Le retour précaire du roi Dollar
COMMENTAIRES
on peut ajouter à cet article, que la reprise américaine donne des gros signes de faiblesse: 2 exemples: le stock de maisons neuves (invendues) augmente depuis 3 mois, les bonnes performances de grandes entreprises comme Caterpillar reposent sur les marchés export alors que le marché intérieur continue à baisserbref, la reprise de 2010 risque d'être très temporaire, et on risque de retomber dans une récession ou une stagnation en 2011, avec en plus une dette énorme accumulée pour essayer de sortir de la crise - qu'on ne pourra pas rembourser sans croissance.
Jolie perspective - les finances privées sont sorties quasi indemnes aux frais du contribuable pour les 10 prochaines années. Entre temps, le pouvoir économique sera vraiment passé en Asie - y compris le pouvoir financier.
Cette crise occidentale marque probablement la fin de la domination économique et politique mondiale des 200 dernières années. Cette domination devait de toute façon prendre fin, mais elle l'aura fait plus rapidement à cause de l'incurie des dirigeants occidentaux des 30 dernieres années - de plus, elle nous laisse en mauvaise santé financière, autant l'Europe que l'Amérique du Nord.
Le retour précaire du roi Dollar
http://www.marianne2.fr/Le-retour-precaire-du-roi-Dollar_a193076.html?preaction=nl&id=2934975&idnl=25965&Alors que la situation financière de l'Amérique est au moins aussi préoccupante que celle de la Grèce ou de l'Espagne, le dollar ne subit aucune attaque sur les marchés financiers. Cherchez l'erreur...
Quel est le pays qui cumule un déficit plus important que celui de la
Grèce (13% contre 10%) une dette qui frôle 100% du PIB contre 115% pour
la Grèce, et un déficit commercial record de 700 milliards de
dollars en 2008 (5% du PIB)?
Les Etats Unis bien sûr. Or, par un paradoxe qui interpelle les économistes soucieux de s’accrocher à toutes forces à la rationalité de ce système, les marchés, comme on dit à la télévision, se sont davantage inquiétés de la dette liliputienne de la Grèce que de ce constat oh combien plus explosif : la première puissance du monde est en quasi-faillite, et rien dans ces perspectives n’indique qu’elle pourra facilement rebondir. Sa monnaie est déjà très dévaluée, son industrie affaiblie et ses classes moyennes fragilisées.
Bref on ne lit aucun élément de rebond sur la « pente » américaine.
Oui mais voilà : sur les places financières, on vend de l’euro, de la livre pour acheter du dollar. Les marchés portent un visage crédule et confiant sur la patrie de Washington et de Kennedy : chacun s’accroche furieusement à l’idée – pas fausse au demeurant - que l’économie américaine rebondit plus facilement que celle de l’Europe ou du Japon. Pourtant, les ressorts semblent grippés. Un calcul économique de coin de table assure qu’avec une dette de 100% du PIB, seule une croissance de 5% permet de se garder de la spirale de l’endettement. Celle des Etats Unis n’excéderait pas 3,2%.
L’indulgence dont bénéficie l’Amérique est aussi politique : les acteurs des marchés qui misent sur le dollar intègrent la dimension politique. Ils captent le pacte tacite entre les Etats-Unis et la Chine. On se souvient qu’à la fin de l’année 2009, les tensions s’étaient multipliées entre les deux pays. L’affaire Google avait reposé le problème de la loyauté des autorités chinoises envers les investissements américains. La sous-évaluation du yuan posait un problème insurmontable aux industriels américains. Et puis, à Copenhague, les deux pays se sont mis d’accord … pour ne pas faire grand chose, comme l’a confirmé le scoop du Spiegel la semaine dernière : en fait Obama est intervenu pour faire cesser les pressions européennes - et notamment de Nicolas Sarkozy - sur les dirigeants chinois. La nouvelle mansuétude américaine vis à vis de la Chine coïncide parfaitement avec la décision de cette dernière de racheter des Bons du trésor américains.
Les marchés apprécient peut-être les Etats Unis comme la partie déficitaire d’un ensemble « ChinAmérique » (le fameux G2), qui serait, lui parfaitement équilibré. Mais l’insolence du dollar n’est donc peut-être que provisoire. C’est ce que pense le financier Marc Fiorentino : « le jour où les investisseurs ôteront leurs lunettes américaines roses en 3D, il faudra courir aux abris et l'euro deviendra ce jour-là une valeur refuge. Ne souriez pas. Vous verrez. Ce n'est qu'une question de mois, voire de semaines... »
Les Etats Unis bien sûr. Or, par un paradoxe qui interpelle les économistes soucieux de s’accrocher à toutes forces à la rationalité de ce système, les marchés, comme on dit à la télévision, se sont davantage inquiétés de la dette liliputienne de la Grèce que de ce constat oh combien plus explosif : la première puissance du monde est en quasi-faillite, et rien dans ces perspectives n’indique qu’elle pourra facilement rebondir. Sa monnaie est déjà très dévaluée, son industrie affaiblie et ses classes moyennes fragilisées.
Bref on ne lit aucun élément de rebond sur la « pente » américaine.
Oui mais voilà : sur les places financières, on vend de l’euro, de la livre pour acheter du dollar. Les marchés portent un visage crédule et confiant sur la patrie de Washington et de Kennedy : chacun s’accroche furieusement à l’idée – pas fausse au demeurant - que l’économie américaine rebondit plus facilement que celle de l’Europe ou du Japon. Pourtant, les ressorts semblent grippés. Un calcul économique de coin de table assure qu’avec une dette de 100% du PIB, seule une croissance de 5% permet de se garder de la spirale de l’endettement. Celle des Etats Unis n’excéderait pas 3,2%.
L’indulgence dont bénéficie l’Amérique est aussi politique : les acteurs des marchés qui misent sur le dollar intègrent la dimension politique. Ils captent le pacte tacite entre les Etats-Unis et la Chine. On se souvient qu’à la fin de l’année 2009, les tensions s’étaient multipliées entre les deux pays. L’affaire Google avait reposé le problème de la loyauté des autorités chinoises envers les investissements américains. La sous-évaluation du yuan posait un problème insurmontable aux industriels américains. Et puis, à Copenhague, les deux pays se sont mis d’accord … pour ne pas faire grand chose, comme l’a confirmé le scoop du Spiegel la semaine dernière : en fait Obama est intervenu pour faire cesser les pressions européennes - et notamment de Nicolas Sarkozy - sur les dirigeants chinois. La nouvelle mansuétude américaine vis à vis de la Chine coïncide parfaitement avec la décision de cette dernière de racheter des Bons du trésor américains.
Les marchés apprécient peut-être les Etats Unis comme la partie déficitaire d’un ensemble « ChinAmérique » (le fameux G2), qui serait, lui parfaitement équilibré. Mais l’insolence du dollar n’est donc peut-être que provisoire. C’est ce que pense le financier Marc Fiorentino : « le jour où les investisseurs ôteront leurs lunettes américaines roses en 3D, il faudra courir aux abris et l'euro deviendra ce jour-là une valeur refuge. Ne souriez pas. Vous verrez. Ce n'est qu'une question de mois, voire de semaines... »
A découvrir aussi
- Le PS et l'UMP face au « mur de l'argent » ?
- Inventaire des tensions et des incertitudes pour 2008
- Le chemin du postcapitalisme
Retour aux articles de la catégorie ECONOMIE -
⨯
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 81 autres membres