Revue de presse - Savoie

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L'enquête qui démonte les clichés de la campagne

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L'enquête qui démonte les clichés de la campagne

Enfin une véritable enquête d'opinion ! Les résultats du «Baromètre politique français» publiés par le Cevipof sont étonnants...et renversent une à une les idées reçues de la campagne.



C'est sans doute l'étude la plus intéressante de cette campagne. Loin des sondages à l'abattage qui polluent les médias, le Cevipof, en partenariat avec le ministère de l'Intérieur, se lance dans une enquête d'opinion à très grande échelle. Le «Baromètre politique des Français», c'est 4 vagues d'enquêtes, 22 400 personnes interrogées dans toute la France, et des résultats décortiqués par des chercheurs de très haut niveau. Budget total de l'opération : 600 000 euros. La seconde « vague », portant sur plus de 5600 personnes, vient tout juste d'être rendue publique. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que ses conclusions renversent quelques idées reçues…

Les fausses bonnes idées de campagne
Tandis que certains battent le rappel sur des thèmes qu'ils croient consensuels, comme l'écologie ou la délinquance, on s'aperçoit que ces sujets sont bien loin des préoccupations des Français. Pour les sondés, les problèmes à régler d'urgence sont d'abord l'emploi (50%), la hausse des prix (24%) et les inégalités (23%). En un mot : le chômage et la vie chère. Et pour cause : 53% des gens considèrent qu'il est « difficile » de s'en sortir avec les revenus de leur foyer. L'immigration n'arrive qu'en cinquième position dans le palmarès des problèmes les plus importants, avec 17% des suffrages. Plus étonnant, les sujets phares des candidats les mieux placés dans la course à la présidentielle s'avèrent parfois controversés, voire même impopulaires. 70% des sondés estiment que la décentralisation, dont parle tant Ségolène Royal, « entraîne une hausse trop importante des impôts locaux ». Et quand Nicolas Sarkozy veut renforcer le rôle du président, 55% des personnes interrogées jugent que le chef de l'Etat doit se contenter d'«exercer un rôle d'arbitre et de garant des institutions ». Malgré tout, ces deux candidats restent les plus susceptibles d'être élus. Mais, encore une fois, pas toujours pour les raisons qu'on imagine…

Le règne de l'image
49% des gens pourraient voter pour le président de l'UMP, 46% pour la candidate socialiste. « On est dans une américanisation de la campagne, analyse Jean Chiche : contrairement à ce qui se passait en 2002, les gens sont prêts à voter pour les candidats les plus médiatisés. » Jusqu'à présent, comme le fait remarquer le chercheur du Cevipof, les clivages étaient plus idéologiques. « Mais cette année, on découvre une frange d'électeurs qui pourraient aussi bien voter pour l'un ou pour l'autre : un électorat volatile composé de sarkozystes de gauche aussi bien que de royalistes de droite. » Les frontières sont brouillées : 40% de gens qui se disent à l'extrême gauche ou à gauche n'excluent pas de voter pour le ministre de l'Intérieur, tandis que 23% de gens plutôt à droite et 20% d'extrême-droite envisagent d'élire Ségolène Royal. C'est donc l'image qui prédomine, loin des préjugés partisans : 34% des gens se situent d'ailleurs dans un espace politique « ni de gauche ni de droite », sans pour autant se placer au centre ou dans les extrêmes.

Aimez-vous avoir peur ?
Présidentiables par excellence, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal sont pourtant perçus de façons bien distinctes. Tandis que l'une apparaît très consensuelle, l'autre « inquiète » 49% des gens. A contrario, on lui prête plus « l'étoffe d'un président de la République » (58%) qu'à sa concurrente (49%). « Le fait d'inquiéter ou de faire peur n'est pas contradictoire avec le fait s'attirer des voix, au contraire ! Et à l'inverse, quelqu'un qui paraît sympathique n'est pas forcément vu comme capable d'assumer les plus hautes fonctions. Si on demandait aux gens ce qu'ils pensent de Zidane, par exemple, ils lui trouveraient beaucoup de qualités. Mais il ne voteraient pas pour lui… », poursuit Jean Chiche. C'est ce qui explique sans doute les résultats de Jean-Marie Le Pen : alors qu'il « inquiète » 66% des sondés, que seuls 30% d'entre eux le jugent « honnête » et que 15% estiment qu'il a « l'étoffe d'un président », ils sont entre 17 et 18% à envisager de voter pour lui. Le fait, comme le répètent les médias, de classes populaires désabusées ? Pas sûr…

A la recherche de la France d'en bas
18% de sans diplômes, 16% de gens qui n'ont que le certificat d'études : c'est la proportion de Français peu ou pas diplômés selon l'Insee. La grande force du Cevipof est d'avoir sélectionné un panel qui recoupe ces pourcentages. Alors que les fantasmes s'accumulent sur cette France d'en bas qui échappent aux médias et aux sondeurs traditionnels, l'institut tend le micro à un échantillon, pour une fois, vraiment représentatif des Français. Or, contrairement aux clichés, Jean-Marie Le Pen n'y est pas si populaire, loin s'en faut ! 77% des gens qui n'ont aucun diplôme ne voteraient pas pour lui, 81% des détenteurs du BEPC ou d'un CAP non plus. Même chose chez les chômeurs : 78% d'entre eux ne lui donneront pas leur voix.

Les limites du sondage
L'enquête a été réalisée avant les primaires du PS, certains chiffres sont donc à relativiser puisque parmi les candidats potentiels, les sondés avaient le choix entre Ségolène Royal, Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn et Lionel Jospin. On peut également regretter que les « petits candidats » ne soient pas tous représentés dans ce sondage. Enfin, si les chiffres récoltés par cette étude ne sont pas très éloignés des résultats obtenus à l'issue de la première vague d'enquête du Cevipof, en mars dernier, ils peuvent encore changer. 3eme vague : courant janvier. Affaire à suivre !



06/12/2006
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