Revue de presse - Savoie

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Le système de retraite anglo-saxon se lézarde à vitesse grand V

COMMENTAIRE de 3 articles ci-dessous:

- pour les grands groupes le système des retraites américain est basé sur des plans de retraite entreprises - que les entreprises n'arrivent plus à gerer. La dette de ces systèmes est de 450 milliards de dollars. De nombreuses faillites laissent les retraités sans ressources (le cas le plus connu est ENRON, mais ce n'est pas le seul - loin de là), d'autres groupes ne disparaissent pas mais sont en reglement judiciaire (chapter 11): Delphi, United Airlines, Delta Airlines et "renegocient" leurs retraites parfois à 1/3 du montant prévu pour eviter la faillite et donc 0% du montant prévu en cas de faillite. General Motors s'approche du chapter 11 en ce moment.

- Les grands groupes basculent leurs plans internes vers les plans 401k: HP, IBM, Verizon . . . sous la responsabilité, le volontariat et sous le risque des retraités. Il n'y a plus de garantie ni de solidarité à l'interieur des groupes, il n'y a qu'un niveau de retraite minimale qui laisse en dessous du seuil de pauvreté (géré par securité sociale que Bush veut demanteler), donc la quasi totalité des retraites bascule sur les fonds de pension, en attendant que ceux-ci craquent car eux aussi seront frappés par la demographie et par les rendements de la bourse - variable dans le temps. les retraités deviennent alors demandeurs de bons rendements des fonds de pension pour assurer leurs retraites et combler le manque de solidarité du système libéral.

- Le système passe de plan de retraites avec un montant de pension garanti par les entreprises (comme IBM) à un plan de retraite "fond de pension", avec cotisation connue, mais montant de pension non garanti. Il y a bien une forte economie entre les 2 plans (ce qui est le but des grands groupes), et elle se fait bien sur le dos des retraités.

- coté dépenses de santé, meme probleme, le système est soit par assurances privées, soit un avantage géré par les entreprises. Mais cet "avantage" est tellement couteux, que les entreprises le lache (toujours sous le chapter 11). A noter que le modèle de santé "libéral" US coute 15% du PIB contre 9.5% en France pour le système, et qu'il est moins efficace en terme de santé publique (accès aux soins pour tous, esperance de vie). on peut donc par cette simple comparaison voir que le système economique recommandé (liberal) est très mauvais par rapport au système économiquement irresponsable qu'est la sécu française.

BILAN: le système de protection social libéral inégalitaire craque économiquement et devient encore plus inegalitaire. Il est economiquement un desastre pour les grands groupes - mais reste un modèle pour les médias, l'UMP, Sarkozy et tous nos chers liberaux intéressés par la privatisation et les profits à faire sur les futurs systèmes privés

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http://www.lexpansion.com/html/4/4015.138851.0.html
Le système des plans d'épargne retraite dans les pays anglo-saxons commence à se lézarder à vitesse grand V. Aujourd'hui, IBM revoit à la baisse sa formule maison. A partir de 2008, le groupe informatique obligera ses salariés à prendre un fonds de pension en actions.

Le système de retraite par capitalisation des pays anglo-saxons se lézarde à vitesse grand V, comme en témoignent ces singuliers ratés qui se succèdent depuis plusieurs mois. De fait, une poignée de multinationales ont été contraintes de changer la donne de leurs plans de retraite. Dernière en date à s'illustrer sur ce front : IBM.

A l'instar de ses compatriotes Verizon, HP ou du britannique Rentokil Initial, pour ne citer que les cas plus récents, le numéro un mondial de l'informatique s'apprête en effet à partir de 2008 à supprimer son plan d'épargne retraite à revenu garanti pour lui substituer un fonds de pension en actions. Techniquement, on passera ainsi d'un système à « prestations définies » à un autre à « cotisations définies ». Autrement dit, dans deux ans, la retraite de l'employé type ne sera plus indexée sur son ancienneté ni sur sa rémunération, mais sur le comportement de son fameux « 401k », le fonds de pension en actions en vigueur outre-Atlantique, dont le nom provient d'une ligne célèbre du code des impôts américain. A charge ensuite pour chacun de le faire fructifier en en surveillant la composition.

