Le fossé se creuse
c'est plus clair vu de l'étranger
Le fossé se creuse
Le ministre français du Travail n’est sans doute pas mécontent que le Waterloo des Bleus occulte temporairement une affaire qui écorche son image. Par François Gross
Le ministre français
du Travail n’est sans doute pas mécontent que le Waterloo des
Bleus occulte temporairement une affaire qui écorche son image.
Avant de se coltiner le dossier des retraites, Eric Woerth était
responsable du Budget, un poste clé dans le gouvernement de la
République. Son titulaire traque les fraudeurs fiscaux et bénéficie
d’une marge de manœuvre suffisante pour conclure avec les
déserteurs de l’impôt des arrangements à l’amiable. Il a été
appelé, en 2007, par Nicolas Sarkozy à occuper ces délicates
fonctions. Est-ce un hasard si, à la même époque, son épouse,
Florence Woerth, versée dans la finance, a été associée à la
gestion des biens de Mme Liliane Bettencourt, héritière du
fondateur de L’Oréal? Cette octogénaire pluri-milliardaire a
placé en Suisse et ailleurs une partie de sa fortune. Est-ce une
coïncidence si l’annonce par
Mme Crésus du rapatriement des
magots planqués à l’étranger a précédé d’une vingtaine de
minutes celle de la démission de sa conseillère, laquelle affirme
avoir tout ignoré des libertés prises par sa patronne avec le fisc?
Il ne suffit pas à la France d’être la risée de l’univers footballistique. Son équipe gouvernementale en rajoute. Un ministre, amateur de havanes, en a fait payer l’achat par l’Etat. Tel autre a «bidouillé» un permis de construire pour agrandir sa villa de Saint-Tropez. Un troisième a mis à la disposition de ses enfants deux appartements de fonction. Quant à une pourfendeuse de la dépravation des mœurs, chargée d’un rapport bidon par le président de la République et coquettement rémunérée pour cela, elle a été joliment qualifiée de «sainte-qui-touche» par Le Canard enchaîné.
Blindés par une ribambelle de précédents sous des présidences de droite comme de gauche, les Français haussent les épaules: «Tous les mêmes!» C’est à peine s’ils écoutent les cris de paon de politiciens de la majorité, dénonçant les micros espions, les prétendus «ragots» des médias et les charges d’humoristes en passe d’être écartés des micros. Ils n’entendent pas davantage les diatribes de l’opposition. Il y eut certes des scandales, et de taille, sous des règnes antérieurs. Jacques Chaban-Delmas et ses impôts; Valéry Giscard d’Estaing et ses diamants: François Mitterrand et les écoutes téléphoniques; Jacques Chirac et ses casseroles ont rempli les prétoires et les rayons des bibliothèques. Pour pendables qu’ils étaient, ces comportements baignaient dans l’environnement de l’argent-roi. Ils n’étaient pas, non plus, le fait d’élus se faisant les apôtres de «la rupture avec l’Etat instrumentalisé au profit d’intérêts personnels ou politiques», à la façon du candidat Nicolas Sarkozy. Ils n’accompagnaient pas l’annonce de la rigueur, de coupes drastiques dans les budgets publics et de la réforme des retraites.
Bien plus que la déculottée de footballeurs, le fossé entre les surintendants du Fouquet’s et le peuple appelé aux sacrifices pourrait provoquer, lui, un véritable «désastre moral».
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