Le destin impérial
Le destin impérial
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D’ores et déjà, le mouvement décidé par Barack Obama est irréversible
Il y a un quart de siècle, le camarade Mikhaïl Gorbatchev se résolvait au départ des troupes soviétiques d’Afghanistan.
Personne n’en avait à l’époque pleinement conscience, mais cette décision qui avait horrifié le Politburo n’annonçait pas seulement la fin de l’invasion du pays.
Elle allait aussi sonner le glas des velléités impériales de l’Union soviétique et, bientôt, de l’empire lui-même.
Les Etats-Unis de Barack Obama n’en sont pas là.
Déjà promis dans les grandes lignes par le président au moment de durcir le conflit, le retrait progressif de 30 000 hommes d’ici à septembre prochain correspondrait à une stratégie militaire dont la mort d’Oussama ben Laden n’a fait que souligner la réussite du point de vue symbolique.
Pourtant, c’est bien le destin impérial de l’Amérique qui est en train de se jouer.
Au-delà des quelques poignées de combattants d’Al-Qaida qui restent actifs dans les montagnes afghanes, le réel objectif de cette longue guerre a été de plus en plus clairement lié au Pakistan, et au risque qu’une implosion de ce pays puisse provoquer un chaos régional sans fin, assorti de menaces nucléaires.
Aujourd’hui, les ressources font défaut aux Etats-Unis pour maîtriser ce risque avec la présence continue de dizaines de milliers de soldats.
«Nous n’avons pas trouvé la clé pour résoudre le problème», disait à l’époque le président Gorbatchev.
Ici aussi, la clé manque, comme sont désormais absentes la motivation et la confiance pour continuer de la chercher, après une décennie de guerre coûteuse et meurtrière.
Face à une Amérique qui ne veut plus de ce conflit, le caractère précipité du retrait annoncé par le président rend pour l’instant plus flou l’avenir, et plus particulièrement la nature de la présence américaine dans ce pays au-delà de 2014.
Certes, cette présence se poursuivra, sous une forme que les militaires et les responsables politiques américains doivent aujourd’hui déterminer à la lumière de cette nouvelle donne.
Mais, d’ores et déjà, le mouvement décidé par Barack Obama est irréversible.
Que celui-ci soit dû à la fatigue, à la sagesse ou à la manifestation du «déclin» de l’Amérique et de sa fin proche de seule hyperpuissance, il marque la fin d’une ère.
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