Revue de presse - Savoie

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Le crash de Dubaï, une preuve (de plus) que rien n'a changé

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on peut ajouter à cet article déjà clair la performance remarquable des agences de notation dont le but officiel est d'évaluer le risque financier
Ici, encore une fois, ces agences ont baissé la note de Dubai ... après l'annonce de Dubai. Aucune anticipation, rien alors que l'immobilier ne s'est pas ecroulé avant-hier.  En fait, les véritables clients des agences sont leurs bailleurs de fond, c'est à dire les sociétés qu'elles notent. Et donc elles ne pouvaient pas dire il y a 6 mois "vendez Dubai, risque elevé".

Le pouvoir des agences est énorme : la note qu'elle donne impacte directement le taux des prêts. Il est impératif d'avoir des agences indépendantes - des états et des sociétés, une agence européenne pourrait être une solution

Le crash de Dubaï, une preuve (de plus) que rien n'a changé

http://www.marianne2.fr/Le-crash-de-Dubai,-une-preuve-de-plus-que-rien-n-a-change_a182927.html?preaction=nl&id=2934975&idnl=25812&

Sans aucun revenu propre, Dubaï s'est payé des années durant une vie de rêve immobilier et financier sur le pétrole de ses voisins. Une «bulle» dont tout le monde connaissait l'existence. Insolvable pour 80 à 90 milliards. Dubaï pourrait bien trinquer pour un système que personne n'a voulu réformer, de peur de se priver d'argent facile.

Dubaï, terre de mirage : sur ce bout de sable, seuls poussent les grattes-ciels, les aéroports et les profits financiers. Même pas une goutte de pétrole pour les jours de crise : dommage, l'émirat en aurait bien besoin... Quand le fond Dubaï World a annoncé jeudi 26 novembre son incapacité à honorer un sukuk (créance islamique) de 3,5 milliards de dollars, le rideau est tombé, révélant les 59 milliards de dette de cette société et les 80 à 90 milliards d'endettement de l'Etat. Dubaï est une illusion en faillite.

Ces experts qui savaient... mais ont préféré s'enrichir jusqu'au dernier moment

Cette bulle, c'est le pétrole des émirats voisins (notamment Abu Dhabi) qui l'a faite gonfler : rassurées par cette garantie en or noir, les banques arabes, européennes (dont la BNP et le Crédit agricole) et américaines ont prêté sans penser aux lendemains qui déchantent... Dubaï a ainsi mené grand train des années durant, sans que personne vienne critiquer, chacun touchait sa part du gâteau en juteux intérêts. Jusqu'au jour où l'émir Al Nahyan a refusé de se porter garant.

Malgré le sommet de Pittsburgh et tous les beaux discours, personne n'avait vu venir le coup : prises de court, les agences de notation n'ont corrigé que très tardivement le tir, dégradant six des plus importants groupes du pays. Ce qui n'a pas empêché les principales bourses européennes de dévisser de plus de 3%. Les analystes s'époumoneront, comme ils le faisaient dès vendredi matin à la radio radio, à dire qu'ils «savaient». Comme le remarquait Daniel Schneidermann, ils ne seront pas les seuls à devoir trouver des excuses : des années durant, des journalistes ont filmé avec émerveillement ce conte des Milles et une nuit immobilier, faisant rêver la France, ses banques, ses investisseurs...

Mais le réveil est difficile : selon Crédit suisse, l'engagement des banques européennes à Dubaï s'élèverait à 13 milliards d'euros. Sur quoi ont-elles misé ? Sur du sable et des immigrés pakistanais, indiens et indonésien (Dubaï est le premier pourvoyeur de devises étrangères du pays) amenés dans le pays pour ériger des tours vides à la gloire du pognon extorqué à leurs voisins dans le plus grand respect des règles éthiques de la finance islamique. Encore un pseudo rempart contre la crise qui s'est effondré... et dont les experts aussi connaissaient la fragilité !

Et ce n'est pas la dernière cloison qui tombera. Avec tous ses profits tirés de la spéculation immobilière et financière, Dubaï s'était constitué un sympathique portefeuille d'actions : Sony, EADS, Daimler... Si l'émirat devait se séparer de ces actions (seuls réelles ressources dont il dispose), ce sont ces entreprises qui trinqueraient et, après elles, leurs employés. Sans parler de la crise de confiance envers les pays du Golfe qui s'en suivrait. Après l'effondrement de la bulle, voici le circuit par lequel une nouvelle crise pourrait se propager.

Une implosion qui aurait pu être évitée... si le capitalisme avait été réformé !

Mais, les «experts» vous le répéteront : tout cela, ils le savaient. Malgré cela, ils n'en ont pas tenu compte, n'ont pas prévu l'effondrement et n'ont rien fait pour empêcher la bulle de se former. Pourquoi ? Chacun y trouvait son compte : les spéculateurs immobiliers, les banques prêtant à de généreux taux à l'émirat, les entreprises qui accueillait les gras pétrodollars dans leur capital...

Pour enrayer la machine, il aurait fallu renoncer à l'argent facile, surveiller la solvabilité réelle de Dubaï, contrôler les permis de construire, ainsi que le salaire des ouvriers importés pour l'occasion et traités comme du bétail... Bref, il aurait fallu réformer le capitalisme. Un effort dont les fameux experts sont malheureusement incapable. Mais ça, c'était fort prévisible.



27/11/2009
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