Le début de la fin du chômage de masse ?
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COMMENTAIRES
- la demographie aidant, le chomage va baisser. Le vainqueur de
2007pourra se targeur (à tort) de resultats flatteurs. Les enjeux
politiques vont se deplacer
Le début de la fin du chômage de masse ?
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Avec
une baisse de plus de 2% en mai, le chômage confirme sa décrue. La
France prend-elle pour autant le chemin du plein emploi ? Décryptage
avec Jean-Hervé Lorenzi, professeur d'économie à Paris-Dauphine.
« Historique » : c'est le mot qu'a employé Jean-Louis Borloo, le
ministre de l'Emploi, pour qualifier le recul du chômage en mai. Il est
vrai que le nombre de demandeurs d'emploi a chuté de manière
spectaculaire : ils sont 48 900 de moins inscrits à l'ANPE, par rapport
au mois d'avril. Ce qui représente une baisse supérieure à 2%, une
ampleur inégalée depuis septembre 2000. Le taux de chômage passe à 9,1%
de la population active, exactement le même niveau qu'en mai 2002, lors
de la réélection de Jacques Chirac à la présidence de la République. Le
chômage baisse en France de manière quasi-continue depuis le mois de
février 2005, enregistrant un recul de 261.000 demandeurs d'emploi en
quinze mois. Soit 11%. Le parti socialiste s'est empressé de
relativiser la réussite du gouvernement dans la bataille de l'emploi.
Vendredi, il a ainsi affirmé dans un communiqué que « la baisse
statistique du nombre de chômeurs est une nouvelle fois totalement
indépendante de l'action gouvernementale, puisqu'elle découle d'abord
de l'augmentation des radiations de l'ANPE, de l'élévation mécanique du
nombre de départs à la retraite, et de manipulations administratives,
telle que l'exclusion de 54.000 titulaires de conventions de
reclassement personnalisée des chiffres du chômage ». Décryptage
de la situation de l'emploi en France avec Jean-Hervé Lorenzi,
professeur d'économie à l'Université Paris Dauphine et membre du
conseil d'analyse économique.
Le gouvernement a annoncé une baisse « historique » du chômage en mai. Quelle est la part de son action dans ce phénomène ? La
baisse n'est pas « historique », c'était un peu exagéré de le dire,
mais 50.000 chômeurs de moins en un mois, c'est tout de même un très
bon résultat. Environ la moitié de cette baisse est due à la création
naturelle d'emploi, donc à la conjoncture, l'autre moitié à la
politique du gouvernement. En clair, au plan Borloo. Les contrats
aidés, la relance du BTP, la réforme du service public de l'emploi, les
services à la personne, tout cela fonctionne. Mais ce qui incite à
l'optimisme c'est que le plan est loin d'avoir donné toute sa mesure.
Prenez les services à la personne : en mai, on en est seulement à
quelques milliers d'emplois créés. Mais en deux ans, on peut arriver à
500.000. Ce n'est pas un chiffre irréaliste du tout.
Cela veut dire que le chômage de masse, c'est terminé ? A
terme, oui. Nous serons vraisemblablement au plein emploi en 2010, avec
un taux de chômage de l'ordre de 6,5% . Le facteur démographique va
jouer de manière très significative à partir de 2007, ce qui va libérer
de nombreux postes. A plus brève échéance, le taux de chômage devrait
atteindre 8,7% à la fin de l'année, et 7% d'ici trois ans, si on
continue sur cette lancée. Et on va continuer. Aujourd'hui personne ne
remet en cause le plan Borloo.
La France serait-elle tirée d'affaire ? Non.
Nous avons encore beaucoup d'efforts à faire dans un domaine qui est
fondamental : la qualification de la main d'œuvre. Aujourd'hui, nous
sommes le plus mauvais élève de l'Europe dans ce domaine. La situation
du système de formation, initiale et continue, est dramatique. De plus
en plus de jeunes sortent de l'école ou de l'université sans diplôme.
Il faut mettre l'accent sur l'éducation, sur la recherche, si l'on veut
être capable, demain, de pourvoir les postes qualifiés qui vont se
libérer dans les quatre ou cinq prochaine années via les départs à la
retraite. Et c'est valable aussi dans le domaine des services à la
personne, qui ne recouvrent pas uniquement des emplois non qualifiés.
On est actuellement dans une dynamique extrêmement favorable. On n'a
pas le droit de la casser en mettant de côté l'éducation. |