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Europe : ces luttes contre l'austérité dont on ne parle pas

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La classe politique reste "hors sol" et s'appuye sur les médias le plus souvent à la botte pour manipuler l'opinion.

Mais la réalité est tétue et les manipulations ne feront que retarder l'échéance. A vouloir faire le bien du peuple malgré lui, à refuser de l'entendre trop longtemps, on risque l'implosion, et au final jetter le bébé Européen avec l'eau du bain du libéralisme qui prend inspire toutes les décisions pour le bien du plus petit nombre.

L'autisme de la classe dirigeante enfermée dans ses certitudes et ses dogmes est inquietant.

Il ne faut pas confondre éducation et intelligence. Ce n'est pas parce que les dirigeants sont plutot bien éduqués qu'ils sont intelligents et clairvoyants.

Le mépris dans lequel certains decideurs tiennent le peuple, en moyenne moins éduqué qu'eux, tient à cette confusion. Ce n'est pas parce que le peuple rejette des décisions prises par la caste super éduquée, qu'il a tort

Europe : ces luttes contre l'austérité dont on ne parle pas

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L’exaspération populaire touche de plus en plus de pays de l’Union européenne, qu’elle s’exprime dans la rue ou dans les urnes. Pierre Lévy souligne qu’elle se nourrit du consensus au sein des « élites mondialisées », véritable caste « hors sol » pour qui la priorité est de se débarrasser du cadre des états-nations.

 

6 mai. Les fonctionnaires portugais, aux premières loges des mesures d’austérité européennes, débrayent massivement. 6 mai toujours : l’Italie connaît une grève générale accompagnée d’impressionnantes manifestations. 11 mai : les Grecs descendent à leur tour dans la rue à l’occasion d’une nouvelle journée de lutte contre les plans dévastateurs imposés par l’UE (et le FMI). Pour les grands médias français, il s’agit de non-événements : au mieux une phrase ici, une brève là, s’en font l’écho. Seule la mobilisation des jeunes Espagnols a fugacement réussi à crever l’écran, tant la forme d’action a pris de court les forces établies, à commencer par les syndicats. Sans doute ces derniers étaient-ils trop occupés à négocier le recul de l’âge de la retraite pour assurer une « paix sociale » visant à complaire aux « marchés ».

Cette discrétion est impressionnante. Craint-on une prise de conscience croissante des citoyens quant à la responsabilité de Bruxelles ? Si de tels mouvements avaient touché la Biélorussie, secoué le Venezuela, ou paralysé l’Iran, on imagine sans peine les reporters envoyés en mission pour louer en direct la colère populaire et annoncer la fin de régimes « autistes ».

Mais le silence médiatique n’empêche pas l’exaspération de monter. Nul, peut-être, n’a encore véritablement pris la mesure de cette dernière. Et quand elle ne s’exprime pas dans la rue, elle éclate dans les urnes, à travers la percée de partis à tort ou à raison classés à l’extrême-droite (Hongrie, Pays-Bas, Danemark, Autriche…). Il y a quelques semaines, les Finlandais ont propulsé sur le devant de la scène une formation qui exige l’arrêt des transferts financiers visant non à « sauver » les Grecs ou les Portugais, mais à garantir les intérêts des créanciers internationaux et la survie de l’euro. En France même, Marine Le Pen empoche avec le sourire les conséquences tant de la brutalité de la mondialisation que du refus de la « gauche » d’évoquer la responsabilité de l’UE : des sociaux-libéraux aux altermondialistes, on continue à ahaner les psaumes d’une improbable « Europe sociale », sans remettre en cause ni l’existence de l’euro, ni le principe de l’ouverture des frontières (Schengen).

L’exaspération pourrait bien être encore attisée par le pédigrée des oligarques qui ont inventé et pris le contrôle de la gouvernance mondiale. Pour succéder au directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Bruxelles soutient Christine Lagarde, dont un des avantages comparatifs est d’avoir fait carrière à la tête du plus grand cabinet d’avocats d’affaires américain. Un CV comparable à celui de Mario Draghi, l’Italien qui devrait prendre la suite de Jean-Claude Trichet à la Banque centrale européenne en octobre. M. Trichet avait inauguré ses fonctions à Francfort en déclarant (en anglais) « je ne suis pas un Français », signifiant ainsi à quel point la référence à un ancrage national était honnie. M. Draghi, diplômé du MIT, et ancien numéro deux de la banque d’affaires américaine Goldmann Sachs, ne manquera pas de surenchérir.

Pour diriger le FMI, on eut pu tout aussi bien choisir Alassane Ouattara si ce dernier n’avait pas été investi, avec un notable coup de pouce de la troupe française, à la présidence de la Côte d’Ivoire, après avoir totalisé plus de dix ans au sein de la direction de l’institution sise à Washington. Et si les « rebelles » de Benghazi devaient finalement conquérir Tripoli moyennant un autre coup de pouce, otanien, le « premier ministre » désigné par le « Conseil national de transition » (CNT) a également des états de service à faire valoir : ancien enseignant d’économie à l’université américaine de Pittsburgh, Mahmoud Jibril avait été placé par Mouammar Kadhafi, en 2007, à la tête de l’institution chargée de privatiser et de déréglementer l’économie libyenne. Il y a consolidé les liens avec ses partenaires du monde des affaires anglo-saxon.

Bref, il ne déparerait nullement au sein des cette toute petite caste mondialisée, totalement « hors sol », qui entend régenter la planète entière. Ses membres sont, au fond(s), unis par leur objectif commun le plus essentiel : se débarrasser du cadre des états-nations, ultime obstacle au règne millénaire du libre marché et du libre-échange.

Jamais sans doute, dans l’histoire de l’humanité, on n’aura réuni autant d’arrogance et de connivence. Mais peut-être aussi autant d’inconscience, face à la rumeur des peuples qui enfle.



01/06/2011
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