Revue de presse - Savoie

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Le gouvernement rêve d'une croissance à crédit à l'américaine

Commentaires:
- la relance par la dette, avec un endettement des ménagesfrançais à 65% - voila une idée qui met en lumière les raisons de la croissance britannique et de la croissance américaine où les ménages ont un endettement supérieur à 120% de leur revenu annuel. La limite du modèle est vite atteinte
- à court terme, ça fonctionne, si on augmente l'endettement des menages de 2% par an, on tient meme plus de 25 ans avec un moteur de croissance de la consommation de 2%
- à long terme, on va dans le mur, comme le ralentissement de la consommation anglaise le montre et le nombre de faillite des menages.
Si gouverner c'est prevoir, inciter les menages à s'endetter, c'est prevoir leur faillite dans 25 ans.

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Le gouvernement rêve d'une croissance à crédit à l'américaine

Le gouvernement rêve d'une croissance à crédit à l'américaine


LExpansion.com 21 mars 2006

La consommation des ménages reste le moteur n°1 de la croissance en France, comme sa performance en février - une hausse record des dépenses de +1,8% - vient à nouveau de le démontrer. Ce qui n'empêche pas le gouvernement de penser qu'il est possible de le faire tourner encore plus vite. C'est tout l'objet de la réforme du crédit hypothécaire, qui doit être adoptée mercredi, par une ordonnance signée en conseil des ministres. Ce toilettage du régime français de l'hypothèque a effectivement pour ambition de soutenir la consommation des ménages français en les incitant à recourir au crédit à la consommation, encore sous-développé en France.

L'idée de cette réforme avait été lancée en 2004 par Nicolas Sarkozy lors de son passage au ministère de l'Economie. Son souci ? Simplifier et alléger le coût de la prise d'une hypothèque, un système relativement peu utilisée dans l'hexagone. Selon la Fédération bancaire française, en effet, seuls 32% des prêts immobiliers étaient adossés à une hypothèque à fin 2004, là où les prêts garantis par un logement représentent plus de 78% de l'ensemble des prêts aux ménages au Royaume-Uni. Le président Jacques Chirac s'était également prononcé au début janvier 2005 pour "une réforme profonde du crédit hypothécaire" afin de réinjecter dans l'économie une part de la richesse accumulée dans l'immobilier. "C'est une des clés de la forte croissance américaine de ces dernières années", avait-il fait valoir.

Le projet d'ordonnance consacre donc la création de deux nouveaux outils d'emprunt. D'une part, le crédit hypothécaire dit "rechargeable". Il permet au titulaire d'un prêt immobilier de réutiliser les sommes déjà remboursées pour contracter de nouveaux emprunts. Ces derniers restent gagés sur la valeur du logement hypothéqué. Mais ils peuvent servir à d'autres usages que l'achat d'un bien immobilier, comme financer des travaux de rénovation ou acheter des biens de consommation courante. Jusqu'à présent, en France, l'hypothèque ne pouvait pas servir à un autre objet que celui dont elle garantissait le financement, en vertu du "principe de spécialité". Par ailleurs, le rechargement du crédit pourra se faire dans n'importe quelle banque, et pas nécessairement dans celle où le crédit initial a été souscrit.

Deuxième grande innovation, le prêt viager hypothécaire. Il vise à permettre aux personnes âgées de percevoir un complément de retraite. Inspiré de l'hypothèque inversée (reverse mortgage), en vigueur aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, il prend la forme d'un capital ou d'une rente et est garanti par une hypothèque constituée sur un bien immobilier. La banque récupère le capital lors de la vente du logement, à l'occasion du décès du propriétaire ou de son déménagement. Les héritiers peuvent conserver le bien mais dans ce cas remboursent eux-mêmes la banque.

Reste à savoir si ces deux dispositifs d'inspiration anglo-saxonne peuvent s'acclimater en France et avoir le même effet dopant sur la croissance. Rien n'est moins sûr. Car l'essort du crédit hypothécaire, même rechargeable, risque d'être limité par le poids prépondérant du système de la caution. La majorité des prêts immobiliers de l'hexagone (51% des encours) sont en effet accordés par les banques sous ce régime, beaucoup moins onéreux. C'est d'ailleurs pour cela que l'ordonnance prévoit également d'alléger les coûts de la prise d'hypothèque. Mais modifier des habitudes de crédit est une tâche de long terme. Plusieurs spécialistes se montrent donc sceptiques quant à l'impact de la réforme sur la consommation des ménages. Dans un contexte macro-économique plus favorable à l'épargne qu'à l'emprunt, la politique de crédit des banques, trop restrictive, devrait en limiter la portée à un "marché de niches", estime ainsi l'agence de notation Standard and Poor's.

Un tel scénario rassurerait en tout cas ceux qui - économistes ou associations de consommateurs - s'inquiètent des éventuels effets négatifs de la mesure en terme de surendettement. Risque que la Fédération bancaire française a elle-même souligné. Elle juge que le crédit hypothécaire rechargeable doit être "encadré" pour éviter "tout danger d'endettement excessif qui ferait porter un risque sur le logement familial".


24/03/2006
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