Inventaire des tensions et des incertitudes pour 2008
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Avec un déficit commercial enorme et croissant, des errements divers et variés mais répétés (Enron, bulle internet, subprimes), la priorité à la rétribution des actionnaires et des délocalisations plutot que l'investissement long terme - il fallait bien arriver dans le dur (en attendant le mur). L'heure de la facture arrive.L'occident doit une somme enorme aux pays emergeants et pétroliers. Le "modèle" USA encore plus que les autres pays.
Les pays créditeurs viennent faire leur emplettes et achètent les entreprises sur le marché "ouvert" de la bourse. Les fonds dits "souverains", renflouent des grandes banques américaines en prenant des participations significatives, achètent l'acier européen (Arcelor), l'automobile (Jaguar / Rover), dominent le marché du matériel informatique - on parle maintenant de Cap Gemini Ernst & Young numero 1 européen des services informatiques - en attendant la suite.
C'est un juste retour des choses qui fait suite à l'aveuglement court termiste de nombreux secteurs (pas tous heureusement), et que les USA essayent de rattraper avec la fuite en avant de la baisse du dollar.
Coté finance Goldman Sachs échappe à la crise des subprimes et estime probablement plus justement les "dégats" puisque son cours de bourse n'est pas impacté par cette crise.
Les banques centrales injectent des liquidités pour sauver les autres - donc ceux qui ont jouer avec le feu ne seront pas "punis" et pourront continuer à jouer aux apprentis sorciers pour la prochaine bulle.
Inventaire des tensions et des incertitudes pour 2008
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3234,36-996446@51-913073,0.htmlAprès quatre années de croissance mondiale euphorique autour des 5 %, l'heure des dangers est arrivée. Depuis l'été 2007, la déconfiture des subprimes - les prêts immobiliers à risques américains - a ouvert une crise financière dont tous les effets sont loin d'être connus, sur la sphère financière comme sur l'économie réelle. Les économistes espèrent un atterrissage en douceur mais ne peuvent exclure des scénarios plus noirs comme une récession outre-Atlantique, avec des effets en chaîne sur le reste du monde, ou une stagflation, c'est-à-dire une croissance anémiée assortie d'une flambée des prix. "2008, l'année de tous les risques" sera ainsi le thème du colloque organisé le 10 janvier, à 18 heures, à l'université Paris-Dauphine (master.assurance@dauphine.fr). "Si j'ai un mot à attacher à 2008, c'est incertitude", explique Stephen Jen, économiste de Morgan Stanley dans une note publiée mercredi 2 janvier. L'expert parie que l'économie américaine évoluera "sur une trajectoire en forme de U" : un plongeon au premier semestre suivi d'un relèvement dans la seconde partie de l'année. "Mais l'ampleur du chemin baissier est si incertaine que le ralentissement sera susceptible d'invoquer la crainte d'une répétition de la décennie perdue au Japon", ajoute-t-il. Dans les années 1990, l'explosion de la bulle immobilière avait laissé aux établissements de crédits nippons des montagnes de créances douteuses, qui les ont paralysés et entraîné le pays dans la déflation.
DÉSÉQUILIBRES INTERNATIONAUX
La crise révèle la fragilité des innovations financières qui ont permis ces dernières années de nourrir le crédit facile et la bulle immobilière. Elle met le doigt sur les déséquilibres internationaux comme le déficit américain des paiements courants, qui mine le dollar. Après avoir eu des effets désinflationnistes dans les pays développés, l'essor des pays émergents, gourmands en pétrole et en matières premières, provoque des tensions sur les prix et complique l'action des banques centrales pour juguler la crise. Les banques peinent à se prêter entre elles, inquiètes de possibles défauts de paiement. En "titrisant" leurs crédits, elles ont disséminé leurs risques auprès des investisseurs mais aussi entretenu un doute sur les engagements restant à leur charge. D'où ces derniers mois une crise de confiance généralisée. Les banques centrales ont été obligées de jouer les pompiers, multipliant leurs interventions, en décembre, pour fournir aux établissements de crédit des liquidités nécessaires afin de clôturer leurs comptes annuels. Le renchérissement du refinancement bancaire et le gel des marchés de titrisation conduisent les banques, à relever les conditions de crédit à leurs clients. Ce "choc de défiance" atteint la France comme ses partenaires de la zone euro, souligne Mathieu Kaiser, économiste chez BNP Paribas, dans une note publiée en décembre : "L'incertitude entourant les bilans des banques, précise-t-il, a impliqué un renchérissement durable de leur refinancement."
Si ces tensions persistent un peu partout dans le monde, elles pourraient coûter cher à la croissance. Selon une étude de la banque Goldman Sachs du 19 novembre, la facture totale de la crise des subprimes, en tenant compte des effets indirects comme le crédit plus rare et plus cher, pourrait atteindre jusqu'à 2 000 milliards de dollars (1 350 milliards d'euros)... Dans une note de novembre, Keith Wade et Tina Fong, les économistes de la société de gestion Schroders, soulignaient déjà "le danger croissant de voir le resserrement du crédit contaminer des pans entiers de l'économie".
Pour sortir de ce cercle vicieux, il faudra d'abord que le montant exact des pertes soit établi et que ses porteurs soient identifiés. Cette facture pourrait atteindre 400 milliards de dollars, selon une estimation de la Deutsche Bank publiée fin octobre 2007. Les grandes banques internationales ont déjà opéré pour plus de 70 milliards d'euros de dépréciations d'actifs dans leurs comptes, a calculé l'agence Reuters le mercredi 2 janvier. L'opération-vérité n'est donc pas terminée. Elle a en tout cas déjà obligé ces établissements à faire appel à des capitaux frais pour reconstituer leurs fonds propres : les fonds souverains chinois, singapourien ou d'Abu Dhabi - véritables cagnottes publiques dont les réserves de change ont gonflé ces dernières années avec l'envol des exportations de ces pays - ont investi en décembre plusieurs milliards d'euros dans les banques Morgan Stanley, UBS, Merrill Lynch, Citigroup... Pour M. Jen, l'influence de ces fonds souverains devrait s'accroître en 2008 car ils devraient "continuer à être des financiers sans contraintes", les pays pétroliers accumulant 8 milliards de dollars de surplus par semaine et la Chine 7,5 milliards de dollars. Les énormes réserves de liquidités des pays émergents pourraient donc trouver un chemin, qui reste à tracer, pour contribuer au redémarrage du système financier international, à condition que celui-ci retrouve de la clarté et de la lisibilité sur ses propres risques afin de rétablir la confiance.
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