Le système fiscal français avantage les détenteurs de patrimoine
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Remarquable analyse qui détaille:
- que la valeur travail est moins récompensée que la valeur rente, puisqu'elle est plus taxée pour les revenus à partir des classes moyennes
- que le taux de prélèvement baisse quand on atteint les très hauts revenus, et qu'il ne monte pas quand on a atteint les top 10%
- que la situation s'est nettement dégradée depuis 10 ans de droite et surtout 5 ans de Sarko
on s'en doutait, mais avec les chiffres, c'est plus clair et plus net.
NOTES:
- les outils de defiscalisation aident les très hauts revenus à échapper à l'impots,
- le syndrôme de l'ile de ré existe malgré tout: un patrimoine élevé avec un revenu bas paye des impots au delà du raisonnable, et les hauts revenus utilisent le vrai problème de l'ile de ré pour obtenir des exonérations qui ne sont pas justifiées au delà d'un certain seuil
La refonte et simplification du système fiscal est un enjeu majeur, si on ajoute qu'une GRANDE partie de la dette accumulée depuis 10 ans (surtout 5) est liée aux allègements d'impots des plus fortunés, on voit bien que les inégalités fiscales sont un point clé qui donnent bien une marge de manoeuvre si on a le courage d'affronter les puissants - qui pour certains partiront, ou obtiendront des dérogations indues comme les sportifs et les artistes.
Du coté des entreprises, c'est la meme chose, les plus grandes payent le moins d'impot (8% en moyenne pour le CAC 4, par exemple total 1 milliards sur 12 de profits), contrairement aux PME qui sont à 33% (ce qui ferait 3 milliards de plus chez TOTAL)
Le système fiscal français avantage les détenteurs de patrimoine
http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/04/03/le-systeme-fiscal-francais-avantage-les-detenteurs-de-patrimoine_1679533_1471069.html
Plus encore que "le président des riches", Nicolas Sarkozy a été celui des rentiers. Ses réformes ont fortement réduit la pression fiscale sur les patrimoines déjà constitués ou hérités, et elles limitent la capacité des contribuables aisés qui ne possèdent pas encore de patrimoine important, à s'en constituer un. Tel est l'un des enseignements majeurs du rapport de l'Institut des politiques publiques (IPP) consacré à quinze années de fiscalité et de redistribution en France, de 1997 à 2012 (PDF).
Présenté lundi 2 avril, ce document établit que la régressivité de la fiscalité française, "pas nouvelle", s'est accrue avec le retour de la droite au pouvoir. "Entre2002 et 2012, alors que le taux de prélèvements obligatoires, en pourcentage du revenu national, baissait de 0,6 point pour l'ensemble de la population, les 1 % des plus hauts revenus ont vu leur taux d'imposition baisser de 3,6 points", écrivent Antoine Bozio, Roy Dauvergne, Brice Fabre, Jonathan Goupille et Olivier Meslin.
Chercheurs à l'Ecole d'économie de Paris et au Centre de recherche en économie et statistique (Crest) - les deux institutions qui ont lancé l'IPP en septembre 2011 -, ils ont utilisé et enrichi le modèle de micro-simulation développé par les économistes Camille Landais, Thomas Piketty et Emmanuel Saez (site Internet).
DES EFFETS D'ASSIETTE
La fiscalité française, rappellent-ils, est à la fois élevée et peu progressive pour l'ensemble des actifs, en raison de l'importance des cotisations sociales, des taxes indirectes et des prélèvements sociaux proportionnels au revenu, en particulier la contribution sociale généralisée (CSG). Dans la partie haute de la distribution des revenus, elle devient même régressive - plus on est riche, moins on paie en proportion de ses revenus -, comme l'avaient montré des députés de tous bords, en 2008, dans un rapport sur les niches fiscales.
Aux yeux de l'IPP, toutefois, cette régressivité s'explique essentiellement par des effets d'assiette. Si l'on prend les 0,1 % les plus riches, une partie importante de leurs revenus, constitués de plus-values et de revenus soumis au prélèvement libératoire, échappe au barème de l'impôt. Plus d'un tiers des revenus de ces mêmes contribuables est composé de dividendes ; or, plus de 70 % des dividendes versés aux ménages échappent à l'impôt.
Si l'on additionne aux dividendes non imposés les revenus financiers non distribués, on trouve ainsi que plus de 50 % des revenus des 0,1 % les plus riches ne sont pas taxés. En revanche, 90 % des revenus du travail, qui forment une assiette à la fois large et stable dans le temps, sont taxés.
GAGNANTS ET PERDANTS
La régressivité de la fiscalité française s'est accrue, principalement, pendant le quinquennat chiraquien de 2002 à 2007, avec la diminution des tranches marginales de l'impôt sur le revenu et le bouclier fiscal. Les années 2007-2012, plus contradictoires, ont vu un alourdissement de l'imposition des revenus en fin de période et un allégement de la fiscalité du patrimoine.
Les gagnants du quinquennat sarkozyste sont avant tout les contribuables ayant de hauts patrimoines mais de faibles revenus d'activité, qu'ils soient rentiers ou qu'ils aient constitué leurs patrimoines. Les perdants relatifs sont les contribuables ayant de faibles patrimoines, mais de hauts revenus.
L'étude montre aussi que, avec les baisses d'impôt de Laurent Fabius en fin de période, les années Jospin, de 1997 à 2002, ont été marquées par la diminution des prélèvements obligatoires pour les plus modestes, liée à la réduction des cotisations sociales et à la baisse de la TVA.
Parmi les travaux de l'IPP, présentés lundi, figure aussi une étude de Pierre Cahuc et Stéphane Carcillo sur la défiscalisation des heures supplémentaires. Elle révèle que cette disposition, d'un coût annuel de 4,5 milliards d'euros pour l'Etat, a accru les déclarations d'heures supplémentaires sans allonger la durée effective de travail (PDF).
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