Revue de presse - Savoie

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M. Brzezinski : le militantisme de McCain aboutit à la "militarisation de la politique étrangère"

M. Brzezinski : le militantisme de McCain aboutit à la "militarisation de la politique étrangère

"http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2008/09/17/m-brzezinski-le-militantisme-de-mccain-aboutit-a-la-militarisation-de-la-politique-etrangere_1096172_829254.html

Zbigniew Brzezinski, l'un des grands penseurs de la politique internationale de Washington, soutient le candidat démocrate Barack Obama à l'élection présidentielle du 4 novembre. De passage à Paris, il a accordé un entretien au Monde.

A quel changement faut-il s'attendre dans la politique étrangère américaine après la présidence de George Bush ?

Cette politique ne changera que si l'on change de parti au pouvoir. Pour l'essentiel, (John McCain) appliquera les mêmes conceptions philosophiques et stratégiques que George Bush. En outre, si M. McCain choisit le sénateur Joseph Lieberman comme secrétaire d'Etat, nous savons quelle sera son orientation. Pour M. Lieberman, nous sommes déjà entrés dans une "quatrième guerre mondiale", avec le monde islamique, et l'on peut présumer que la politique étrangère américaine, sous une telle direction, tendra à traduire de tels présupposés dans la réalité.

John McCain n'a-t-il pas exprimé l'intention de se conduire autrement que M. Bush avec les alliés des Etats-Unis ?

S'il fait ce qu'il a évoqué, comme employer la force avec l'Iran ou livrer cette "quatrième guerre mondiale", l'idée d'un meilleur dialogue avec les alliés n'a plus de sens. Je ne vois pas quel pays européen appuierait une telle politique.

Si Barack Obama est élu, les Européens ne seront-ils pas déçus ?

Si les Européens croient que la politique étrangère américaine peut changer de direction de la même manière qu'un hors-bord, ils seront déçus. Elle ne peut changer que degré par degré, lentement. L'Amérique a des intérêts fondamentaux et une continuité géopolitique.

Néanmoins, M. Obama a insisté sur l'impératif de la négociation et sur la nécessité de revitaliser de vraies consultations. On ne perçoit pas, dans sa pensée et dans ses propos, le genre de militantisme qu'exprime M. McCain, un militantisme qui aboutit à la militarisation de la politique étrangère.

Le "ticket" républicain progresse, dans les sondages, en défendant une politique extérieure semblable à celle de M. Bush...

Tous les sondages montrent un rejet passif de la politique intérieure et extérieure de M. Bush. Mais ce n'est pas lui qui se présente devant les électeurs. C'est M. McCain, un héros de guerre, dont l'histoire personnelle est attirante et qui est candidat à un moment où des tensions internationales s'accentuent. Cela l'aide, il n'y a aucun doute là-dessus. Et nous savons que, selon toute probabilité, le résultat de l'élection sera très serré.

On doit prendre en compte l'effet du 11-Septembre, de la démagogie qui a suivi et de la propension d'une large partie du public à réagir positivement à la démagogie. Il faut y ajouter l'anxiété liée à la situation internationale. Cette anxiété provoque toujours une tendance à se tourner vers quelqu'un dont le passé militaire et la conduite héroïque semblent susciter un sentiment de sécurité. J'ai toujours pensé que si la campagne se joue sur les sujets intérieurs et économiques, les républicains perdront. Si elle se dispute sur les sujets de politique étrangère, ils devraient perdre quand même, sauf s'il y a une crise internationale, qui jouerait en leur faveur à cause du contraste apparent, superficiel, entre M. McCain et M. Obama.

Le président Bush n'adopte-t-il pas les idées du candidat démocrate, par exemple quand il accepte un calendrier de retrait d'Irak et renforce l'action des forces américaines en Afghanistan ?

Il espère ainsi mieux terminer son mandat et aider son parti à conserver la présidence. Il sait que la guerre d'Afghanistan est plus acceptable que celle d'Irak pour l'opinion américaine. Je ne suis pas d'accord avec l'idée d'augmenter les forces en Afghanistan et je suis contre toute action préventive au Pakistan. Cela ne peut que susciter, dans ce pays, davantage de sympathie pour les talibans et d'hostilité envers les Etats-Unis. Je pense, de façon générale, que la militarisation de notre engagement en Afghanistan fait courir, à l'Amérique et à l'Occident qui est à ses côtés, le risque de reproduire les erreurs commises dans ce pays, il y a vingt-cinq ans, par les Soviétiques.


24/09/2008
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