Revue de presse - Savoie

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Pourquoi l'ouverture du marché de l'énergie a-t-elle échoué ?

COMMENTAIRES

voici un article interessant sur le mode de raisonnement écrasant dans les partis politiques et les médias: en gros cert article dit "puisque la concurrence ne fonctionne pas, c'est qu'il faut plus de concurrence".

 

On n'envisage jamais que la concurrence ne soit pas bonne dans le secteur de l'énergie dans la presse "raisonnable".  Pourtant l'expérience prouve que DANS TOUS LES PAYS où le marché a été ouvert, bien Avant l'explosion des prix de l'energie (avant 2005), les prix ont augmenté et le service a baissé.

Faire gérer par le privé, une infrastructure qui dure 30 ans ou plus, donc avec des investissements très long terme, une situation où dupliquer la production pour faire de la concurrence serait une hérésie met tout simplement un monopole entre lees mains d'intérêts privé.

 

Donc, si le dogme ne fonctionne pas, ce n'est pas parce qu'il est mal appliqué, c'est parce que le dogme doit etre remis en cause - tout simplement. Dire ça, c'est etre "extremiste" (de gauche).

Pourquoi l'ouverture du marché de l'énergie a-t-elle échoué ?

http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/07/02/pourquoi-l-ouverture-du-marche-de-l-energie-a-t-elle-echoue_1728165_3234.html#xtor=AL-32280308

 

Cinq ans après l'ouverture à la concurrence du marché de l'électricité et du gaz pour les particuliers, le "grand soir de l'énergie" n'a pas eu lieu. Depuis le 1er juillet 2007, les opérateurs historiques, Electricité de France (EDF) et Gaz de France (GDF), ont largement gardé la main sur le secteur, laissant une poignée de fournisseurs alternatifs se disputer quelques maigres parts de marché. Les consommateurs non plus n'y ont rien gagné, les prix de l'énergie ayant même continué d'augmenter.

  • Quelle est la situation du marché de l'énergie ?

Dans le marché de l'électricité, seulement 6,2 % des clients résidentiels ont quitté EDF pour l'un des fournisseurs alternatifs, tels que Poweo, Direct Energie, Alterna, Proxelia ou Enercoop, selon les chiffres de la Commission de régulation de l'énergie en date du 31 mars 2012. Dans le secteur du gaz, la situation des nouveaux entrants est quelque peu meilleure, avec 9,6 % de parts de marché gagnées sur GDF Suez.

Mais les vrais perdants restent les consommateurs. L'ouverture à la concurrence n'a en effet pas permis d'empêcher les factures d'énergie de grimper (+ 25 % en deux ans pour le gaz et + 8 % pour l'électricité), en raison de facteurs internationaux (comme la flambée du pétrole et des matières premières) et d'investissements incontournables dans les réseaux ou le parc nucléaire.

  • Pourquoi les opérateurs alternatifs peinent-ils à percer ?

L'absence de forte concurrence s'explique tout d'abord par le manque d'information des consommateurs quant à la possibilité de changer d'opérateur. Le dernier baromètre annuel d'Energie-Info est de ce point de vue accablant : 42 % seulement des foyers savent qu'ils ont le droit de choisir leur fournisseur d'électricité et 37 % leur fournisseur de gaz naturel ; seuls 30 % savent qu'EDF et GDF Suez sont concurrents et seul un tiers d'entre eux connaît les tarifs réglementés, toujours encadrés par l'Etat et proposés uniquement par les fournisseurs historiques.

Mais surtout, le peu de mouvement au sein du secteur de l'énergie – contrairement aux télécoms, qui voient les nouveaux entrants mener une bataille féroce à l'opérateur historique France Télécom – réside dans l'absence de réelle concurrence sur les prix. "L'intérêt financier à changer d'opérateur n'est pas assez incitatif, livre Stéphane Mialot, directeur des services au Médiateur national de l'énergie. Beaucoup de consommateurs estiment que les démarches à mener pour résilier leur abonnement n'en valent pas la peine, d'autant qu'ils craignent souvent que ce changement entraîne des problèmes de fourniture en énergie."

Sur la facture, les gains se révèlent effectivement faibles : pour une consommation d'électricité de 8 500 KWh en heures creuses et heures pleines et une puissance de 9 kVA, l'écart entre l'offre la mieux-disante (Proxelia) et l'offre réglementée (EDF) n'est que de 4 %. La facture s'élèvera ainsi à 1 022 euros par an, au lieu de 1 065 euros en tarif réglementé.

Du côté du gaz, les économies s'avèrent en revanche plus sensibles : 108 euros par an pour l'offre la plus intéressante, celle de Lampiris, pour une consommation annuelle de 750 KWh, contre 118 euros pour le tarif règlementé de GDF, soit un gain de 9 % ; et respectivement 1 003 euros et 1 136 euros dans le cas d'une consommation de 17 000 KWh, soit 12 % de baisse.

Cette baisse des tarifs limitée s'explique par le fort coût d'entrée sur le marché. "Les nouveaux entrants, qui doivent construire des centrales à gaz ou à charbon, ne peuvent pas rivaliser avec les faibles coûts de production d'EDF, dont le parc nucléaire est depuis longtemps amorti", explique Nicolas Mouchnino, chargé de mission énergie-environnement pour l'UFC-Que Choisir. Pour équilibrer les rapports de force, EDF s'est toutefois vu obliger, depuis l'an dernier, à revendre à ses concurrents un quart de sa production électronucléaire à un tarif réglementé, celui de l'Arenh, au nom de la loi NOME (nouvelle organisation du marché de l'électricité). Malgré tout, les fournisseurs alternatifs restent à la traîne, au point que Direct Energy et Poweo ont décidé de fusionner l'an dernier, pour tenter de peser davantage face aux géants historiques.

"La situation est quelque peu meilleure pour le gaz, puisque GDF Suez ne produit pas d'énergie, mais s'approvisionne sur les marchés, tempère Nicolas Mouchnino. Le groupe est donc, comme les autres opérateurs, soumis aux prix du marché de gros et aux contrats, ce qui permet une légère concurrence sur les conditions d'approvisionnement."

  • Une évolution sera-t-elle possible ?

Dans le secteur de l'électricité notamment, les fournisseurs disposent de peu de marge de manœuvre pour être vraiment concurrentiels. "Avec 30 % de taxes, 30 % de coûts d'acheminement et 35 % de fourniture, 95 % de la facture est réglementée, c'est-à-dire à un prix identique fixé par l'Etat, explique Stéphane Mialot. La concurrence ne peut donc se jouer que sur les 5 % restants. Or, avec une énergie de plus en plus chère, une baisse des prix semble difficile à l'avenir."

Seule une concurrence artificielle pourrait relancer à court terme le marché, estime l'UFC-Que Choisir. "Les tarifs de l'Arenh sont aujourd'hui trop élevés pour permettre aux opérateurs alternatifs de fournir une offre concurrentielle. EDF devrait vendre de l'électricité à ses concurrents à des prix vraiment inférieurs au tarif réglementé", assure Nicolas Mouchnino. Aujourd'hui, le tarif a été fixé à 42 euros le mégawattheure, soit bien plus que les 35 à 37 euros prônés par des experts, notamment ceux du rapport Champsaur de 2009. Une offre différenciée, avec des conseils pour mieux et moins consommer, permettrait aussi aux opérateurs de faire évoluer la situation.



03/07/2012
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