Grandes écoles de gestion : 7.000 à 12.000 euros par an
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2 articles sur le meme sujet - les droits d'inscription de l'université de Paris Dauphine, et les droits déjà élevé pour les ecoles de commerce.En France, les études supérieures à prix élevés existent depuis longtemps et se généralisent.
Les ecoles de commerce (HEC, ESSEC, Sup de Co ...) sont déjà chères depuis 30 ans. Il suffisait d'aller voir le parking des éleves d'HEC en 1980 pour se rendre compte que le renouvellement des classes sociales était déjà en place : quelques Porsches, beucoup de golf GTI à l'époque - mais on n'en parlait pas parce que cela ne concernait qu'une petite partie des élèves.
Si l'autonomie des universités a pour conséquence de généraliser les frais de scolarité élevés, la poudre aux yeux des quotas d'élèves boursiers dans les grandes écoles se revelera comme un paravent de communication politique devant une situation qui se dégradera pour la majorité.
Dauphine augmente ses frais de scolarité
http://www.lesechos.fr/journal20100202/lec1_france/020342839125.htmL'université parisienne a décidé hier soir de fixer jusqu'à 4.000 euros par an les droits d'inscription pour une vingtaine de ses masters, contre 231 euros actuellement. Une mesure qui suscite l‘ire de l'Unef, au moment où le gouvernement met la pression sur les grandes écoles pour qu'elles se démocratisent.
Augmenter les droits d'inscription : beaucoup de responsables universitaires en ont rêvé, ceux de Dauphine s'apprêtent à le faire. La présidence de l'université parisienne a en effet fait adopter hier soir par son conseil d'administration un projet visant à porter leur montant à 4.000 euros par an au maximum (au lieu de 231 euros actuellement) pour une vingtaine de masters de gestion et d'économie internationale, sur un total d'environ 80. Un changement que lui permet son statut de « grand établissement ». Ces cursus, qui offrent de très bons débouchés, deviennent des « masters Dauphine » dérogeant aux règles nationales en matière de droits d'inscription. Quelque 1.400 étudiants seront concernés, sur un effectif global d'environ 9.000.
Soucieux de désamorcer les éventuelles critiques, les responsables de l'université avaient prévu plusieurs aménagements. Les boursiers d'Etat (environ 15 % de l'effectif) seront totalement exonérés de droits, de même que les handicapés. Des dégrèvements par tranches sont également prévus en fonction des revenus familiaux : les étudiants dont le foyer fiscal ne déclare pas plus de 40.000 euros ne paieront pas plus de 1.500 euros. Quatre autres tranches sont prévues, en deçà de 80.000 euros déclarés. Ce n'est pas tout : avoir un frère ou une soeur qui suit des études supérieures donnera droit à un abattement supplémentaire de 500 euros. Idem pour un logement situé hors de l'Ile-de-France.
Sujet sensible
« C'est un dispositif modéré, souple et simple », plaide Laurent Batsch, le président de Dauphine. Le projet a été adopté par 33 voix contre 20. Il entrera en vigueur dès la rentrée prochaine, les étudiants entrant en master bénéficiant cependant d'un sursis d'un an. L'Unef, le principal syndicat étudiant, a demandé à Valérie Pécresse d' « empêcher » cette hausse. Avec peu de chances d'être entendu. Certes, la ministre de l'Enseignement supérieur a déjà « retoqué » une précédente tentative de hausse des frais d'inscription en 2008. Mais il s'agissait alors de diplômes de licence. Cette fois, il s'agit de diplômes de « grand établissement », pour lesquels Dauphine a toute latitude, fait-on valoir rue Descartes.
Reste que le sujet est très sensible politiquement. La mesure intervient quelques jours seulement après la polémique sur la démocratisation des grandes écoles. Lors de ses voeux aux enseignants et chercheurs, le mois dernier, Nicolas Sarkozy avait exigé des grandes écoles qu'elles se montrent moins élitistes en accueillant au moins 30 % de boursiers. Et Valérie Pécresse signera ce matin avec les grandes écoles une charte de la diversité.
