Le bouclier de la IIe Guerre froide
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Inefficace, provocateur, diviseur en Europe - comme si il y en avait besoin, inutile pour les USA puisqu'aucun état "voyou" ne sait envoyer des missiles à plus de 1500 km, voilà les qualités de ce bouclier.Bush est vraiment un pyromane
Le bouclier de la IIe Guerre froide
http://www.letemps.ch/template/tempsFort.asp?page=3&contenuPage=&article=203636&quickbar=Les Etats-Unis relancent leur parapluie stratégique capable de détruire en vol toute fusée nucléaire ennemie. Washington prétend désormais se protéger contre les «Etats voyous». La Russie est échaudée, l'Europe divisée.
Les Etats-Unis avaient «oublié» leur vieil ennemi. Préoccupés ailleurs, obnubilés par les menaces terroristes et la guerre d'Irak, ils avaient cru l'ours russe définitivement endormi. Mais depuis quelques semaines, les responsables américains font amende honorable. Surpris dans un premier temps par la virulence des attaques, ils reconnaissent aujourd'hui ne pas avoir suffisamment pris en compte les craintes de Moscou.
L'objet de la querelle, c'est le bouclier antimissile, ce vieux projet dont rêvent les Américains depuis des décennies, et qu'ils ont relancé officiellement il y a cinq ans. Il consiste à créer un parapluie stratégique en détruisant en vol toute fusée nucléaire ennemie. Ce dispositif coûte au Pentagone 10 milliards de dollars par année. Il est déjà en place en partie aux Etats-Unis, au Japon et au Groenland, et plusieurs pays y sont associés, dont Israël et l'Australie. Mais si ce système a provoqué la colère russe, c'est parce que Washington entend le compléter très prochainement par l'installation de batteries de missiles «intercepteurs» en Pologne, ainsi que d'un radar en République tchèque.
Pure diversion politique? Sursaut nationaliste prévisible? La Russie, en tout cas, a renoué ces dernières semaines avec le vieux vocabulaire de la Guerre froide. Dans un discours caustique tenu à Munich, le président Vladimir Poutine accusait les Etats-Unis de lancer une «nouvelle course aux armements». Surtout, ses généraux mettaient en garde en annonçant qu'ils allaient diriger des missiles sur les pays de l'est de l'Europe qui abriteraient les installations américaines.
Ce haussement de ton a, à son tour, alarmé les Américains. «Une Guerre froide a été suffisante», lançait le nouveau secrétaire d'Etat à la Défense, Robert Gates, en répondant à Vladimir Poutine. Depuis lors, les officiels américains n'ont qu'une idée en tête: insister à qui mieux mieux sur la nécessité de «renouer un réel dialogue» avec la Russie.
L'essentiel des responsables américains (au premier rang desquels la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice) ont fait leurs classes contre l'ennemi soviétique. Mais, à la suite du 11 septembre 2001, l'administration Bush a fait du bouclier stratégique l'une de ses priorités. Quelques mois plus tard, pour pouvoir mener à bien des essais, les Etats-Unis ont décidé de dénoncer le traité ABM, signé par Washington et Moscou en 1972 afin de limiter les systèmes de missiles antimissiles.
Les Etats-Unis sont formels: le dispositif actuel vise à se défendre face à un futur tir de missile des «Etats voyous», Iran et Corée du Nord en tête, et nullement face à un éventuel danger russe. Mais, désormais, ce ne sont pas seulement les Russes qu'il s'agit de rassurer. Au sein même de l'Europe, l'Allemagne et, dans une moindre mesure, la France ont pris bien soin de montrer leurs réticences après les froncements de sourcils de la Russie. Dépêché pour rassurer les capitales européennes, le général Henry Obering, le directeur de l'Agence antimissile, l'a répété sur tous les tons à Berlin et à Paris: «La Russie a des milliers de têtes nucléaires. Le système que nous mettons en place ne pourra pas contrer cette menace.»
L'objectif de ces nouvelles installations serait bien de se protéger contre d'éventuels missiles iraniens. Dans leur course de 9000 kilomètres visant à atteindre les villes américaines, ils seraient ainsi «interceptés» lorsqu'ils traversent le continent européen. Le vœu des Américains est de rendre ce système entièrement opérationnel d'ici à 2012. Selon eux, il y a «urgence»: même si Téhéran ne dispose pas encore de la technologie nécessaire, le risque de prolifération rend indispensable l'élaboration de plans censés parer le danger.
Le détail du projet reste soumis au secret défense. Mais depuis que cette polémique agite les esprits, l'Amérique a sensiblement modifié son discours. Alors qu'il le présentait dans un premier temps comme une initiative purement américaine, Washington assure aujourd'hui que le système est aussi dessiné pour protéger l'Europe face à une menace venant du Proche-Orient. «Notre intérêt à défendre l'Europe est simple: cela ne nous apporte rien si les Etats-Unis sont invulnérables alors que l'Europe ne l'est pas. La sécurité transnationale est indivisible», expliquait récemment à Varsovie le sous-secrétaire d'Etat américain Daniel Fried.
Les Européens, protégés malgré eux par un parapluie stratégique américain? Au demeurant, «l'invulnérabilité» qu'offrirait ce projet est encore loin d'être démontrée malgré son coût exorbitant. En 2005, une vingtaine de physiciens, dont neuf Prix Nobel, mettaient en question les conditions dans lesquelles avaient été effectués les premiers essais d'interception de missiles et doutaient de l'efficacité de ce système en cas «d'attaque réelle». Les générations antérieures de missiles Patriot n'ont montré que des résultats très relatifs à l'heure de détruire les Scud lancés d'Irak par le régime de Saddam Hussein.
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