« C'est tout un symbole de l'essoufflement du modèle social à l'américaine, ce que l'on a appelé l'entreprise-providence, souligne Catherine Sauviat, économiste à l'Institut de recherches économiques et sociales (IRES). Car IBM a longtemps eu la réputation d'une firme mieux-disante socialement. Or, là, le groupe tranche dans le vif. Il fait désormais reporter l'essentiel du risque sur son salarié, alors même qu'il n'est pas objectivement en grandes difficultés. Une telle initiative peut achever de déculpabiliser un grand nombre de compagnies ».

Sur le papier, cette mesure drastique doit permettre à Big Blue d'économiser de 2,5 à 3 milliards de dollars sur la période 2006/2010. Pourquoi ? « Parce qu'avec un 401k à cotisations définies, l'entreprise n'est plus tenue d'abonder lesdits fonds dans de grandes proportions, rappelle Catherine Sauviat. C'est en effet à l'employé qu'incombe désormais la majeure partie de l'effort, même s'il peut en théorie l'alimenter selon son choix. Sauf que bien souvent, par ignorance ou par lassitude, l'écrasante majorité des salariés optent pour le fonds dédié à l'entreprise. C'est-à-dire qu'ils souscrivent aux actions de leur employeur ! ». Le cataclysme Enron en sera d'ailleurs la dramatique illustration.

Quoi qu'il en soit, au préalable, IBM devra passer dans ses comptes du quatrième trimestre une charge exceptionnelle d'environ 270 millions avant impôts. Et, dans l'immédiat, ses dépenses retraites devraient même continuer d'augmenter de l'ordre de 400 à 500 millions cette année. L'an dernier, le groupe d'Armonk a déjà dû s'acquitter d'une amende de 300 millions pour solder une plainte à l'encontre de son plan d'épargne retraite, jugé discriminant pour ses salariés les plus âgés. « C'était un premier pas vers le 401k, analyse Catherine Sauviat. Un plan intermédiaire de type « cash-balance » qui emprunte aux deux systèmes, entre prestations définies et cotisations définies, mais qui pénalise in fine ceux qui ont beaucoup d'ancienneté, car la variable salaire pèse moins dans le décompte. Or, généralement, les salaires sont plus élevés en fin de carrière ».

Rentokil Initial, le spécialiste britannique de l'hygiène en entreprise et des insecticides, a lui aussi décidé récemment de geler son fonds de retraite classique pour tout le monde et pas uniquement pour ses nouvelles recrues et de le remplacer par un plan d'épargne basé non plus sur le salaire de fin de carrière mais sur le niveau des cotisations. Autant dire une première à la City susceptible de faire des émules. Car selon certaines études récentes, le déficit cumulé des fonds de retraite des groupes du Footsie frôlerait les 60 milliards d'euros ! Dernièrement, la puissante banque HSBC a été obligée d'injecter pas loin d'1,5 milliard d'euros pour renflouer son fonds « maison », pourtant fermé aux nouveaux entrants depuis dix ans.

Guillaume Evin



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http://www.lesechos.fr/journal20060109/lec1_idees/4366355.htm

Né en 1895, embauché par General Motors (GM) en 1926 et parti à la retraite une trentaine d'année plus tard au milieu des années 1950, Ernest Pusey est le vieillissant symbole d'une espèce en voie de disparition : l'insouciant retraité américain. Venu au monde à l'époque où Peugeot produisait ses premières voitures, ce plus que centenaire ayant commencé sa carrière dans l'auto alors que la Ford T était encore l'une des voitures les plus vendues au monde, n'aura certes jamais roulé sur l'or. Mais lui qui aura passé bien plus d'années sur un transat en Floride que derrière une chaîne de montage dans le Michigan n'aura guère eu de souci à se faire pour sa pension mensuelle et la couverture de ses frais de santé. GM aura tout payé, rubis sur l'ongle.

Mais tout a une fin. Aujourd'hui, à l'heure où le Salon de l'automobile de Detroit ouvre ses portes, GM rechigne. Et le numéro un mondial de l'automobile n'est pas un cas isolé. Qu'elles soient prospères ou mal en point, grandes ou petites, issues du secteur privé comme du service public, les entreprises américaines sont entrées dans une phase de rognage progressif des avantages que certains avaient la naïveté de croire acquis. Une page de l'histoire sociale est en train de se tourner. L'âge des prestations garanties a vécu, voici venu le temps des contributions définies.

