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Face à l’Afghanistan, les leçons du Vietnam

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Les pieds dans le plats : comment tirer les leçons du désastre Vietnamien pour éviter un désastre en Afghanistan.
Le constat est simple : même avec toutes les bonnes intention du monde, des troupes étrangères présentes au bout de 8 ans et qui veulent encore augmenter leurs effectif et ne prévoyent pas de partir sont en train de s'enliser.
Que fait encore l'OTAN en Afghanistan ?

Face à l’Afghanistan, les leçons du Vietnam

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Le livre «Lessons in disaster» du jeune chercheur Gordon Goldstein, qui décrit l’enchaînement dramatique vers l’échec lors de la guerre du Vietnam, intéresse particulièrement Barack Obama. Car le chef de la Maison-Blanche doit choisir entre deux stratégies aux risques comparables sur le front afghan

Rahm Emanuel, le chef de cabinet de la Maison-Blanche voulait l’offrir à son chef. Mais Barack Obama en avait déjà un exemplaire, et l’ouvrage a fini dans les mains de David Axelrod, un autre proche conseiller du président. Entre-temps, le vice-président Joe Biden finissait le sien… Selon le Wall Street Journal, on ne trouve plus à Washington un seul exemplaire de Lessons in disaster, un ouvrage consacré à la guerre du Vietnam, écrit par un jeune chercheur, Gordon Goldstein. Dans l’attente de la décision à propos de la stratégie américaine à suivre en Afghanistan, chacun semble se raccrocher aux leçons de ce petit livre. Manière de prévenir les nuages qui commencent à s’amonceler…


Lessons in disaster suit le parcours de McGeorge Bundy, l’éminence grise du président John Kennedy, puis de Lyndon Johnson en matière de sécurité nationale. Personnage brillant, froid, pragmatique et ambitieux, Bundy n’avait rien d’un va-t-en guerre. Mais il est resté dans l’histoire comme l’ingénieur de la guerre du Vietnam et le défenseur d’une surenchère militaire qui prendra des allures de catastrophe pour les Etats-Unis. Toujours, l’homme a défendu publiquement ses actions et celles des présidents qu’il a conseillés. Jusqu’à ce que, collaborant avec Gordon Goldstein sur le projet de livre, il finisse par lui glisser, quelques jours avant sa mort: «Les colombes avaient raison. Nous n’aurions pas dû mener cette guerre.» Et encore: «J’aurais aimé avoir compris les choses plus clairement. Que peut-on apprendre de cet épisode pour mieux nous comporter à l’avenir?»


«Américaniser le Vietnam»

Ce n’est pas seulement le caractère émouvant de ces confessions tardives qui explique l’engouement de Washington pour le livre. Comme le souligne Richard Hoolbroke, l’actuel envoyé spécial pour l’Afghanistan et le Pakistan, qui est aussi parmi ses admirateurs, le livre «témoigne de la manière dont un homme aux talents et à la réputation avérés a pu conseiller si mal deux présidents». C’est la description d’un enchaînement dramatique vers l’échec. La course partagée vers le désastre.


Avec un malin plaisir, Gordon Goldstein aligne dans son ouvrage les leçons qui résonnent fort dans l’Amérique d’aujourd’hui. «Kennedy, fait-il dire à McGeorge Bundy, était avant tout préoccupé par l’idée de passer pour un imbécile. Tandis que Johnson voulait éviter de passer pour un couard.» Mais l’envoi massif de troupes, décidé par Johnson après que Kennedy eut longtemps rechigné à «américaniser le Vietnam» n’est pas seulement dû à la personnalité des deux présidents. «Ne comptez jamais sur la bureaucratie pour avoir raison»; «la politique est l’ennemie de la stratégie»; «n’employez jamais des moyens militaires pour poursuivre des objectifs vagues»… Autant de «leçons» qui ouvrent les chapitres du livre et qui pourraient aussi servir de cadre à la guerre d’Afghanistan vue des Etats-Unis.


L’Afghanistan, Vietnam d’Obama? Personne ne se satisfait certes de ce raccourci historique. Pourtant, face à la pression des militaires qui prônent l’envoi massif de renforts, face à une partie de l’opposition républicaine qui accuse le président de «tiédeur», face aux conseillers de la Maison-Blanche qui tentent d’influencer les décisions du président, face enfin à un régime corrompu à Kaboul comme à Saigon, les parallèles sont nombreux.


Aujourd’hui, Barack Obama doit en substance choisir entre deux stratégies qui comportent des risques comparables: dépêcher 40 000 hommes supplémentaires, chargés d’accroître la présence américaine dans une bonne partie du pays, ou, au contraire, se concentrer sur les zones urbaines du pays et lancer, à partir de là, des opérations visant à combattre de manière ponctuelle les talibans et Al-Qaida. C’est la stratégie de la contre-insurrection face à celle du contre-terrorisme. La première met l’accent sur l’acceptation de la population afghane et la stabilisation du pays. La seconde oublie les questions liées à la construction d’un Etat de droit (nation building) et se concentre sur les opérations militaires.


Guerre à outrance

Là où le débat se corse, c’est que – précédent irakien oblige – les positions ne sont pas clairement définies au sein même de l’élite politique de Washington. Les défenseurs de la guerre à outrance (les McGeorge Bundy d’aujourd’hui, qui se félicitent du «succès» obtenu en Irak) sont parfois ceux qui montrent le plus de considération pour le sort des populations afghanes. Mais d’autres, qui devraient se placer dans le camp de la guerre, expriment leurs doutes sur la pertinence de développer pareille puissance en Afghanistan tandis qu’Al-Qaida n’y dispose aujourd’hui que d’une présence réduite…

Face à ce casse-tête, Barack Obama n’aura pas trop de son petit livre de chevet sur les leçons du Vietnam. Sans doute s’est-il particulièrement arrêté sur l’un de ses chapitres, visant en quelque sorte à dédouaner le consultant McGeorge Bundy: «Les conseillers donnent leur avis, mais c’est le président qui décide.»




09/10/2009
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