Revue de presse - Savoie

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abougris et brûlés, les blés de la plaine de Konya mesurent à peine 20 cm. Cet été, certains agriculteurs du plateau central anatolien ne vont même pas prendre la peine de les moissonner. "La récolte de blé sera en baisse d'au moins 40 %, estime Hasan Hüs

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Pour couronner ce bilan ecologique désastreux, rappelons que la Turquie a dans une autre région des projets de barrages importants sur le Tigre et l'Euphrate qui arrosent en aval la Syrie, l'Irak et on devrait ajouter le Kurdistan avec lequel les tensions sont maximales.

Une situation déjà explosive qui risque de s'envenimer encore un peu.

Le grenier de la Turquie se transforme en désert

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,36-930891,0.html

Rabougris et brûlés, les blés de la plaine de Konya mesurent à peine 20 cm. Cet été, certains agriculteurs du plateau central anatolien ne vont même pas prendre la peine de les moissonner. "La récolte de blé sera en baisse d'au moins 40 %, estime Hasan Hüseyin Motuk, président de la chambre des ingénieurs agricoles de Konya. Au pire, jusqu'à 80 %. La situation est grave, car Konya, c'est le grenier de la Turquie."

Cette année, le grenier est vide. Exceptionnellement, la Turquie va devoir importer du blé pour couvrir sa consommation intérieure. En cause, la diminution significative des précipitations, constatée depuis 2000.

Ces deux dernières années, le niveau est inférieur de 50 % à la normale. Depuis mi-juin, une forte canicule frappe l'Europe du Sud-Est et les records de température ont été battus en Grèce, en Bulgarie et en Turquie. Le centre du pays connaît des températures supérieures de 4o C à la moyenne.

Les réserves d'eau souterraines, dans lesquelles les agriculteurs pompent pour irriguer les champs, diminuent à vue d'oeil. "Chaque année, il faut creuser 5 mètres plus profond pour trouver de l'eau, constate Ismaïl Uluagaç, maire du petit village de Karkin, à 40 km de Konya. Nos enfants et nos petits-enfants n'auront peut-être plus d'eau potable." Les puits descendent parfois jusqu'à 300 mètres, pour atteindre des nappes millénaires.

Autre indicateur, le niveau des lacs qui parsèment le paysage monotone de la campagne anatolienne. Certains ont déjà totalement disparu : "Dans les années 1980, le week-end, on allait se promener en barque sur le lac Hotamis", se souvient Hasan, un vieux paysan attablé au café du village. Aujourd'hui, le lac a laissé la place à des champs de betterave à sucre, abondamment arrosés sous un soleil de plomb. Sur la route qui file vers l'est, le village de Sazlik, qui vivait de la pêche, est aujourd'hui cerné par les champs, mais pas la moindre trace d'eau. Le grand lac salé situé plus au nord, est lui aussi menacé. Les dizaines d'espèces d'oiseaux migrateurs qui faisaient escale dans cette plaine ne s'y arrêtent plus.

30 000 PUITS CLANDESTINS

Le bassin agricole de Konya s'assèche. D'après un rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement sur la désertification, ce serait l'une des régions les plus menacées. "C'est une zone très sensible. Les années sèches, on bascule dans un climat semi-désertique", analyse Catherine Kuzucuoglu, directrice de recherche au CNRS qui a fait de la plaine de Konya son cas d'étude.

Pour certains analystes, cette pénurie est avant tout le résultat d'une gestion catastrophique des ressources en eau. Les municipalités commencent juste à prendre conscience du problème et à tenter de sensibiliser la population. Le directeur de l'administration publique des eaux (DSI) du bourg de Cumra, au coeur du bassin agricole, reconnaît que la moitié des 60 000 puits d'irrigation de la région sont clandestins et que "les agriculteurs utilisent l'eau de façon inefficace à cause d'une mauvaise éducation". Sous les fenêtres de son bureau, le gazon et les parterres de fleurs resplendissent, arrosés du matin au soir. "Il faut investir d'urgence dans l'arrosage goutte à goutte", estime-t-il. Depuis peu, l'Etat en subventionne la moitié et la banque agricole délivre des prêts à taux zéro.

Mais c'est surtout le type de culture qui pose question. A Kalkin, tout le village vit de la betterave, très gourmande en eau. Les coopératives sucrières font tourner l'économie locale. Et le maïs, qui appauvrit le sol, est plus subventionné par l'Etat que le blé. "Sans la pluie, on ne peut plus cultiver de blé. Donc on fait de la betterave mais cela demande plus d'eau", résume Hasan Hüseyin Motuk. "On détruit notre agriculture, mais on fait ça pour survivre", reconnaissent, impuissants, les paysans du village.

Tout l'espoir des agriculteurs repose dans la mise en service, cet été, du "tunnel bleu" : un canal d'acheminement de l'eau de la rivière Göksü qui doit permettre l'irrigation de 650 000 ha. Une solution à court terme, estime Catherine Kuzucuoglu, pour qui "l'eau va surtout s'évaporer" et qui redoute l'érosion côtière et l'assèchement du delta engendrés par le détournement de la rivière. La priorité est de "redéfinir totalement la politique agricole", selon Cagrideniz Eryilmaz, expert du WWF.




05/07/2007
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