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L'or vert, moins propre qu'espéré

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on verra si le lobby de la FNSEA amenera Juppé à tirer une conclusion inverse.

L'or vert, moins propre qu'espéré

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ENERGIE. Comparés aux carburants d'origine fossile, les biocarburants ne seraient pas une très bonne affaire pour l'environnement, selon une étude commandée par trois offices fédéraux.

Etienne Dubuis
Mercredi 23 mai 2007

Il n'y a pas de miracle. Les carburants tirés de la biomasse (ou biocarburants) ne sont pas forcément plus respectueux de l'environnement que les carburants d'origine fossile. Telle est la conclusion d'une étude menée par l'Empa, un institut de recherche saint-gallois réputé, sur mandat des offices fédéraux de l'énergie, de l'environnement et de l'agriculture. Un énorme pavé dans la mare au moment où le parlement discute de possibles exemptions de taxes pour cette filière énergétique, considérée de plus en plus largement comme une excellente solution au problème des émanations excessives de gaz à effet de serre.

Le rapport de l'Empa, «Ökobilanz von Energieprodukten», compare les biocarburants produits actuellement aux carburants traditionnels. Il reconnaît que les premiers émettent beaucoup moins de gaz à effet de serre que les seconds, à l'exception de la filière du soja. En revanche, il les accuse de présenter un bilan mitigé lorsque est prise en compte la quantité d'énergie utilisée pour les produire. Et un bilan franchement négatif, lorsque sont retenus leur impact sur l'air, la terre et l'eau. Bref, s'ils réchauffent moins la planète, ils la polluent bien davantage. Il ne resterait plus qu'à choisir entre la peste et le choléra.

Dans le domaine des biocarburants, c'est la production de la matière première qui pose principalement problème, insiste l'étude. Elle induit une vaste déforestation, souvent par brûlis, dans les régions tropicales, ce qui provoque de vastes dégagements de CO2, accroît la pollution de l'air et porte atteinte à la biodiversité. Elle pêche par de faibles rendements à l'hectare, une fertilisation intensive et des labours lourdement mécanisés en zones tempérées. Ici comme là, l'environnement en pâtit.

Chef de projet et coauteur de l'étude, Marcel Gauch tient à ce stade à nuancer le tableau. «Il existe en réalité du bon et du mauvais dans le secteur des biocarburants. Le bon, ce sont les déchets organiques, qui s'avèrent très intéressants. Ils sont là et exigent de toute façon d'être traités. Autant les transformer en énergie. Le mauvais, ce sont les plantes, qui, elles, doivent être produites, ce qui suppose d'utiliser de l'énergie pour en obtenir, d'où, au bout du compte, une efficacité forcément moindre. Les énergies fossiles ont l'avantage de reposer sous terre. Le seul effort à réaliser est de les extraire.»

Les auteurs du rapport se servent de deux indices pour comparer les performances environnementales des différents types de carburants: la méthode suisse de la saturation écologique (UBP 06) et la méthode européenne Eco-indicator 99. Pour l'un comme pour l'autre, les biocarburants à base de plantes présentent un bilan mitigé. Ceux issus de déchets ont par contre d'excellentes performances. L'ennui est qu'ils ne seront jamais assez abondants pour répondre aux besoins de l'humanité. Selon Marcel Gauch, ils n'en couvriraient pas même 10%. Les biocarburants seraient à oublier? «Non, répond le chercheur. Lorsque l'énergie sera utilisée plus efficacement, ce pourcentage montera. Et il apportera une contribution intéressante à un effort diversifié.» Pas un remède miracle, donc. Mais pas un gadget non plus.




23/05/2007
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