Discrimination à l'embauche : les employeurs français pointés du doigt
Discrimination à l'embauche : les employeurs français pointés du doigt
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-882746,0.html?xtor=RSS-3208Le Bureau international du travail (BIT) a mesuré, à travers une enquête publiée, mercredi 14 mars, les discriminations à l'embauche en France, arrivant à la conclusion que, quatre fois sur cinq, les employeurs préfèrent embaucher un candidat "d'origine hexagonale ancienne" plutôt que son collègue d'origine maghrébine ou noire africaine.
Pour les besoins de cette enquête, des étudiants ou des comédiens, dûment formés pour l'exercice, ont postulé à 2 440 offres d'emploi dans les secteurs de l'hôtellerie-restauration, de la vente ou du commerce dans plusieurs grandes villes de France. Ils ont adopté les pseudonymes de Jérôme Moulin, Marion Roche, Kader Larbi, Aminata Bongo ou Binta Traoré. Le nom était donc la seule différence puisqu'ils possédaient tous un CV rigoureusement équivalent en termes de scolarité, formation, qualifications, expérience, mobilité et lieu de résidence.
"RAPPELEZ-MOI LA SEMAINE PROCHAINE"
Après
un contact initial, les deux candidats concurrents ont essuyé un
refus (32,8 %), ont été priés de patienter (22,3 %) ou bien ont tous
les deux
été convoqués pour un entretien (13,3 %) ou pour une évaluation (3,6
%).
Lorsque l'employeur effectue un choix avant même de rencontrer les deux
candidats (28 %), il choisit quatre fois sur cinq le candidat d'origine
"française", dit "majoritaire", au détriment de celui qui possède un nom
et un prénom à consonance maghrébine, en donnant notamment des réponses différentes.
Enfin, le BIT propose un florilège des réponses discriminatoires allant du mensonge basique – "Le poste est déjà pourvu" – à la réponse embrouillée – "Rappelez-moi en fin de semaine, on est quel jour ? ... On est vendredi... euh, oui donc, rappelez-moi la semaine prochaine pour voir s'il y a du changement." L'enquête pointe aussi "une forme assez sournoise de discrimination" consistant à mettre en attente le candidat discriminé – "Envoyez un CV", "rappelez" ou "on vous rappellera" – tandis que le candidat majoritaire reçoit une proposition d'entretien.
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