La productivité, ses mythes et ses menteries
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c'est bien ce qu'on compris certains pays développés: il y a beaucoup d'employés dans le metro au Japon - à Paris on preferre automatiser avec les tourniquets, il y a du personnel pour mettre vos produits dans des sacs dans les grandes surfaces aux USA, des hotesses d'accueil et des serveurs en double dans les hotels et les restaurants par rapport à la France ...
La productivité, ses mythes et ses menteries
http://www.lesechos.fr/journal20070528/lec1_idees/4580521.htmTrop de candidates et de candidats se gargarisent de la productivité : nous serions, en France, des champions toutes catégories, notre heure de travail produirait plus que celle de nos compétiteurs d'autres nations, il y aurait encore du grain à moudre, nous pourrions redistribuer plus, tout va bien madame la Marquise. Tentative soit incompétente soit mensongère pour anesthésier le bon peuple et lui éviter les douleurs de la vérité. Car la réalité dément par deux observations.
De quoi parlons-nous ? La productivité se mesure par des techniques préconisées par l'OCDE : sur une année, la richesse produite par le pays (le PIB, 1.750 milliards d'euros chez nous) se divise par le total des heures travaillées (38,8 milliards en France). Qu'observons-nous ? Dans le pays où le salaire des qualifications les plus faibles est le plus élevé, l'appel à la mécanisation est le plus tentant et sa justification économique la plus pressante ; y céder améliore la créativité, et fabrique davantage de chômeurs. La municipalité de Noaire-sur-Eygues employait six balayeurs pour la propreté et le ramassage des feuilles mortes. Préoccupée des taxes imposées à ses électeurs, elle a vite remplacé trois départs à la retraite par une balayeuse mécanique et une machine à aspirer les feuilles, toutes deux fabriquées en Chine. Même résultat, même richesse produite, heures de travail divisées par deux, productivité améliorée de 100 %. Trois RMIstes sont restés dans leur détresse... Avec un SMIC en rapport réel avec la valeur du travail fourni, et moins de charges pour payer les inactifs forcés, leurs trois embauches auraient été préférées à une mécanisation totalement optionnelle. Mais la productivité serait demeurée la même.
Louis Tartemolle a une entreprise de réhabilitation d'immeubles, tous corps d'état. Il emploie François, Rodrigo, Ahmed, Joao et Boris. Les salaires au SMIC avec leur généreuse évolution, et les charges, excessives à ses yeux, le conduisent à licencier les trois premiers, puis à les employer subrepticement au noir. Mêmes chantiers conduits, même richesse produite, l'entreprise ne déclare plus que les heures de trois personnes, la productivité mesurée est multipliée par deux. Trois inscrits aux Assedic en plus. Il suffit de bien faire attention aux contrôles de l'Urssaf, ce qui, paraît-il, n'est pas vraiment sorcier...
Ainsi, partout les grandes rivières nationales ne sont faites que de ces petits ruisseaux : le chiffre fétichisé de la productivité ne cesse de s'améliorer, et il ne fait que refléter en corollaire une dégradation incessante de l'emploi. Le SMIC à 1.500 euros net plaira aux électeurs, et en marginalisera encore un plus grand nombre.
Démonstration éloquente dans deux îles du même archipel, identiques en peuplement, pas si distantes en populations, équivalentes en ressources et possibilités, mais bien différentes en approche sociale du travail : La Réunion a un taux de chômage de 31 %, l'île Maurice de 11 % (chiffres de 2005). Mais la productivité dans notre DOM est bien meilleure que chez son voisin indépendant...
La productivité, c'est excellent pour la nation quand, découlant de la qualification en progrès et de l'inspiration plutôt que de la transpiration, elle améliore la vraie richesse produite par chaque vraie heure travaillée. Elle devient néfaste quand elle réduit le nombre total d'heures travaillées, les vraies comme les déclarées, quand l'offre d'emploi est globalement insuffisante, et quand les chômeurs qu'elle suscite ne retrouvent plus immédiatement de boulot. Mesdames, Messieurs, un peu de lucidité et d'honnêteté, s'il vous plaît...
JEAN-PAUL NERRIERE est dirigeant d'entreprises multinationales
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