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La page du charbon n'est pas tournée

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Si on retrouve une alternative au pétrole grâce au charbon, ce n'est pas une bonne nouvelle pour le CO2 et le rechauffement climatique.
A partir de 100$ le baril, de nombrex sites redeviennent rentables, des techniques de liquéfaction du charbon sont envisageables - ce qui reviendrait à repartir pour 200 ans de pollution par les energies fossiles

Déjà, avec les shistes bitumineux maintenant rentables d'alberta, le canada s'est retiré des accords de Kyoto et augmentera ses emissions de CO2 de 5% au lieu de les faire baisser.

La page du charbon n'est pas tournée

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3404,36-884755@51-666777,0.html

La houille est la première matière des échanges modernes", écrivait en 1922 le géographe Fernand Maurette. On était alors au coeur de la révolution industrielle dont, depuis un siècle, le charbon était le moteur essentiel. On pourrait imaginer qu'en 2007 la page du charbon soit définitivement tournée. C'est loin d'être le cas : jamais le monde n'en a autant produit, jamais il n'en a autant échangé sur des minéraliers géants.


Le charbon est connu depuis l'Antiquité. Les traces les plus anciennes de son exploitation remontent au Xe siècle en Angleterre, en Autriche et en Belgique. On parle alors de "charbon de terre" par opposition au charbon de bois fabriqué par les "charbonniers" dans les forêts. A partir du XIVe siècle le charbon commence à être utilisé comme combustible et au XVIe siècle se crée à Londres un "Coal Exchange" géré par les marchands de charbon de Newcastle. Mais le vrai décollage date de la fin du XVIIIe siècle, avec la machine à vapeur, le coke pour les hauts fourneaux et la production de "gaz de ville" pour l'éclairage.

En 1800, le monde produit 10 à 15 millions de tonnes de charbon pour l'essentiel au Royaume-Uni, surtout dans le Northumberland et le Pays de Galles. En 1900, l'historien André Siegfried décrivait la Grande-Bretagne comme un "bloc de charbon" ! En 1865, la production britannique est de 100 millions de tonnes, alors que celle de l'Allemagne n'est que de 20 millions !

LES ÉTATS-UNIS DÉTRÔNENT LA GRANDE-BRETAGNE

A la veille de la première guerre mondiale, la production de charbon est de l'ordre du milliard de tonnes : le Royaume-Uni y contribue encore pour plus du quart mais est dépassé par les Etats-Unis (550 millions de tonnes). Le reste de la production se situe en Allemagne, en France, en Belgique et en Russie avec le développement du gisement du Donbass. Le Royaume-Uni est de loin le premier exportateur mondial, y compris vers l'Asie : il est essentiel en effet de disposer partout des charbons de soute nécessaires aux échanges maritimes. Après la première guerre mondiale, les Etats-Unis prennent la place du Royaume-Uni comme premier exportateur mondial : la rade de Hampton Roads en Virginie devient le poumon du marché mondial du charbon.

Dans les années 1950, le charbon connaît un peu partout une sorte d'apogée : il est dans tous les pays européens à la base de l'expansion industrielle de l'après-guerre. Avec la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) en 1952, le charbon est au coeur de la construction communautaire. En 1960, le charbon emploie 230 000 mineurs en France et représente 4 % de l'industrie nationale. Mais c'est à l'Est que le charbon trouve sa place dans l'idéal de l'industrialisation soviétique : Stakhanov est un mineur et avec des milliers de "héros" comme lui, l'URSS produit 450 millions de tonnes en 1967, déjà dépassée cependant par la Chine, qui, à la veille de la révolution culturelle, en est à 650 millions de tonnes.

UN DÉCLIN CONTRASTÉ

La fin des "trente glorieuses" marque le début du déclin du charbon : en 1967 la consommation mondiale de pétrole dépasse celle de charbon. Les vieilles mines de fond disparaissent les unes après les autres. Au Royaume-Uni, Margaret Thatcher fait un "exemple" et brise la grande grève des mineurs menée par Arthur Scargill. Après deux siècles d'exploitation, la civilisation du charbon disparaît de l'Europe occidentale, laissant des villes mortes et des corons abandonnés. En Russie, en Ukraine, la fin du communisme sonne aussi le glas de l'épopée charbonnière.

Mais au niveau mondial, la production de charbon continue à augmenter et passe le cap des 5 milliards de tonnes en 2003 : il faut alors compter sur les grandes mines à ciel ouvert des Etats-Unis, d'Australie, d'Afrique du Sud, d'Indonésie ou de Colombie. Mais sur 5,8 milliards de tonnes produites en 2005, 2,5 milliards proviennent de Chine, dont les milliers de mines battent année après année des records de production et de mortalité de mineurs. Le charbon y joue le même rôle que dans le Royaume-Uni du XIXe siècle : il nourrit l'insatiable appétit des hauts fourneaux, qui produisent le tiers de l'acier mondial ; il est à la base de la production d'électricité, et les Chinois fondent de grandes espérances sur des procédés de liquéfaction pour l'instant encore bien polluants.

IMPACT ÉCOLOGIQUE

Le monde dispose de plus de deux siècles de réserves de charbon. Malgré les engagements pris à Kyoto, la dépendance vis-à-vis du charbon demeure très importante en Chine, mais aussi en Inde et encore aux Etats-Unis : l'Asie importe du "charbon-vapeur" pour ses centrales électriques (tout comme l'Europe) ; la sidérurgie nourrit ses hauts fourneaux de charbon à coke.

Aujourd'hui, sur les marchés mondiaux, les prix des charbons sont à peu près deux fois plus élevés qu'il y a cinq ans. En France on se prend même à rêver à la réouverture de mines, allant jusqu'à évoquer le "charbon propre". Fin du pétrole, renaissance du charbon ? Peut-être, mais saura-t-on en limiter les coûts environnementaux ?




28/03/2007
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