Prime des salariés: on commence par les boss du CAC 40 !
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presque tout est dit
- plus de 200 SMIC pour les grands patrons hors stock options et primes
- des inégalités d'ancien régime
soit ça change calmement par des réformes fiscales massives et la remise en cause des privilèges indus, soit on peut craindre que ça change violemment
Prime des salariés: on commence par les boss du CAC 40 !
http://www.marianne2.fr/Prime-des-salaries-on-commence-par-les-boss-du-CAC-40-_a205511.html?preaction=nl&id=2934975&idnl=26311&
Après l'annonce par Sarkozy d'une prime pour les salariés dont les entreprises ont augmenté leurs dividendes, Jack Dion ne se fait pas de souci pour les dirigeants ultra-primés du CAC 40 et même des entreprises publiques: leurs salaires ne se sont jamais aussi bien portés.
Il est une catégorie de Français qui n’ont pas à se demander si la prime annoncée par Nicolas Sarkozy verra ou non le jour : ce sont les patrons du CAC 40. Eux, au moins, s’en tirent très bien avec leurs salaires actuels.
D’après les chiffres publiés par Les Échos, les 40 stars de la Bourse recevront cette année 98,3 millions d’euros sous forme de salaires, soit une hausse de 24% en un an. Que les salariés ayant eu droit à une telle hausse de leurs revenus lèvent le doigt ! En moyenne, un grand patron a donc droit à un salaire de 2,46 millions par an, soit 205 000 euros par mois, autrement dit 200 fois le Smic, lequel est souvent jugé trop élevé par ces mêmes patrons (on est prié de ne pas rigoler).
A ce niveau de revenu, qui ne comprend pas tous les autres menus avantages de l’élite du business, l’avenir est un long fleuve tranquille. La crise ? Quelle crise ?
Il y a dans cette situation quelque chose d’ubuesque. Jamais, depuis l’Ancien Régime, la France n’aura connu une telle flambée des injustices sociales et patrimoniales. Le Tsunami de l’argent roi a balayé les valeurs d’égalité inscrites aux frontons de nos institutions. Partout règne l’esprit bling-bling, complété par la morale Fouquet’s. L’arrogance des puissants et des nantis exhale un véritable mépris de caste. Mais dès qu’il s’agit de mettre en cause le moindre de ces privilèges d’un autre temps, on entend monter le célèbre cri poussé par Francis Blanche dans le film de Georges Lautner : « Touche pas au grisbi, salope ! ».
Ainsi il aura suffi que le PS propose le plafonnement de la rémunération des dirigeants d’entreprises dont l’Etat est actionnaire pour émouvoir le traditionnel chœur des pleureuses. La ministre de l’Economie, Christine Lagarde, s’est déclarée absolument opposée à une telle mesure, avec le raisonnement suivant : « Pourquoi y aurait-il deux poids et deux mesures pour les dirigeants des entreprises, d’un côté des "low cost" ceux du secteur public, et de l’autre ceux qui ne sont pas plafonnés, ceux du secteur privé ? ».
Passons sur les salaires « low cost », qui restent cependant à des niveaux qui feraient fantasmer n’importe quel cheminot, quand bien même pourrait-il faire voyager gratuitement sa femme, sa fille, son grand-mère, sa grand-mère et sa tante de Province. Mais Christine Lagarde n’a pas tort de souligner qu’il n’y a aucune raison de faire un sort particulier aux patrons des seules entreprises publiques.
La bonne solution, en fait, consisterait à édicter un salaire maximum pour tout le monde, ou à instituer une réforme fiscale permettant d’en finir avec des inégalités de revenus qui minent l’esprit même du pacte républicain. Après tout, c’est ce qu’avait fait Roosevelt à l’époque du « New Deal », et l’on ne sache pas que cela ait mis l’Amérique à feu et à sang. Simplement, il faut avoir une vertu qui se fait rare, et qui s’appelle le courage.
La France aurait besoin d’une nouvelle nuit du 4 août – cette nuit qui fait tant peur au secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, afin d’en finir avec des privilèges d’un autre temps. Tant que l’on persistera à nier cette nécessité impérieuse, tant que régnera l’oligarchie des Princes de la finance, avec ses dividendes, ses stock options, ses retraites chapeaux et autres babioles, tout discours sur un quelconque partage des sacrifices sera inaudible.
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