La crise du « Monde » en questions
COMMENTAIRES
Minc et Collombani ont géré le Monde comme une entreprise capitaliste "normale", et ont ainsi transformé un titre de presse indépendant en un groupe de presse qui n'est plus maitre de son capital.Les amis de Minc gagnent sur tous les tableaux: ils vont prendre la main sur un groupe de presse, et eliminer un adversaire médiatique - déjà bien edulcoré - de leur mode de pensée libéral.
C'est TOUJOURS la meme chose: quand on "ouvre" le capital pour quelque raison que ce soit, on perd le contrôle de son destin. Liberation, Le Monde, Arcelor, Pechiney .... une entrée au capital n'est JAMAIS neutre.
La société des rédacteurs n'a que ses yeux pour pleurer, Ils suivent la destiné de Liberation quand Serge July claironnait pendant 20 ans l'independance du journal à chaque augmentation de capital et perte de pouvoir sur le journal. Ils ont cru les promesses des nouveaux partenaires, ils payent leur manque de clairvoyance.
La crise du « Monde » en questions
http://www.lexpansion.com/economie/actualite-entreprise/la-crise-du-monde-en-questions_139960.html?xtor=EPR-77Le groupe Le Monde a dix jours pour trouver une solution et se doter d'un patron. Au risque sinon d'être confié aux mains d'un administrateur judiciaire.
Où va Le Monde ? L'après Colombani est un champ de bataille. Depuis six mois et l'élection du successeur de Jean-Marie Colombani à la tête du groupe Le Monde, la crise qui secoue le titre n'a cessé de s'aggraver. Or, le contexte économique ne se prête guère à ses errements de gouvernance tant le quotidien de référence de la presse française vit une situation structurellement délicate.
Qui est le patron du groupe ?
Mais qui dirige le paquebot du boulevard Blanqui ? En juillet dernier, les choses étaient encore assez simples : Pierre Jeantet, le DG sortant, venu du groupe Sud-Ouest, succédait à Jean-Marie Colombani à la présidence du directoire, après 13 ans de règne de ce dernier. Aux côtés du nouveau patron ? Bruno Patino, vice-président (issu du Monde Interactif), et Eric Fottorino, le directeur du quotidien. Las ! Le triumvirat jette l'éponge moins de six mois plus tard, quelques jours avant Noël, avec effet au 25 janvier.
Raison invoquée par le trio : l'obstruction délibérée de la SRM, l'organe représentant les journalistes, et son interventionnisme systématique. Et puis, coup de théâtre : Eric Fottorino revient sur sa décision début janvier et « reprend » sa démission après avoir aplani ses différends avec la Société des rédacteurs. Et l'écrivain-journaliste de se porter dans la foulée candidat à la présidence du directoire. Les actionnaires externes du titre ainsi que l'Association Hubert Beuve-Méry, pourtant peu suspecte d'hostilité envers la rédaction, le désavouent par avance lors d'une réunion informelle mais "Fotto", seul en lice, se maintient tout de même.
Une démarche a priori vouée à l'échec puisque en vertu du système de gouvernance au Monde, le futur président du directoire doit réunir sur son nom 16 des 20 voix possibles, lesquelles se ventilent entre deux collèges : 10 administrateurs externes et 10 autres, internes. Et sur ce minimum de 16 voix, le prétendant doit encore gagner les 2 suffrages de la Société des rédacteurs du Monde (SRM, 13% du capital et 21% des voix au holding de contrôle), l'actionnaire de référence, qui dispose donc là d'un droit de veto.
Du coup, se profile le spectre de la nomination d'un administrateur provisoire. Seule issue juridique à la vacance du pouvoir. A moins que d'ici là, Eric Fottorino déniche la perle rare, un gestionnaire susceptible de l'épauler, dont le profil rassurerait les actionnaires extérieurs. « Fottorino seul, c'est mort. Voilà pourquoi ils se démènent tous pour trouver un gestionnaire, seule solution acceptable à long terme » note pour L'Expansion.com Philippe Cohen, grand connaisseur du titre et auteur avec Pierre Péan du fameux La face cachée du Monde.
Quel jeu joue Alain Minc ?
Celui qui a longtemps été le vrai homme fort du groupe (son "faiseur de rois" disait-on parfois), a été brutalement déchu l'été dernier. Son énième réélection à la présidence du conseil de surveillance a été violemment contestée par les représentants des personnels. Pour eux, sa reconduction était tout simplement illégitime dès lors que le candidat n'avait pas obtenu la majorité absolue, soit 11 voix sur 20, se contentant d'une majorité relative (10 voix). Rompu aux jeux de pouvoir, l'ex-major de l'ENA prend finalement la mesure de sa disgrâce au sortir de l'été non sans avoir bataillé et négocie âprement son retrait. Il consent à partir au plus tard le 31 mars 2008. Seulement d'ici là, Alain Minc abattra sa dernière carte le 25 janvier, lors d'un conseil de surveillance extraordinaire chargé de délibérer sur la candidature d'Eric Fottorino. Celui que la SRM accuse de torpiller le groupe en cherchant à le céder à Lagardère et/ou à l'espagnol Prisa n'a, aux dire d'un proche du dossier, « toujours pas digéré son éviction ». Jean-Michel Dumay, le président de la SRM, n'a-t-il pas lâché dernièrement : « C'est Alain Minc qui est à la manœuvre. C'est Minc, conseiller officieux du président de la République, qui a mis en œuvre un projet de déstabilisation politique ».
Où veut aller Lagardère ?
Lagardère cherche-t-il à rafler la mise ? De même, Prisa, propriétaire d'El Païs, l'équivalent espagnol du Monde, se tient-il en embuscade pour prendre le contrôle du journal français ? Au-delà des rumeurs et des intrigues en coulisses, les deux actionnaires minoritaires ont rappelé récemment qu'ils étudiaient le principe d'une augmentation de capital. « En fait c'est Alain Minc qui tire encore les ficelles, confie à L'Expansion.com un bon connaisseur de la planète médias. C'est un spécialiste des coups à plusieurs bandes. D'un côté, il pousse Lagardère et Prisa à renflouer le titre afin de diluer l'influence de la SRM. De l'autre, il agirait en sous-main pour Bernard Arnault et Vincent Bolloré, pas mécontents de passer pour les éventuels sauveurs ».
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