Revue de presse - Savoie

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D'un revers de Minc

COMMENTAIRES

Les journalistes du monde semblent découvrir que selon les règles légales, ils ont perdu l'indépendance réelle de leur journal. C'est l'héritage Colombani qui a remis le pouvoir réel aux actionnaires pour développer le groupe de presse.

Une chose à retenir pour les lecteurs: Le Monde n'est plus un journal indépendant (depuis des années) et les financiers qui le controlent nomment à la tête du conseil de surveillance Minc qui est rejetté par l'écrasante majorité des journalistes. Meme si Minc part, la réalité reste - encore un journal qui n'est plus indépendant.

D'un revers de Minc

http://www.liberation.fr/actualite/ecrans/264145.FR.php

Crise au Monde où le président du conseil de surveillance se dit reconduit malgré un vote négatif.

«Vraiment, le CAC 40 nous fait chier, le CAC 40 n’est pas honnête.» 

C’était le commentaire, hier soir, d’un élu du Monde  à l’issue d’un conseil de surveillance pour le moins ubuesque. Enjeu du jour : la reconduction - ou non - d’Alain Minc à son poste de président du conseil de surveillance du groupe. Face à face, les actionnaires extérieurs (10 voix) et les actionnaires internes (10 voix aussi). Pour être reconduit, selon les statuts, Minc doit recueillir 11 voix. Résultat du vote : 10 voix pour Minc (celles des actionnaires externes), 7 voix contre et 3 abstentions (le camp des actionnaires internes).

Abasourdis.  Le grand argentier du Monde  qui, depuis 1994, tire les ficelles du journal, est donc viré. Sauf que non. Coup de théâtre : le président de séance, Claude Perdriel, par ailleurs PDG du Nouvel Observateur , le déclare. élu. Et il va même jusqu’à ajouter : «Nous allons maintenant procéder au renouvellement des membres du directoire.»  Abasourdis et furieux, les actionnaires internes (Société des rédacteurs du Monde,  personnels des Publications de la Vie catholique, journalistes de Midi libre,  employés et cadres du Monde ) n’en croient pas leurs oreilles. Ils protestent, rappellent que les statuts sont très clairs sur ce point : «C’est 11 voix, et pas 10.»  Rien n’y fait. Minc : «Vous n’êtes pas d’accord ? Le tribunal tranchera.» 
Derrière lui, Perdriel et les actionnaires extérieurs font bloc. Personne ne moufte. Ni le représentant de Saint-Gobain, ni celui du Crédit mutuel, ni celui de Safran, ni celui de Prisa, ni celui de Méderic, tous ces grands groupes cotés en Bourse. «Ils se sont comportés comme des toutous» , commente, amer, un journaliste. La crise institutionnelle au sommet du Monde  est ouverte. Les représentants des actionnaires internes claquent la porte.
La nouvelle se répand, suscitant l’incrédulité. «Comment Minc a-t-il osé demander un nouveau mandat alors que les journalistes du  Monde se sont prononcés à la quasi-unanimité contre lui ?»  s’interroge l’un. «On s’est battu à la loyale, face à nous, ils ne le sont pas ; c’est une pantalonnade, ce sont des tricheurs» , ajoute un autre. «On tiendra bon, le droit est avec nous. Ils vont rembarquer leur manip» , conclut un troisième. Un vent de protestation se lève dans la maison. Plus personne ne sait quoi faire.
Jean-Michel Dumay, qui vient d’être confirmé, à l’unanimité, à la tête de la Société des rédacteurs du Monde,  commence à rédiger un communiqué saignant. Au sein du journal, on s’interroge : faut-il publier demain, comme prévu, l’article que Jean-Marie Colombani a rédigé en forme d’adieu aux lecteurs ? De fait, Pierre Jeantet, qui devait être officiellement nommé hier au poste de numéro 1 en remplacement de Colombani, n’a pas pu être désigné puisque les actionnaires internes ont interrompu la réunion du conseil de surveillance avant qu’on aborde ce chapitre.
Imbroglio.  Bilan : le groupe se retrouve ce matin dans une drôle de situation. Avec un président du conseil de surveillance élu dans des conditions irrégulières, un ­patron censé partir et son successeur qui ne peut juridiquement pas s’asseoir dans son fauteuil. Un imbroglio jamais vu et jamais imaginé dans une entreprise qui compte 3 300 salariés et plus de 600 millions d’euros de chiffre d’affaires, endettée jusqu’à la gorge qui plus est (100 millions d’euros). Le tribunal de commerce pourrait être saisi dans les prochains jours pour trancher sur l’affaire. Il pourrait même nommer un administrateur judiciaire pour gérer les affaires courantes du groupe en attendant un jugement sur le fond.
«Il faut régler ça dans les quarante-huit heures , s’alarme un élu du personnel. On ne peut pas laisser traîner cette situation. Minc doit céder. Comme Colombani, qui a fini par admettre, lui aussi, qu’il ne pouvait pas passer outre les statuts.»  Claude Perdriel avait en effet tenté de maintenir Jean-Marie Colombani à son poste en dépit du vote contraire des journalistes du ­Monde . «Colombani, Minc, Perdriel : tous ces grands bonshommes ont quand même une drôle de conception de la démocratie et du respect du droit»   conclut un représentant des actionnaires internes.


29/06/2007
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