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La colonisation israélienne se poursuit, quels que soient les gouvernements

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La réalité de la colonisation continue et ininterrompue (même sous Rabin) empêche tout accord, décredibilise les modérés palestiniens qui n'obtiennent rien, et renforcent donc les ultras comme le Hamas.
Avec Netanyahou au pouvoir, la paix au proche orient n'est pas pour demain.

La colonisation israélienne se poursuit, quels que soient les gouvernements

http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2009/02/02/la-colonisation-israelienne-se-poursuit-quels-que-soient-les-gouvernements_1149562_3218.html#xtor=EPR-32280155&ens_id=628857

Benyamin Nétanyahou n'a pas raté l'occasion. Opposé au retrait unilatéral de la bande de Gaza effectué par Ariel Sharon en 2005, le patron du Likoud avait mis en garde, à cette époque, contre le danger des tirs de roquettes "qui atteindront Ashdod et Ashkelon". "Qui a vu en 2005 ce que nous allions comprendre en 2009 ? C'est Nétanyahou !", bombarde un spot publicitaire.

L'homme qui, selon les sondages, a toutes les chances de devenir le prochain premier ministre d'Israël a donc eu raison avant tout le monde. C'est pourquoi il a clairement indiqué, le 31 janvier, qu'il n'était pas question de procéder à "un démantèlement par la force" des quelque cent colonies "sauvages" de Cisjordanie qu'Ariel Sharon avait promis de faire disparaître. "Il faut parvenir à un accord à l'amiable avec les résidents", a insisté M. Nétanyahou. Ce dernier s'est prononcé contre la création de nouvelles implantations, mais il souhaite néanmoins que la construction se poursuive pour faire face à la croissance naturelle.

Or la pression démographique est telle que l'édification de nouveaux logements ne suffit pas. Et cela malgré une nette accélération au cours de l'année 2008, comme vient de le révéler l'organisation pacifiste israélienne La Paix maintenant. Les constructions ont en effet augmenté de 57 % et le nombre total des colons est passé de 270 000, en 2007, à 285 000, en 2008. Le taux de croissance dans les colonies est en moyenne de 5 % chaque année, soit plus de deux fois supérieures à la croissance démographique en Israël. "Personne n'a véritablement de projet de mettre fin à la colonisation. Tous les responsables politiques disent la même chose. La croissance naturelle, c'est la colonisation qui se poursuit sous un autre nom", fait remarquer l'historien Zeev Sternhell, farouche opposant à celle-ci. A la périphérie orientale de Jérusalem, les constructions redoublent aussi. L'encerclement se poursuit afin de constituer un "Grand Jérusalem" qui interdirait à un Etat palestinien d'avoir Jérusalem-Est comme capitale.

La dernière zone libre de toute habitation, le secteur E1, au nord-est, fait l'objet d'une pression de plus en plus accentuée de l'administration israélienne. Jusqu'à présent, les Américains s'y opposaient farouchement, car son annexion couperait définitivement la Cisjordanie en deux et ferait d'un Etat palestinien "continu et viable" une chimère. Un énorme commissariat de police a déjà été édifié au sommet de collines arides et tout un réseau d'infrastructures a été mis en place afin de préparer le terrain à la construction de logements.

"SANS AUCUN PERMIS"

Le quotidien Haaretz a révélé, dimanche 1er février, que 200 millions de shekels (40 millions d'euros) ont été investis au cours des deux dernières années pour viabiliser une partie de la zone E1 d'une superficie de 12 hectares. Il s'agit d'opérer la jonction entre la colonie de Maale Adumim (35 000 habitants) et Jérusalem et d'empêcher toute partition de la ville. Près de 200 000 colons ont déjà élu domicile dans le chapelet d'implantations qui entourent l'est de Jérusalem.

Depuis un rapport officiel de 2005 sur les colonies "sauvages" et la nécessité d'y mettre un terme, il était déjà connu que la plupart d'entre elles étaient établies sur des terres palestiniennes. Aujourd'hui, on apprend qu'environ 75 % des 120 implantations de Cisjordanie "ont été construites sans aucun permis ou en violation totale de ceux qui ont été délivrés et que dans plus de trente d'entre elles, bon nombre de bâtiments ont été édifiés sur des terres privées appartenant à des Palestiniens".

Ce constat émane d'un autre rapport officiel rédigé par le général Baruch Spiegel, après une longue enquête, à la demande du ministre de la défense de l'époque, Shaul Mofaz. Son contenu, considéré comme de la "dynamite politique", est resté secret. Ehoud Barak, actuel ministre de la défense, a refusé de le publier, estimant qu'il pouvait "représenter un danger pour la sécurité de l'Etat et causer du tort aux relations internationales d'Israël". Révélé, vendredi 30 janvier, par le quotidien Haaretz, ce rapport démontre "qu'il y a eu une violation systématique des lois internationales et du droit de propriété des Palestiniens", affirme Michael Sfard, avocat de Yesh Din, une organisation israélienne de défense des droits de l'homme.

Il estime qu'à partir de ces données officielles, les personnes spoliées pourront désormais saisir la justice nationale, voire les tribunaux internationaux, pour faire valoir leurs droits. Ce document officiel "jette une lumière crue sur les déclarations pacifiques d'Israël et sur la position officielle selon laquelle les colonies ont été créées en accord avec les normes internationales et dans le respect de la propriété privée", écrit Haaretz dans un éditorial.




03/02/2009
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