Colombani n'est plus le roi du «Monde»
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Jean-Marie Colombani, copain de Sarko perd la direction d'un groupe media. Réalité ou illusion ?Le bilan de JMC n'est pas aussi bon qu'il le prétend. Le Monde a certes connu une forte croissance, il a été géré comme un groupe capitaliste "classique" ambitieux, c'est à dire que son chiffre d'affaire et son activité ont fortement cru.
Malheureusement, au prix d'un endettement important: Les conséquences sont inévitables: groupe fragilisé, entrée des capitaux privés habituels comme Lagardère, perte d'autonomie du journal, arrivée à la tête du directoire d'un représentant des investisseurs l'inenarable Alain Minc; l'indépendance des journalistes est préservée officiellement, elle est de fait fictive.
Rassurons nous pour Sarkozy: Alain Minc, president du directoire du Monde - grâce à la stratégie de croissance de Colombani - est un copain de Sarko, et il contrôle la presentation des candidats à sa succession.
Colombani n'est plus le roi du «Monde»
http://www.liberation.fr/actualite/medias/255578.FR.php
Sa troisième candidature à la tête du groupe a été désavouée par la rédaction, sanctionnant sa stratégie d'acquisitions à tout-va.
Viré par la base. Jean-Marie Colombani, qui briguait hier un
troisième mandat de six ans, après treize années passées à la tête
du
Monde, a été renversé par ceux qui l'avaient fait roi. Pour
être réélu, il lui fallait l'approbation de 60 % des journalistes.
«JMC», comme on le surnomme, n'a réuni sur son nom que 48,5 % des
suffrages. La claque est sévère. Très nette. Pourquoi un tel revers
?
Ambition et opacité. D'abord, il y a bien sûr l'usure
du pouvoir. Treize ans, c'est long. Surtout quand on n'est pas un
patron de droit de divin, mais soumis au vote d'une rédaction qui,
comme toutes celles de la presse quotidienne nationale, s'inquiète
de son avenir. D'ailleurs, l'épisode d'hier est autant la sanction
d'une stratégie contestée qu'une crise de confiance envers un homme
accusé de
«gouverner seul, en monarque absolu».
Ambition démesurée, dette abyssale, opacité... Voilà ce que les
journalistes du
Monde ont reproché hier à JMC. Il faut dire que, sans en
avoir le premier sou, le patron du quotidien n'a eu de cesse,
depuis sept ans, de constituer un groupe. A coups d'acquisition et
à crédit.
En 2000, Le Monde n'a pas d'argent lorsqu'il met la main sur le
Midi libre et ses filiales. En 2003, il n'en a pas davantage
lorsqu'il absorbe les Publications de la Vie catholique, riches de
nombreux magazines (dont
Télérama ) et de quelques immeubles dans les beaux quartiers
de la capitale.
Cerise sur une crise. Il n'en a pas plus aujourd'hui
alors qu'il cherche à boucler son opération «Pôle Sud» : le
rapprochement de sa filiale Midi libre et des journaux régionaux de
Hachette (
la Provence et
Nice-Matin ). Ce Pôle Sud, ce grand ensemble de quotidiens
régionaux tant désiré par JMC, n'est autre que la cerise sur une
crise qui couvait depuis quelques années. Parce que l'opération est
lourde, en termes financiers.
Trop risqué, cette fois. Vraiment trop risqué, aux yeux des
salariés. Pour construire son groupe, Jean-Marie Colombani, épaulé
par Alain Minc, président du conseil de surveillance et grand
argentier du groupe, a multiplié les montages financiers et... les
dettes. Elles s'élèvent désormais à plus de 100 millions d'euros.
Pas une bagatelle.
Pour éviter une déroute financière, il a fallu faire appel à des
capitaux extérieurs. Largardère, Prisa, Saint-Gobain, le Crédit
Mutuel, Le Nouvel Observateur ont pris une part de plus en plus
grande dans le capital du groupe. Au risque de marginaliser les
actionnaires internes, au premier rang desquels les journalistes
réunis dans la Société des rédacteurs du
Monde (SRM).
«Prise de contrôle».
«La construction du groupe a creusé une lourde dette qui
pourrait conduire, à terme, à la prise de contrôle du journal par
les actionnaires extérieurs, qui n'en contrôlent pour le moment que
47 %», résume Jean-Michel Dumay, président de la SRM.
Mais il n'y a pas que ça. Cette affaire du Pôle Sud reste dans
l'esprit de beaucoup de journalistes comme un crime de
lèse-démocratie. Appelés à se prononcer en septembre dernier sur
cette opération, ils avaient voté contre, à 54 %. Convaincu de la
pertinence de son projet, JMC a décidé de passer outre. Certes, le
vote était consultatif. Ce passage en force a toutefois laissé des
traces.
«La Face cachée». Il a cristallisé une crise de
confiance née il y a plusieurs années. Depuis que Jean-Marie
Colombani, de plus en plus absorbé par sa fonction de dirigeant,
s'est éloigné de la rédaction, confiée aux bons soins d'Edwy Plenel
à partir de 1996. C'est aussi cet éloignement qu'il paie
aujourd'hui.
On avait pu déjà s'en rendre compte en 2003, au moment de la
parution de
la Face cachée du Monde, le livre à charge de Pierre Péan et
Philippe Cohen.
«On s'était alors aperçu qu'il ne connaissait plus grand monde
dans la rédaction», analyse une journaliste.
Reste que Jean-Marie Colombani doit être particulièrement amer.
Malgré tous les reproches qui lui sont faits, il a toujours veillé
à ce que les journalistes du
Monde conservent leurs prérogatives. Et notamment celle de
reconduire ou non leur patron. Ce qui s'est produit hier ressemble
fort à un retour de boomerang. Violent.
Colombani recalé par la rédaction du « Monde »
Seulement 48,49 % de votes favorablesAppelée à voter hier, la rédaction du « Monde » n'a pas renouvelé sa confiance à Jean-Marie Colombani, qui briguait mardi un troisième mandat à la présidence du directoire du groupe. Ce dernier n'a recueilli que 48,5 % des suffrages en faveur de sa candidature, 46,68 % des votants se prononçant contre. Après treize années passées à la tête du quotidien du soir, il devrait donc passer la main. S'ouvre maintenant pour le « Monde » un nouveau chantier délicat : celui de la recherche d'autres candidats capables de gérer le groupe.
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