Plus question pour l'entreprise providence de promettre une couverture sans limite pour l'avenir. Elle s'engage juste aujourd'hui à verser chaque mois une somme précise garantissant un niveau de couverture précis et limité. Les dépenses médicales en « extra » seront à la charge des salariés. Si l'inflation venait à nuire aux retraités, l'entreprise n'aurait aucune responsabilité. Dans un pays où la Sécurité sociale publique ne couvre que les plus pauvres ou les plus vieux (Medicaid et Medicare) et où la retraite nationale par répartition n'assure qu'un minimum permettant de survivre, les entreprises ne veulent plus jouer le rôle d'Etat bis. Jusqu'au début du siècle, travailler pour un grand nom du capitalisme américain était souvent une sorte d'assurance sur l'avenir permettant de rêver d'une retraite confortable. Cela n'est plus le cas. Selon le cabinet d'études Watson Wyatt, seul un tiers des salariés disposant d'une retraite complémentaire sont encore couverts par un plan garantissant des prestations, contre deux tiers des salariés en 1979.



Avant Noël, Verizon, le numéro un américain des télécoms, prévenait ses cadres que le montant mensuel des retraites qu'il verserait à ses employés serait désormais gelé. En fin de semaine dernière, le tout-puissant et très profitable IBM annonçait également que, d'ici à 2008, il renoncerait à son système de retraites de type « prestation garantie » pour passer à un régime de contribution définie « aux coûts plus prévisibles ». Et si le personnel du métro de New York a réussi à obtenir après trois jours de grève à la veille de Noël que l'âge de la retraite pour les nouvelles recrues ne soit pas repoussé de 55 à 62 ans, il a dû accepter en contrepartie une hausse de 1,5 % des prélèvements sur son salaire pour couvrir les frais médicaux.

Inquiet pour la pérennité du système de retraites public, le président George W. Bush rêvait de privatiser la « Social Security ». Face à l'hostilité des électeurs, les élus américains ont préféré enterrer ce projet. Plus soumises à la pression de la Bourse qu'à celle des électeurs, les entreprises américaines ne s'embarrassent pas de telles considérations politiques. Elles mettent leurs employés au pied du mur. Fini la mutualisation au sein de l'entreprise : la sécurité sociale de chacun sera de plus en plus privée. Cinq ans après l'explosion de la bulle Internet et le retournement de la Bourse, ce transfert du risque inquiète les Américains, néanmoins partiellement résignés face à cette tendance de fond. Non seulement ils ne sont qu'un peu plus de 55 % des salariés du privé à disposer d'une mutuelle d'entreprise mais en prime, depuis le début du siècle, les trois quarts des entreprises disposant d'une mutuelle maison ont exigé que leurs salariés cotisent davantage pour être souvent moins bien couverts.

Si les entreprises privées comme publiques ont de plus en plus de mal à faire face à leurs engagements, c'est en partie pour des raisons qui leur échappent. Les dépenses de santé (près de 15 % du produit intérieur brut américain) continuent de progresser à deux chiffres. Même dans ce pays bénéficiant d'une population jeune et de tendances démogra- phiques bien plus favorables que les autres pays développés, le vieillissement de la population complique encore la tâche. Rien que sur les vingt prochaines années, le groupe des plus de 65 ans devrait croître quatre fois plus vite que le reste de la population !

Mais la démographie n'est pas la seule coupable. Pour acheter la paix sociale dans les années 1970, les entreprises ont en effet préféré revaloriser le montant des prestations sociales que d'accorder des hausses de salaires immédiates. Trente ans plus tard, les salariés ont vieilli, l'addition ne cesse de monter et les entreprises les plus fragiles qui n'ont pas su s'adapter au changement du paysage concurrentiel sont prises en sandwich entre des engagements intenables et des recettes déclinantes. Les plus-values boursières des fonds de pension maison ayant en partie fondues depuis le début du siècle, le trou dans ces caisses des retraites privées serait au total supérieur à 450 milliards de dollars. Pour les sociétés les plus faibles, le salut passe par une faillite (Chapitre 11) leur permettant de s'affranchir de toutes leurs promesses sociales. La sidérurgie avant-hier, l'aérien hier et une partie de l'automobile aujourd'hui ont fait ce choix.

La remise en cause des avantages longtemps considérés comme acquis ne suffira cependant pas à sauver tous les acteurs mal en point du capitalisme américain. Economiser 1 milliard de dollars par an sur les frais de santé ne sera pas en soit suffisant pour faire retrouver la route des profits à un GM qui a perdu plus de 4,8 milliards de dollars aux Etats-Unis sur les neuf premiers mois de l'année 2005. Pour renouer avec les profits, GM doit certes réduire ses coûts mais il doit aussi retrouver le chemin de la croissance en étant capable de mettre sur le marché des voitures susceptibles de plaire au public américain. Ernest Pusey roule bien sûr en GM mais il n'a pas changé de voiture depuis le siècle dernier.