Avec cette réforme, qui pourrait lui rapporter 3 à 4 millions d'euros par an, Dauphine entend surtout « diversifier » ses ressources pour conforter sa position de rivale des grandes écoles, dans l'Hexagone, et surtout s'imposer parmi les meilleures à l'international. Dotation de l'Etat, mais aussi formation continue, contrats de recherche, chaires d'entreprise, fondation (elle sera annoncée bientôt) et maintenant hausse des droits : Laurent Batsch veut faire feu de tout bois.
Bon placement des diplômés
Dans ce contexte, l'obtention récente du label européen Equis - une première pour une université de l'Hexagone -est un atout important. De même que les très bons résultats obtenus par l'université en matière de placement de ses diplômés : 92 % sont en poste 24 mois après leur sortie. Le rapport rendu la semaine dernière par Philippe Aghion sur la compétitivité internationale des universités conforte d'ailleurs, aux yeux du président, son positionnement. « L'ambition d'une université sélective, professionnalisante, avec une forte composante de masters et de doctorats, tout cela correspond parfaitement à notre démarche », se félicite Laurent Batsch.
Les « business schools » pratiquent en général des tarifs bien supérieurs à ceux que va instaurer Dauphine pour ses masters de gestion.
Même à 3.500 euros par an, les masters de gestion de Dauphine afficheront encore des frais de scolarité bien inférieurs à ceux pratiqués par la plupart des grandes écoles de gestion. En général, le montant demandé par celles-ci varie en effet entre 7.000 et 12.000 euros par an -avec, il est vrai, de nombreuses possibilités de bourses et d'allégements.
A HEC, le tarif « nominal » est ainsi de 8.500 euros en première année et de 12.600 euros pour les deux suivantes - soit 33.700 euros pour l'ensemble du cursus. Barème équivalent à l'Essec : 8.700 euros en première année, 12.000 et 10.500 ensuite. En revanche, Audencia Nantes se contente de facturer son cursus 8.000 euros par an ; Grenoble EM, 8.240 euros en première année, 8.805 pour les deux suivantes, soit 25.850 euros en tout. Il faut compter 7.700 euros par an à l'Escem, 7.500 à l'ICN de Nancy, 7.300 à l'ESC Chambéry.
Les cursus de type « bachelor » (niveau bac + 3 ou 4) sont en général à peine moins onéreux : 7.828 euros pour le Cesem de Reims Management School, 7.150 à 7.500 pour l'Epsci (groupe Essec).
Même à Sciences po Paris, le montant « plein tarif » est de 5.300 euros en master - avec des dégrèvements qui peuvent alléger sensiblement la note. Quant aux IAE (instituts d'administration des entreprises), pourtant sous tutelle universitaire, nombre de leurs programmes affichent des tarifs supérieurs au barème « normal » des universités.
Cursus d'ingénieurs moins chers
Sans aller jusqu'à se comparer avec les tarifs pratiqués par les grands MBA. A l'Insead, le MBA « full time » coûte 51.000 euros et l'Executive MBA grimpe à 90.000 euros. A HEC, le MBA « full time » vaut 42.000 euros, le « part time », 45.000. Même le MBA de Dauphine, qui fête sa dixième année, est facturé… 28.000 euros. Le record en la matière étant détenu par le très élitiste Trium MBA, proposé par HEC, la London School of Economics et la Stern University de New York : 93.100 euros. Des cursus qui, il est vrai, sont généralement financés par les entreprises.
Quant aux écoles d'ingénieurs, leurs droits d'inscription se maintiennent à un niveau plus modique : 550 euros pour les Ecoles centrales (Paris, Nantes, Lyon, Marseille, Lille), 800 aux Mines-ParisTech, 1.000 à Agro-ParisTech, 1.100 à Télécom-ParisTech, 1.640 à Supélec… En revanche, certaines écoles d'ingénieurs privées réclament des droits d'un niveau proche de celui des écoles de gestion.
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