Delocalisation: exigences de rentabilité sur les choix d'investissements
CONTRE-VERITE
les couts salariaux sont trop important en occident et la raison principale des délocalisations.
C'est faux. L'exigence de rentabilité est encore plus couteuse pour nos emplois
REFLEXION POLITICO-ECONOMIQUE, probablement fondamentale
Exemple d'une usine haute technologie dite de "glaces mères" pour LCD.
L'investissement est de 3 milliards de $ pour les usines de la génération 2008 / 2010, ayant une capacité de production 30 000 unités par mois
Chaque glace mère permet de fabriquer de 10 à 20 « dalles » pour écrans ou télévision LCD selon le choix des tailles (32'' ou 42'' par exemple), qu'on découpe dans la glace mère.
Les « dalles » sont le coeur de la valeur ajoutée de l'industrie des écrans d'ordinateurs et des télévisions LCD ; sans dalle, pas d'industrie dans ces domaines. Les dalles sont aussi une part importante des ordinateurs portables et contribuent à l'ancrage de cette industrie.
Comparaison des choix financiers par les investisseurs:
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Exigence occidentale : 15% par an, soit 450 M$ sur 3 milliards de $
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Exigence asiatique : 5% par an, soit 150 M$ pour le investissement
note: 5 et 15% sont un ordre de grandeur. L'ecart est le plus important dans cette illustration.
L'écart entre l'investisseur occidental et l'asiatique est de 300M$ par an, soit 25M$ par mois ou 850 $ par glace mère. On peut donc dire que du seul point de vue financier, une glace mère occidentale revient 850$ de plus qu'une glace mère asiatique.
En comparaison, le nombre d'emplois directs dans l'usine est de l'ordre de 2 000 personnes. L'écart entre les couts salariaux asiatique et occidentaux est très largemetn en dessous des 300M$. Dans les industries qualifiées, les salaires asiatiques sont assez élevés - et l'écart n'est pas aussi grand que pour le "SMIC".
Avec de tels choix d'investissements, les marques occidentales (HP, Dell, Philips) sous-traitent les fabrications en asie – puisque financièrement, cela revient nettement moins cher.
A partir du coeur de la valeur ajoutée des dalles LCD , toute l'industrie électronique liée aux LCD est partie en asie : assembleurs de plus basse valeur ajoutée (simples ensembliers de TV ou d'écrans), fabricants de composants comme les moules plastiques, cordons et boitiers d'alimentation électrique, cartons d'emballage, machines outils très haut de gamme pour les usines LCD (Japon et pas allemagne) ...
Tous les emplois sont touchés : de la fabrication simple par des ouvriers peu payés, à la conception par des ingénieurs bien payés dans des centres de recherche dont les niveaux de salaire sont proches des couts occidentaux.
BILAN et choix pour les INVESTISSEURS
Pour les actionnaires occidentaux, le retour sur capital sans investir est bon :
marge de commercialisation forte sur un capital investi réduit.
Cet exemple peut être généralisé à toute industrie demandant des gros investissements - par exemple les usines de semi-conducteurs, les ailes en carbone d'avion (délocalisation récente d'Airbus en Chine)
Cette course effrénée à la rentabilité explique aussi de nombreux choix économiques en Europe:
- les services sont préférés à l'industrie, c'est en général nettement moins gourmand en capital
- les rentes liées à des consommateurs captifs de type infrastructure sont prioritaires : pas de risque, revenu garanti. transport, eau, energie, telecom, infrastructure routiere, aeroport ...
- captation du marché de la santé, avec des rendements ahurissants sur les médicaments ou les équipements médicaux (plus de 20% après impot et recherche contre 5% dans une industrie rentable "normale") - tout ça aux frais de la sécurité sociale
La tendance est très lourde et dure depuis longtemps. Exemple de l'industrie des semi-conducteurs qui reflette toute l'electronique:
en 1990, 60% des semi-conducteurs mondiaux étaient utilisés en europe et en amérique du nord, 30% au Japon, 10% "ailleurs" (Corée, Taiwan, Singapour ...). En 2008, l'europe et l'amérique du Nord ne representaient plus que 30% de la consommation de semi-conducteurs, le reste 70% est en Asie avec les 2/3 en Chine.
En d'autres termes, 30% de l'industrie mondiale electronique est partie d'occident pour aller en Asie. Les consommations de composants étant en Asie, les conceptions de systèmes electroniques sotn là-bas également, et les usines de fabrication sont de plus en plus en Asie. Tout ceci induit un grand nombre d'emplois hautements qualifiés.
Après 20 ans, en gros, l'industrie de materiel informatique et d'electronique grand public est maintenant quasiment complètement en Asie.
LES SOLUTIONS ?
quelques pistes : il est imperatif de ramener la rentabilité du capital investi entre 5 et 8%
1- pour cela, il faut une convergence fiscale qui frappe fortement les produits financiers au dela d'un certain seuil pour pousser ces capitaux vers des utilisations plus productives.Tout le lobby financier est contre, avec en premier les banques et les bourses avec la city de Londres en tête
Mais cette évolution ne pourra pas se faire dans l'europe actuelle - empêchée par l'angleterre, le luxembourg et d'autres pays alliés. L'europe n'est pas la solution actuellement, elle est devenue le problème.
A ce sujet, il est interessant de lire des analyses de financiers occidentaux se glosant du manque de sophistication des bourses emergeantes comme Shanghai ou Hong-Kong : peu de produits dérivés et autres outils financiers sophistiquées hyper rentables.
JUSTEMENT, les bourses chinoises investissent lourdement dans l'industrie - n'est pas leur rôle ? et la sophistication occidentale n'est-elle pas le problème plutôt que la solution ?
2- avoir une branche d'etat ultra puissante - type Caisse des Dépots et Consignation - pour un vrai noyau dur qui ne laisserait pas echapper Pechiney ou Arcelor Mittal et n'exigeant pas une rentabilité prédatrice. Les banques privées européennes ultra rentables tuent l'industrie européenne ou l'oriente vers des secteurs non concurrentiels hyper rentables - refusant tous les risques d'entrepreneurs qui sont justement les emplois de demain
...
ON pourrait paraphraser une célébre citation de Jean-Jacques Rousseau ( « Entre le faible et le fort, c'est la liberté qui opprime et c'est la loi qui libère » )
Entre le riche et le pauvre, c'est l'impot qui libére et l'exoneration qui pauperise
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