques et politiques obligent la Chine, le Japon et l'Inde à se mettre à la même table et à discuter de problèmes communs. A commencer par l'environnement. L'an dernier, la Chine a dépassé les Etats-Unis comme premier émetteur de CO2. Les lois chinoises sur l'environnement sont tout à fait valables, mais elles restent lettre morte. En Inde, le problème est aggravé par la défaillance des infrastructures.

En 1968 le Prix Nobel Gunnar Myrdal décrivait le drame asiatique comme celui de la surpopulation qui l'obligerait à rester pauvre. Lourde erreur. Le processus accompli est celui d'une formidable prospérité et il est plutôt associé aux idées d'un autre Nobel, le penseur libéral Friedrich Hayek. Mais, selon Bill Emmott, le drame asiatique demeure. C'est celui d'une profonde méfiance entre ses trois puissances régionales. Il cite un officiel local: «En Inde et en Chine nous pensons que l'avenir nous appartient. Nous ne pouvons avoir raison tous les deux.» Les intérêts des trois pays se superposent, se concurrencent. Cette compétition s'est traduite par un demi-siècle de paix en Europe, poursuit l'écrivain. C'est donc une chance pour l'Asie. Le risque est ailleurs, à la périphérie, au Pakistan par exemple.

Pour que la prospérité se propage et que la confiance grandisse entre ces trois nouveaux géants, la Chine devrait accroître la transparence sur ses processus de décision politique et économique, l'Inde s'ouvrir au commerce avec ses voisins, le Japon admettre ses responsabilités historiques; et les trois coopérer et développer les institutions pan-asiatiques, à l'image du Sommet de l'Asie orientale établi en 2005. C'est ainsi que l'émergence de l'Inde et de la Chine se poursuivra et que le PIB triplera d'ici à 2020.


23/06/2008
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