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La France crée une base militaire face à l'Iran

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On continue à jouer aux grandes puissances avec les moyens d'une puissance moyenne.
La nouvelle diplomatie française a peut-etre d'autres choses plus intelligentes à faire

La France crée une base militaire face à l'Iran

http://www.lefigaro.fr/international/2008/01/16/01003-20080116ARTFIG00002-la-france-cree-une-base-militaire-face-a-l-iran.php
Arnaud de La Grange
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Aux portes du détroit d'Ormuz, par où transite 40% du pétrole mondial, l'implantation française va regrouper 400 à 500 hommes des trois armes.

Des forces françaises stationnées en permanence dans les eaux bouillonnantes du Golfe, aux portes du détroit d'Ormuz, face à l'Iran : cette posture longtemps improbable va devenir réalité à l'horizon 2009. L'Élysée a confirmé hier qu'une base française interarmées permanente allait être créée à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis. Un mémorandum a été signé hier par Nicolas Sarkozy, à l'occasion de sa visite dans le pays. Le projet est ambitieux puisque la base aura une forte composante navale, dans le port d'Abu Dhabi, mais aussi des éléments des armées de terre et de l'air, dont certains «tourneront» sur le site. Au total, ce sont 400 à 500 hommes qui vont bivouaquer près de l'épicentre des conflits du Moyen-Orient.

Politiquement, la décision est forte, surtout en des temps de confrontation diplomatique avec Téhéran, dossier sur lequel la France a durci sa position depuis que Nicolas Sarkozy est aux affaires. Stratégiquement, elle est tout aussi importante. En cas de conflit dans la région, la France se trouvera quasi automatiquement impliquée dans la bataille. En ce sens, la création de la base permanente s'inscrit dans la droite ligne de l'accord de défense signé en 1995 entre la France et les Émirats arabes unis. «C'est l'accord de défense le plus étroit, le plus contraignant jamais signé par la France, commente une source diplomatique, il est beaucoup plus complet et fort que celui signé avec le Qatar.»

Le poids de Washington reste écrasant

Dans le Golfe, la France franchit clairement un seuil géopolitique. Certes, cela fait bien longtemps que des navires français croisent presque en permanence dans le Golfe, relâchant dans les différentes monarchies littorales. Des troupes ou avions français participent régulièrement à des exercices militaires. Et des instructeurs forment pilotes d'hélicoptère émiriens, gendarmes qatariens et bien d'autres spécialistes. «Mais cette présence restait souple, confie la même source, on adaptait notre présence au tempo diplomatique : si on voulait se faire discrets, on réduisait. Une base, c'est autre chose : quand on est là, on est là…» Avec le risque, bien sûr, d'être une cible pour les terroristes ou les missiles iraniens, en cas de déflagration. Les garanties de sécurité accordées à l'implantation française vont être au cœur des négociations à venir entre Abu Dhabi et Paris.

À Paris, on tient à préciser que cette base découle d'une demande des Émiriens, et non l'inverse. Pour ne pas s'enfermer dans un face-à-face étouffant avec les États-Unis au demeurant mal perçu par leurs populations , les monarchies du Golfe s'attachent à diversifier leurs partenaires, tant pour les achats d'armes que pour les accords de coopération militaire. Le poids de Washington reste écrasant : Bahreïn accueille l'état-major de la Ve flotte, le Qatar le QG du Central Command et le centre d'opérations aériennes (CAOC) d'où sont gérés tous les avions alliés qui bombardent en Irak et en Afghanistan, et le Koweït de gigantesques bases terrestres. Sans compter des facilités aériennes aux Émirats (à Al Dhafra, près d'Abu Dhabi) et à Oman. Au Qatar, où sont stationnés 5 000 soldats américains sur l'énorme base d'al-Udeïd, la France anime une école de gendarmerie et une duplication de Saint-Cyr.

Mais ce sont les Émirats qui ont toujours été les plus tournés vers Paris. Des manœuvres communes ont lieu tous les ans et, au Kosovo, les Français encadraient une brigade émirienne. Mais c'est dans le domaine des ventes d'armes que cette complicité s'illustre le mieux. Les Émirats se sont équipés d'avions Mirage (de F16 américains, aussi, en 1999) et possèdent plus de chars Leclerc que l'armée française. Nul doute que Paris espère aussi que cette base inédite facilitera dans l'avenir quelques jolis contrats.




16/01/2008
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