Revue de presse - Savoie

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Les réfugiés continuent d'affluer sur les quais de Calais

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Encore une mesure de Sarkozy : fermer Sangate; comme si ça allait arrêter le flot des immigrés voulant passer en angleterre.

C'est aussi efficace que de miser exclusivement sur la police pour résoudre les problèmes de securité, ou de faire des reconduites à la frontière pour l'immigration.

Sarko est un homme doué d'une grande ambition, d'une excellente communication et d'une vision étroite du monde; seul compte la communication, les résultats importent peu; il faut seulement qu'on croit qu'il a de bon résultats, le reste est sans importance.

C'est le modernisme politique: non seulement la politique abdique devant l'economie libérale, mais elle en utilise les methodes : marketing, communication.

L'acte d'achat en economie est remplacé par le vote pour la politique:  avant le vote, la qualité du produit importe moins que la perception qu'on en a, la marque; La réalité apparait après le vote, quand c'est trop tard; en politique, il n'y a pas de garantie ni de service après vente en cas de défaut. Alors oubliez la communication et regardez la réalité.

Les réfugiés continuent d'affluer sur les quais de Calais

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-844200@51-843728,0.html

Rien n'interrompt le flux des réfugiés qui errent le long du quai de la Loire, à Calais (Pas-de-Calais), puis finissent par s'infiltrer dans un ferry pour la Grande-Bretagne : ni les arrestations musclées ni la destruction des abris par les bulldozers encadrés de CRS. Les militants associatifs qui aident les migrants ne se laissent décourager ni par les intimidations ni par les tempêtes. Jeudi 7 et vendredi 8 décembre, sous des trombes d'eau, les distributions de repas ont continué, coordonnées par le collectif C'sur, qui regroupe notamment les associations La Belle Etoile, Salam et le Secours catholique.

Les origines des migrants reflètent les conflits du monde, et ils sont de plus en plus jeunes. Il suffit de consulter les statistiques de la Maison de la solidarité du Calaisis. "En 2006, au 30 novembre, 179 mineurs ont été recueillis de jour par la cellule spécifique mise en place par le conseil général du Pas-de-Calais, explique la directrice, Françoise Duvieubourg. Si on ajoute les 225 ramassés la nuit par la police de l'air et des frontières (PAF), nous avons vu passer dans notre Maison 404 mineurs, dont 51 filles." En 2002, ils étaient 525, puis 443 en 2003, 315 en 2004 et 333 en 2005. "Nous serons à 500 fin décembre, les chiffres sont repartis à la hausse..."

Les jeunes filles sont de plus en plus nombreuses. "C'est nouveau. Pour l'Afrique subsaharienne, nous en avons enregistré 36, contre 35 garçons. Pour l'Asie, 3 filles sur 21 mineurs, et pour l'Europe centrale 9 sur 14." A l'opposé, aucune ne vient du Moyen-Orient (275 garçons).Face aux carences de l'Etat, le département a mis en place une action éducative. "Environ 120 jeunes ont été sédentarisés dans des familles d'accueil, volontaires et agréées auprès de l'aide sociale à l'enfance, note Mme Duvieubourg. Chaque adolescent est accompagné dans ses démarches administratives par un référent socio-éducatif. Nous les aidons même à construire un projet si c'est possible." Tout cela a un coût annuel pour le Pas-de-Calais. "Au 1er septembre, nous avions dépensé 3,15 millions d'euros, indique-t-on au conseil général du Pas-de-Calais. La somme devrait ainsi être similaire à 2005 (3,8 millions)."

Mme Duvieubourg observe : "Avant, nous voyions repasser des têtes connues ; là, ce ne sont jamais les mêmes". Ce qui signifie que les enfants franchissent le Channel.

Jean-Claude Lenoir, de l'association Salam, professeur de sport et président du comité départemental de voile, confirme. "Nous admirons l'action du département, mais ces chiffres sont inférieurs à la réalité, précise-t-il. De nombreux mineurs échappent aux contrôles."

Le collectif C'sur a distribué en novembre jusqu'à 450 repas le soir, "dont 70 % à des Africains - Soudan, Darfour, Somalie, Erythrée." Les autres sont afghans, iraniens, pakistanais... "Nous voyons pour la première fois des Irakiens, difficiles à compter, car ils seraient répartis sur de nouveaux sites en périphérie de Calais", poursuit M. Lenoir.

Rixes entre passeurs, meurtres parfois, s'ajoutent aux maladies et pathologies habituelles des sans-domicile, explique-t-on chez Médecins du monde (MDM), qui a organisé 2 000 consultations depuis le mois d'avril.

RELATIONS AMICALES

Pour Jean-Claude Lenoir, "les Anglais font semblant de refuser ce flux mais leur économie en a besoin. L'hypocrisie est incroyable des deux côtés de la Manche". En ce moment, les associations "tournent à 250 repas".

Car les réfugiés parviennent à franchir la mer massivement, dans les ferries. "Vers le 3 ou 4 novembre, une centaine ont rejoint l'Angleterre en 24 heures. On ne me fera pas croire que la préfecture n'était pas au courant", soutient M. Lenoir. Comme si les autorités relâchaient la soupape de temps en temps, avant explosion.

"D'habitude, ils sont entre 70 et 80 par semaine à réussir à passer, poursuit-il. Parfois, nous les voyons se glisser sous les camions en plein jour. Un soir, lors du repas de 18 heures, on les a vus partir en courant."

Les associations calaisiennes entretiennent des relations amicales avec ceux qui ont séjourné dans leur ville avant de s'installer outre-Manche. "Ils nous téléphonent, raconte M. Lenoir. Et nous allons les voir à Londres et ailleurs. Il suffit de se promener dans les quartiers londoniens d'immigrés pour être hélés par ceux qui nous reconnaissent. Ils travaillent au noir, sont accueillis dans les commissariats britanniques. Parfois, le Royaume-Uni organise un charter pour calmer l'opinion."

La vie anglaise doit sembler un paradis après les affres endurées lors de la traversée de l'Europe, et durant l'errance côtière.

MDM, dans une conférence de presse, vendredi 9 décembre, a pointé les souffrances, photos à l'appui. Le maire de Calais, Jacky Hénin (PCF), ne veut plus s'exprimer. "Tout a été dit depuis six ans, dit son conseiller Bernard Baron. Nous supportons l'absence de l'Etat. Et nous sommes confrontés à la politique sociale hors la loi des Britanniques."

Mais c'est quand même la ville qui a refusé le permis de construire des sanitaires qui devaient équiper une nouvelle maison achetée par le Secours catholique. Répondant ainsi à une demande du comité du quartier du Virval qui s'opposait au projet.

Reste un espoir, côté hygiène, dit M. Lenoir. "La région Nord-Pas-de-Calais va créer avec notre collectif une sorte de super association de gestion : pour l'accueil, les soins, l'emploi... Les statuts seront déposés mi-décembre, assure-t-il. Il ne s'agit pas d'hébergement ! Pas question d'édifier un local. Nous-même ne voulons pas d'un Sangatte bis. C'est dur à dire, mais mieux vaut donner à manger sur un quai. Ensuite, ils se dispersent, seuls. Si c'était dans une salle, nous n'aurions pas le coeur à les obliger à sortir sous la pluie battante..."

Geoffroy Deffrennes



11/12/2006
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