Revue de presse - Savoie

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Le débat sur la fiscalité témoigne de la difficulté à définir qui sont les "riches" en France

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La richesse est bien à la fois celle du patrimoine et celle des revenus, ce qui la rend difficile à évaluer.
L'existence d'une richesse patrimoniale très inégale justifie bien l'existence des impots sur le patrimoine: ISF et impot sur les trasmissions.

Il ne faut pas confondre 2 débats: richesse et imposition.
On peut être aisé sans être riche et donc payer plus d'impôts en proportion que les personnes les plus pauvres.

Les gouvernements Chirac ont baissé les impôts directs - ce qui a surtout bénéficié aux plus riches. C'est bien sur ces baisses d'impôts récentes qu'il faut revenir - ce n'est pas le même sujet que la grande richesse - mais ça contribue à la redistribution.

Le débat sur la fiscalité témoigne de la difficulté à définir qui sont les "riches" en France

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-857285@51-854843,0.html

A partir de quel niveau de revenu ou de patrimoine peut-on être qualifié de "riche" en France ? Les débats, nés avec la proposition de François Hollande d'accroître l'impôt sur les revenus pour les contribuables gagnant plus de 4 000 euros net et la révélation que trois des principaux candidats à l'élection présidentielle payaient l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), ont mis en évidence la difficulté à définir quel est le seuil de la richesse en France.


Alors qu'il existe une estimation officielle du "seuil de pauvreté", qui correspond aujourd'hui à la moitié du revenu médian en France, soit un peu plus de 650 euros de revenus mensuels pour une personne seule, il n'existe aucun équivalent pour la richesse dans les statistiques publiques. Comme le relève l'économiste Thomas Piketty, ce ne sont pas les paliers fiscaux votés par le Parlement (un patrimoine taxable supérieur à 760 000 euros pour être imposé à l'ISF ou un revenu imposable supérieur à 66 679 euros pour un personne seule en 2007 pour se voir appliquer le taux maximal de 40 % de l'impôt sur le revenu, par exemple) qui apportent beaucoup plus d'indications pour l'opinion publique.

"On souffre dans ce débat de l'absence de lisibilité : à cause du système des barèmes et des nombreuses exonérations et déductions, ni l'ISF ni l'impôt sur le revenu ne permettent de montrer publiquement ce que gagnent les hauts revenus et à quelle hauteur ils contribuent", explique M. Piketty, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales. "Dans un contexte où les inégalités liées au patrimoine, notamment l'immobilier, sont croissantes, cette situation est préjudiciable parce qu'elle ne permet pas de mettre les choses sur la table et de décider, en toute connaissance de cause, quelle politique fiscale on veut mener", souligne le chercheur en dénonçant le caractère obscur du système français.

"En France, personne n'aime être désigné comme riche", explique Louis Maurin, directeur de l'Observatoire des inégalités. Pour rendre cette catégorie sociale plus visible, il préconise d'instaurer, arbitrairement, un "seuil de richesse". "Par convention, le seuil de pauvreté correspond à la moitié du revenu médian dans la société française. On pourrait envisager, par symétrie, que le seuil de richesse corresponde au double du revenu médian", explique M. Maurin. Dans cette logique, avec un revenu médian qui s'élève aujourd'hui à 1 300 euros par mois pour une personne seule (après paiement des impôts et versement des prestations sociales), le seuil de richesse serait de 2 600 euros pour une personne seule et de 6 000 euros environ pour un couple avec deux enfants.

Le sociologue Louis Chauvel juge insuffisante l'approche par les seuls revenus. "Un revenu à peu près nul peut aller avec un patrimoine impressionnant, et pour vivre sur un grand pied, il suffit alors de déstocker son épargne", explique le chercheur, qui juge nécessaire de mesurer les flux (revenus) et les stocks (patrimoine) pour comprendre la position sociale d'un ménage. "En ne visant que le revenu salarial, Hollande a raté la cible : la France, par son système fiscal, est un des pays où il est à peu près impossible de constituer un patrimoine par le revenu de son seul travail salarié. La cible ne doit pas être le revenu du travail, mais la rente", souligne le professeur à l'Institut d'études politiques de Paris.

Selon l'Insee, les 10 % des ménages les plus riches possédaient, en 2004, 46 % de l'ensemble du patrimoine, avec des avoirs supérieurs à 382 000 euros, alors que le patrimoine moyen est de 165 000 euros. La forte hausse de l'immobilier (85 % d'augmentation depuis 2000) a encore accentué les inégalités de patrimoine. "Pour les seniors urbains qui ont acheté lorsqu'ils étaient jeunes, la plus-value sur leur bien est tantôt une divine surprise qui leur permet d'aborder plus sereinement le quatrième âge, tantôt un souci, car l'ISF vient les importuner", note M. Chauvel. De fait, avec la hausse de l'immobilier, le nombre de ménages redevables de l'ISF a augmenté - comme le montrent les exemples de Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, devenus imposables respectivement en 2005 et 2006.

"Pour les jeunes, au contraire, la situation est moins plaisante : qu'il s'agisse d'acheter ou de louer, ils se trouvent pris au dépourvu si leurs parents ne viennent à leur secours", note Louis Chauvel. Selon que les parents peuvent prêter un logement ou non, selon le patrimoine transmis en héritage, un même revenu de 3 500 euros pour un couple avec enfants peut signifier un réel confort ou au contraire de vraies difficultés, relève le sociologue.

L'impact des inégalités de patrimoine se traduit ainsi de manière très concrète pour la génération arrivant sur le marché de l'emploi : "Les jeunes des années 2000 dépendent ainsi plus étroitement de la fortune de leurs parents que de leur propre travail." On est d'abord riches de ses parents.

Luc Bronner



19/01/2007
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