Les 3 objectifs manqués de la taxe sur les bonus
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il y a bien plus de raté dans cette taxe que ce que l'article cite. On a plutot l'impression qu'on traite une conséquence et pas du tout une cause d'un problème gravissime.En effet, il y a bien d'autres questions sans réponse qu'une taxe ne résoud pas comme: "pourquoi les banques ont-elles intérêt à payer autant les traders"
"quel est la part acceptable de profit que les banques et le système financier en général dont la bourse peuvent prendre sur l'economie et comment on les empêche de ponctionner l'économie au delà du raisonnable ?"
Aux USA, la part des bénéfices distribués est passée de 22% en 1980 à 46% dans les années 2000. Le résultat est une explosion des revenus des traders, des actionnaires de banques et un effondrement des investissements productifs, une exigence de rentabilité qui pousse aux délocalisations.
La tendance est la même en Europe et justement pas la même en Asie: les banques chinoises du top 10 mondial sont bien plus impliquées dans les investissements industriels que dans les fonds spéculatifs.
La taxe sur les bonus des traders - même si elle est utile - est très très loin de résoudre quoi que ce soit sur le fond
Les 3 objectifs manqués de la taxe sur les bonus
http://www.lexpansion.com/economie/actualite-entreprise/les-objectifs-manques-de-la-taxe-sur-les-bonus_224564.html?XTOR=EPR-175Annoncée en décembre par Nicolas Sarkozy, la taxe sur les bonus devrait rapporter 360 millions d'euros, s'est félicitée mardi Christine Lagarde. Pourtant, à l'origine la taxe ne devait pas servir à comber les finances publiques, mais à limiter les prises de risques par les banques. Analyse.
Depuis la naissance de la taxe sur les bonus il y a quatre mois, ses objectifs n'ont cessé d'évoluer. Au départ il s'agissait de moraliser la finance, puis de renforcer les fonds propres des banques. Aujourd'hui, seul le colmatage des finances publiques semble guider les gouvernements. Retour sur les objectifs ratés de la taxe sur les bonus.
Faire payer aux banques le mécanisme assurentiel dont elles bénéficié pendant la crise
Au départ l'idée de la taxe part de là. Premier à promouvoir le principe en France, le député Didier Migaud dépose en octobre dernier un amendement qui vise à créer une surtaxe de 10% sur les bénéfices des banques. L'objectif ? Faire payer aux banques le système assurentiel dont elles ont bénéficié pendant la crise. Selon le président de la commission des finances de l'Assemblée nationale, si les banques ont pu compter sur l'Etat pour les renflouer pendant la crise, elles doivent payer la contrepartie de cette garantie. Ce mécanisme aurait alors vocation à se pérenniser dans le temps puisque les banques, porteuses d'un risque systémique, savent qu'elles peuvent désormais compter sur l'Etat à tout moment. Mais la majorité se refuse à l'adoption d'une telle mesure, considérant qu'elle nuirait trop à l'attractivité de la place financière parisienne... Puis finit par dire oui à une taxe sur les bonus censée augmenter les fonds propres des banques.
Augmenter les fonds propres des banques
C'est "la" leçon de la crise financière. Les banques insuffisamment capitalisées ont mis en péril l'ensemble du système financier et de l'économie. Pour pallier à un nouveau risque systémique, les membres du G20 sont donc unanimes : les banques doivent renforcer leurs fonds propres. Mais s'engager unanimement sur un ratio relève de l'impossible. Finalement, Gordon Brown, rapidement rejoint par Nicolas Sarkozy, propose l'idée d'une taxe exceptionnelle sur les bonus, limitée à l'année 2009, qui contrairement à la surtaxe sur les banques, présente l'avantage de renforcer les fonds propres de banques. La logique est imparable : si les banques versent moins de bonus parce qu'elles sont taxées sur ces sommes, elles préféreront destiner les économies réalisées à... leurs fonds propres. Loupé ! Les banques refusent de réduire les rémunérations de leurs traders. Elles préfèrent payer la taxe plutôt que de perdre leurs meilleurs éléments.
Moraliser le secteur financier
Voilà l'un des thèmes phares de l'année 2009. Moraliser le système, c'est assainir l'économie, réduire la prise de risque, et éviter ainsi de nouvelles crises. Mais pour moraliser les rémunérations des traders, les pistes sont plutôt réduites. Soit l'Etat fait le gendarme et décide de plafonner les bonus, ou de les taxer drastiquement. Soit les banques coopèrent. Deux scénarios qui n'ont trouvé aucun écho. Trop frileux les Etats ont adopté une solution en demi teinte : bonus différés, versés pour partie en actions, taxe limitée dans le temps. Quant aux banques, elles préfèrent payer ou contourner la nouvelle législation. En Grande Bretagne par exemple 65% d'entre-elles ont augmenté significativement les salaires des traders, comme en atteste une récente étude du cabinet Mercer. JP Morgan et Goldman Sachs ont même menacé de quitter la City. Poussant la bizarrerie jusqu'à son paroxysme, en 2009 les banques ont donc préféré payer plutôt que de réduire pour un an seulement les bonus de leur traders...Résultat, 2009 sera une nouvelle année record en matière de bonus. Tant pis pour la moralisation mais bingo pour les finances publiques !
Combler le trou des finances publics
Ce n'était pas l'objectif poursuivi. Or au final, ce sera peut-être la seule réussite de cette taxe. Très affectées par la crise, les finances publiques françaises et britanniques seront (un peu) soulagées par la taxe sur les bonus. Londres pourrait en tirer jusqu'à 8 milliards de livres. En France, Christine Lagarde a annoncé mardi que la taxe rapporterait 360 millions d'euros. Une somme bien inférieure en raison de la taille de la place financière parisienne mais non négligeable. Malheureusement pour les finances publiques cette taxe a peu de chance d'être reconduite en 2010. Du moins selon la ministre de l'Economie, qui affirme avoir voulu "par une taxe exceptionnelle, répondre à une situation exceptionnelle". Elle semble cependant ouverte à la réflexion assurant "moi, j'attends des banques de la mesure et de la modération. Je jugerai sur pièces" .
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