Le siècle des guérillas
COMMENTAIRES
derrière cette analyse interessante des stratégies militaires - on peut faire pas mal de remarques. En voici 2:- l'occident appelle terroristes certains combatants de la guerre du fort au faible; vu du faible, le terroriste est un résistant. Utiliser cette terminologie à tort et à travers est à la fois stupide et inefficace puisqu'amalgamer une cause qui peut être considérée par de nombreuses personnes comme juste, rend populaire les formes vraiment noires du terrorisme (madrid, 11 septembre, Londres ..).
- Quand l'occident se retrouve dans une guerre du fort au faible, n'est-ce pas parce qu'il intervient là où il ne devrait pas aller ? C'est nuisible à long terme, et ça ne fonctionne pas. L'irak est un excellent exemple actuel - il y en a d'autres dans les 50 dernières années.
Avec la course aux armements des USA (55% du budget mondial) et de l'europe occidentale (25% de plus), il y en aura d'autres dans le futur.
Le siècle des guérillas
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3404,36-868581@51-666777,0.htmlPour Gérard Chaliand, spécialiste des conflits armés, les guerres asymétriques entre grandes puissances et forces non conventionnelles vont se multiplier. Les armées n'y sont pas préparées.
Les attentats, avec morts et blessés par centaines, se succèdent à Bagdad. L'échec des Etats-Unis en Irak présage-t-il une généralisation des conflits opposant une guérilla à une armée régulière puissante ?
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La guérilla ou le terrorisme vont en effet occuper une place croissante, car c'est la seule technique dont dispose le faible pour résister au fort. Ces conflits asymétriques, ou guerres irrégulières, envoient un message : ils indiquent que les forts peuvent être mis en échec. A condition, pour les faibles, d'accepter d'en payer le prix. A cet égard, l'Irak, et demain l'Afghanistan, sont des exemples encourageants pour les insurgés qui luttent contre des troupes occidentales.
En Irak, il y a eu erreur, de la part des Américains, sur la "nature" de la guerre. L'insurrection de 2003 a été d'abord niée puis mal analysée. Les insurrections des soixante dernières années ont toutes commencé avec peu d'hommes, peu d'armes, peu de moyens financiers. Toute l'intelligence d'un mouvement insurrectionnel est de chercher, avec le temps, à transformer progressivement sa faiblesse initiale en force. Or en Irak, c'est le noyau d'un Etat qui a constitué le fer de lance de l'insurrection : services secrets, fedayins, Garde républicaine spéciale. L'insurrection a disposé d'emblée de combattants, d'armes, d'argent, de renseignements.
Faut-il en conclure à l'avenir à la supériorité quasi systématique de la partie militairement la plus faible ?
Pour une série de raisons liées à la démographie, au vieillissement des populations, à l'évacuation de l'inéluctable réalité de la mort, les armées occidentales et plus encore leur opinion publique ne peuvent plus supporter que des pertes très modestes.
A l'inverse, des adversaires issus de sociétés plus ou moins traditionnelles, aux démographies vigoureuses et aux populations jeunes, admettent de subir des saignées.
Lors de tels conflits, le rapport des pertes humaines entre les deux camps est en moyenne de 1 à 8. L'équilibre est ainsi rétabli. L'asymétrie, fondée sur la technologie, n'est qu'apparente. Les guerres irrégulières démontrent, comme en Irak et en Afghanistan, voire au Liban sud, leur redoutable efficacité. Elles ne permettent pas de gagner militairement, mais acculent l'adversaire et jouent sur le "temps", facteur capital.
Les grandes puissances sont-elles préparées à ces conflits futurs ?
Les armées classiques n'y sont pas adaptées. Grâce aux nouvelles technologies, les troupes régulières peuvent échapper aux radars ou cibler des objectifs importants à l'aide d'armes autoguidées (les PGM ou Precision guided munitions). Mais la capacité des fantassins à se disperser et à se dissimuler rend ceux-ci redoutables, surtout depuis que des armes individuelles peuvent détruire des tanks comme à Grozny ou au Liban sud.
On annonçait des guerres technologiques sans corps-à-corps. Les troupes occidentales vont-elles devoir se familiariser à nouveau avec la violence ?
En effet. Nos sociétés nord-américaines ou ouest-européennes n'ont plus avec la violence qu'un rapport devenu abstrait ou virtuel. Or les guerres irrégulières se livrent au sol. Elles impliquent le combat rapproché, fondé sur la surprise et la mobilité, principes cardinaux de la guérilla. Dès lors, il n'y a pas d'échappatoire à la violence. L'éviter équivaut à laisser le terrain à l'autre. C'est ce qui s'est passé en Afghanistan. C'est ce que l'état-major israélien a cru pouvoir éviter au Liban sud...
La vue de cadavres mutilés, l'odeur de charniers récents, ponctuée par la peur présente dès qu'on patrouille sont le quotidien de troupes qui font l'expérience, dans leur peau, de ce qu'est la violence. Ce type de conflits est porteur de haines extrêmes.
On en ressort endurci jusqu'à être éventuellement devenu soi-même bourreau pour certains, ou écoeuré jusqu'à la culpabilité. On est très loin de la guerre où l'adversaire n'a pas de visage.
Les cyber-guerres, c'est-à-dire la possibilité de perturber les structures de commandement et de communication via des hackers, vont-elles émerger ?
Oui, ce cas de figure est du domaine du possible. Par exemple, dans le cadre de guerres classiques entre adversaires aux technologies avancées. Ou bien comme en Irak, en 2003, lorsque des radars ont été rendus inopérants. Par contre, la désorganisation générale du système de défense d'un Etat avancé par quelques individus dotés de savoir-faire et d'imagination technologiques est du domaine du fantasme.
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