Herve Gaymard et l'insecticide Regent
Tout a commencé par l'affaire du Regent. Au printemps 2004, cet insecticide à base de fipronil une molécule toxique qui menace les abeilles et la santé humaine , est interdit sous la pression des apiculteurs, lesquels s'étaient déjà mobilisés entre 1997 et 1999 contre un autre pesticide suspect, le Gaucho. Fabriqué par Bayer puis par BASF le Regent était utilisé pour enrober les semences, et n'avait obtenu qu'une autorisation provisoire de vente. Au moment de son interdiction, cet insecticide est quand même resté sur le marché : le ministre de l'Agriculture de l'époque, _*Hervé Gaymard*_, a autorisé l'écoulement des stocks de semences déjà traitées au Regent. Une décision incohérente aux yeux des paysans qui, le 5 avril, mènent une action /«symbolique»/ en se rendant dans un entrepôt de la société RAGT (production de semences) à Rodez pour /«soustraire du marché des semences de tournesol enrobées de Régent et en déposer la moitié à la préfecture, l'autre moitié au commissariat»/, raconte Joël Blanc, apiculteur et l'un des trois prévenus. Pourtant, RAGT ne porte pas plainte et /«le procureur de Montpellier avait admis de ne pas poursuivre»/, rappelle Me Roux, avocat de la «Conf» depuis des années avec Me Etelin.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=387725
Commentaires:
Au ministère de l'agriculture, la priorité d'Herve Gaymard n'etait pas les paysans, mais bien les intérêts des grands groupes industriels. Les electeurs paysans de tarentaise devraient s'en rendre compte avant de voter
============= AUTRE ARTICLE ==========================
Seize militants de la Confédération paysanne en procès à Montpellier
Mardi,
s'est tenu le procès en appel de seize militants du syndicat paysan et
de son ancien porte-parole, Jean-Emile Sanchez, dans trois affaires
distinctes • Ce fut l'occasion pour les accusés de transformer
l'audience en véritable débat de société •
par Carole Rap
LIBERATION.FR : jeudi 08 juin 2006 - 09:25
Le sang contaminé, l'amiante, la loi pour l'avortement... Autant de parallèles qui ont fait vibrer la cour d'appel de Montpellier mardi, par la voix des trois avocats, Me Khaddam, Roux et Etelin, chargés de défendre la Confédération paysanne et seize de ses militants. Ceux-ci comparaissaient dans le cadre de trois affaires distinctes : celle du « Régent », l'insecticide tueur d'abeilles; celle du « lait » dans laquelle le groupe Lactalis, premier collecteur de lait en France, s'était porté partie civile; celle concernant le syndicat paysan et son ancien porte-parole, Jean-Emile Sanchez, cité directement par Lactalis pour menaces.
Sous
les yeux du président, Jean-Louis Thiollet, faussement candide,
l'audience a vite viré au débat de société, Me Khaddam tendant
même à l'avocat général un livre intitulé « Alertes Santé ».
Quand, le 5 avril 2004, des apiculteurs étaient allés
soustraire 40 sacs de semences traitées au Régent à la RAGT,
société productrice de semences, à Rodez, ce n'était pas pour les
utiliser, car la toxicité du produit était reconnue. Le ministre de
l'Agriculture de l'époque, Hervé Gaymard, venait justement d'en
interdire la production, au grand desarroi des apiculteurs dont les
abeilles
mourraient par milliers, mais avait autorisé l'ecoulement des stocks.
« Le fipronil (la molécule contenue dans le Régent, NdlR) est un
neurotoxique qui s'attaque directement au système nerveux
central », expliqua à la barre un spécialiste du CNRS sur les
insecticides. « Le ministre avait parfaitement connaissance de la
dangerosité du produit. Et vous voulez qu'ils (les apiculteurs)
attendent chez eux à ne rien faire ? », s'interrogeait Me
Khaddam. Me Roux, quant à lui, invoquait l'état de nécessité, notion
née avec l'abbé Pierre et l'occupation de logements vides lors de
l'hiver 1956, pour demander la relaxe.
Une sorte de répétition générale avant le grand procès du Régent, prévu à Saint-Gaudens en 2007, et dans lequel les PDG de Bayer et de BASF (producteurs successifs de l'insecticide) sont mis en examen, la Confédération paysanne ayant, pour sa part, déposé plainte contre l'ancien ministre Hervé Gaymard.
Deuxième débat, où s'était invitée la mondialisation, à propos de l'affaire du « lait ». Le 17 novembre 2004, une quarantaine de paysans pénétraient dans une filiale du groupe Lactalis, (6,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2005) et emportaient lait et fromages pour les distribuer dans un quartier populaire de Rodez. Ils protestaient contre la chute des prix depuis cinq ans. Le préjudice estimé à 2 027 euros pour Lactalis, est à comparer avec les 3 200 euros que les producteurs perdent, en moyenne, chaque année, conséquence de la baisse des prix non compensée par les aides directes. « Vous êtes nombreux. Qu'est-ce qui vous empêche de constituer une coopérative ? », interrogeait le président. « D'abord il faut des fonds. Et puis il n'y a plus de concurrence car deux ou trois grands groupes ont la mainmise sur la production agricole », répondit un producteur. On nous dit : ou vous acceptez nos conditions, ou on fait produire ailleurs. » « C'est ca la mondialisation ! Quand tous les canaux de la démocratie se bouchent un à un, alors on en arrive a ce type d'actions », renchérit Jean-Emile Sanchez.
Troisième
débat. Autour de la liberté d'expression. L'ancien porte-parole et
ténor de la Confédération paysanne, Jean-Emile Sanchez, risque la
prison pour avoir menacé le groupe Lactalis de faire bloquer ses
camions s'il ne retirait pas sa constitution de partie civile dans
l'affaire du lait. Me Roux réclama la relaxe au nom de la liberté
syndicale. C'est alors que Me Etelin sortit sa botte secrète en
expliquant qu'un ancien dirigeant de Lactalis venait d'être condamné à
six mois de prison avec sursis pour falsification de denrées au
détriment des producteurs de lait, procès dans lequel la Confédération
paysanne s'était portée partie civile. Ceci pouvant expliquer
l'acharnement dont elle fait l'objet aujourd'hui.
« Vol,
violence relative, terrorisme intellectuel ». Plus prosaïque,
l'avocat général, Michel Legrand, a requis trois mois de prison avec
sursis et 1 000 euros d'amende pour tous, et huit mois ferme
pour Jean-Emile Sanchez. En première instance, ils avaient été
condamnés à des peines d'amende avec sursis, mais le parquet avait fait
appel. Décision le 18 juillet.
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