Revue de presse - Savoie

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Brouillage, par Eric Fottorino

COMMENTAIRES
pas besoin d'en rajouter sur le scandale de cette nomination - un de plus.
Rama Yade parle de risque de coupure avec les élites, ce n'est pas un risque, c'est une réalité. Il y a bien la France d'en haut qui se sert, et la France d'en bas.
On peut ajouter qu'il est révélateur de l'aveuglement d'une certaine élite qui ne se rend même plus compte de ses errements et de leur impact sur l'opinion.
Un étudiant de 2eme année de droit, fils du président prend la direction du développement du plus grand centre d'affaire de France : la défense. C'est inconcevable dans les vraies démocraties.

Coté enjeu: tenir le département le plus riche de France est une source importante de pouvoir et de financement plus ou moins direct, plus ou moins légal, en toute impunité puisque la justice est tenue par le pouvoir.

Brouillage, par Eric Fottorino

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/10/13/brouillage-par-eric-fottorino_1253284_3232.html#ens_id=1052464

Nul ne saurait reprocher à un fils d'être le fils de son père. Fût-il président de la République. Que ce fils ait conquis ses premiers lauriers politiques dans le fief paternel de Neuilly passe à la rigueur, encore qu'une victoire sur des terres moins naturellement favorables eût été plus probante. Mais laisser Jean Sarkozy, 23 ans, toujours étudiant en droit, briguer la présidence de l'Etablissement public de la Défense, voilà de quoi douter de l'impartialité du pouvoir en place.

A la lumière de cette affaire, qui soulève à juste titre un déluge de critiques, on se demande comment le chef de l'Etat et ses conseillers ont pu laisser naître pareille situation. Sommes-nous revenus en France dans une pratique de Cour si perverse que nul n'oserait dire au monarque qu'il se fourvoie ? Une insidieuse terreur se serait-elle installée, au point que de serviles édiles précèdent les desiderata du roi ? Alors que Nicolas Sarkozy défend ce mardi le principe d'égalité des chances au lycée, voici qu'il encourage - ou ne décourage pas - les ambitions d'un rejeton pour le moins pressé.

Ce qui sidère, c'est moins l'appétit du fils que le laisser-faire du père. Quand on est chef d'une nation démocratique, tout n'est pas permis. Ce n'est écrit dans aucun manuel, mais il est des choses qu'on ne fait pas, qu'on ne s'autorise pas.

Nicolas Sarkozy, lui, s'autorise. A humilier plus que de raison son premier ministre. A poursuivre en justice - dans le procès Clearstream - quand nul ne peut juridiquement lui rendre la pareille. Pas de corde de rappel, pas de fil à plomb. Quel brouillage d'image, quel gâchis pour un président épris de réformes et de modernité ! Où est passé le candidat Sarkozy qui vantait avec conviction en janvier 2007 "la République irréprochable" ?



15/10/2009
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