Les grandes entreprises américaines modifient le système de financement des retraites de leurs salariés

Aux Etats-Unis, la disparition des fonds de pension garantis et payés par les entreprises s'accélère. En déposant leur bilan à la fin de l'année 2005 et en se mettant sous la protection de la loi sur les faillites, l'équipementier automobile Delphi ainsi que les compagnies aériennes Delta et Northwest ont abandonné une partie de leurs obligations vis-à-vis de leurs salariés, actuels et anciens.

Vendredi 6 janvier, le constructeur informatique IBM a également annoncé qu'il allait geler son système de retraite à "prestations définies" et contraindre ses 125 000 employés aux Etats-Unis à adopter un plan à "cotisations définies".

Il existe deux catégories de fonds de pension aux Etats-Unis. Les plus anciens sont dits "garantis". Leurs titulaires bénéficient d'une pension mensuelle fixe, dont le versement est assuré par leur entreprise.

Plus récents, les plans d'épargne retraite 401 (k) — du nom du paragraphe du code des impôts — se sont beaucoup développés dans les années 1990. Ils représentent un capital investi sur les marchés boursiers avec un abondement de l'entreprise et des avantages fiscaux. Ils permettent de profiter des plus-values boursières. Revers de la médaille : le risque est assuré par l'épargnant.

IBM se plaint, depuis plusieurs années, que son fonds de pension garanti soit coûteux et représente un handicap par rapport à ses concurrents. "Nous sommes une des rares sociétés dans notre secteur à avoir un fonds de pension à l'ancienne et le changement nous donnera un meilleur contrôle de nos coûts et une plus grande capacité à les prévoir, explique Randy MacDonald, vice-président d'IBM, responsable des ressources humaines. Au final, cela donnera une plus grande sécurité sur leurs emplois à nos salariés car nous serons plus compétitifs."  Le changement pourrait permettre d'économiser 2,5 à 3 milliards de dollars (2,48 milliards d'euros) d'ici à 2010.

"NIVELLEMENT SOCIAL PAR LE BAS"

IBM n'est pas la seule grande entreprise américaine à renoncer à ses engagements en matière de retraite. Le 5 décembre 2005, Verizon, deuxième compagnie téléphonique américaine, a gelé son fonds de pension pour 50 000 cadres.

Il existe 30 000 fonds "garantis" aux Etats-Unis, dont 44 millions de retraités et futurs retraités du privé bénéficient, essentiellement dans l'automobile, le transport aérien, la sidérurgie, le pétrole, la pharmacie, les télécommunications. Les chèques qu'ils reçoivent représentent 124 milliards de dollars par an.

Mais le nombre de société offrant ses garanties ne cesse de diminuer. Il est tombé de 112 000 au milieu des années 1980 à 30 000 aujourd'hui et plus de 7,5 millions de personnes ont vu leurs pensions fixes disparaître. La plupart des sociétés récentes n'offrent que des systèmes d'épargne boursière 401 (k).

Cela fait plusieurs années qu'IBM fait ouvrir des plans de retraite à cotisations définies à ses employés. A partir de 2008, ils seront tous contraints de le faire. Selon les calculs du groupe, les prestations de retraite de ses employés — s'ils arrêtent de travailler à 58 ans — devraient baisser en moyenne de 12 %, compte tenu d'une hausse des salaires annuelle de l'ordre de 3 %. Parallèlement, IBM devrait augmenter sa contribution au fonds de pension boursier. La société abondera l'épargne des salariés jusqu'à 10 % de leur salaire annuel.

"Il s'agit encore d'une entreprise qui revient sur ses engagements et ses promesses", souligne John Hotz, directeur adjoint du Centre pour les droits à la retraite de Washington. M. Hotz se montre d'autant plus amer qu'IBM ou Verizon sont des groupes solides dont les fonds de pension étaient bien financés et qu'ils donnent un exemple que de nombreux autres groupes seront tentés de suivre.

Evoquant un "nivellement social par le bas", M. Hotz considère que des millions de salariés "n'auront pas assez d'argent pour vivre quand ils seront trop âgés pour continuer à travailler".

Eric Leser
Article paru dans l'édition du 10.01.06



10/01/2006
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