La droite revient au pouvoir au chili… par les urnes
COMMENTAIRES
les medias donnent des infos partiales - et présentent la "gauche" chilienne et Mme Bachelet sont l'idéal democratique.Si c'est vrai, pourquoi perdent-ils ?
La réalité n'est pas aussi idylique, certes la gauche chilienne est une avancée considérable et induscutable par rapport à Pinochet - mais qui, démocratiquement élu, ne le serait pas ?
En réalité, la gauche chilienne est d'un rose très très pale, elle soutient les milieux d'affaires ultra-libéraux, la pauvreté reste très élevée.
Donc la gauche au pouvoir n'est pas à gauche, elle se divise et elle perd. Il n'y a rien de surprenant là-dedans - il suffit d'analyser "un peu" la réalité au lieu de s'en tenir aux étiquettes et à l'image d'épinal qu'on a fait à Mme Bachelet.
Mais tout ça, on ne l'entend pas dans les médias de masse français tenus par .... les groupes financiers ultra-libéraux
La droite revient au pouvoir au chili… par les urnes
http://www.bakchich.info/La-droite-revient-au-pouvoir-au,09824.htmlLa victoire de la droite, lors des élections présidentielles chiliennes, dont le second tour eut lieu ce dimanche, a finalement élu Sebastián Piñera, homme d’affaires milliardaire, avec 51,6%. Analyse.
La coalition politique associant la démocratie chrétienne et les partis de centre gauche – Parti socialiste et Parti pour la démocratie, au pouvoir depuis le 11 mars 1990, n’a pas réussi à imposer son candidat, l’ancien président démocrate-chrétien Eduardo Frei, défait avec 48, 3%. Fruit de l‘opposition à la junte militaire d’Augusto Pinochet, à l’origine de la défaite de la dictature lors du plébiscite d’octobre 1988, la Concertación était au pouvoir depuis vingt ans, majoritaire à toutes les élections, hormis aux élections municipales de 2008.
Les résultats du premier tour, certes mauvais pour la Concertación avec 29,62 %, avaient néanmoins soulevé un mince espoir. La droite donnée gagnante par les sondages obtenait le score de 44%. Le candidat de la gauche radicale, de la gauche chrétienne et du parti communiste, ancien ministre socialiste d’Allende, Jorge Arrate sauvait les meubles avec 6, 21%.
La surprise était venue de Marco Enríquez-Ominami Gumucio (MEO). Le jeune homme de 36 ans avait rompu avec le Parti socialiste, dont il était député, et s’était lancé dans une campagne indépendante. Bénéficiant d’un engouement médiatique certain, le fils de Miguel Enrique, dirigeant du MIR (mouvement de la gauche révolutionnaire), assassiné par la dictature, et de Manuela Gumucio, héritière d’une dynastie démocrate-chrétienne, adopté et élevé par Carlos Ominami, ancien ministre et sénateur socialiste, s’est transformé en outsider de l’élection et finit par obtenir 20.12%, lors du premier tour.
Centre gauche, l’usure du pouvoir
L’épuisement de la coalition au pouvoir depuis vingt ans est une des explications de la victoire de la droite. La campagne de Frei, sénateur, fils d’un ancien Président (1964-1970), et ancien Président lui-même (1994-2000) n’offrait comme perspective qu’une pâle continuité du gouvernement Bachelet. Le choix du candidat s’est fait d’ailleurs sans débat politique ni consultation populaire, fruit d’un accord entre les directions politiques.
Si la Concertación a le grand mérite d’avoir conduit la Chili dans la transition à la démocratie dans une grande stabilité, elle a été incapable de se renouveler et le fonctionnement de la démocratie chilienne est resté longtemps perturbé par la présence d’un certain nombre d’enclaves autoritaires. Le retour à la démocratie est au Chili le fruit d’une transition « pactée », ou négociée, ce qui explique une vie politique assez atone et la recherche systématique du consensus. Ceci explique également la poursuite sans remise en cause du modèle économique légué par les militaires, qui fait la part belle au néolibéralisme économique.
Ce modèle de croissance fortement soumis aux forces du marché n’a jamais fait l’objet d’un débat contradictoire. Lors de cette campagne, seule la voix dissonante de Jorge Arrate est venue perturber le consensus. La prospérité chilienne a un double visage, à la fois celui d’un taux de croissance soutenu, avec plus de 5%, et aussi celui d’un des pays les plus inégalitaires du continent : 10 % de la population accaparent la moitié des revenus du Chili. La grande pauvreté frappe encore près de 20 % des Chiliens.
Chili, le laboratoire du libéralisme économique sud-américain
L’action de l’État reste limité par les pouvoirs d’une vingtaine de groupes contrôlant 85 % du PIB et imposant une politique économique des plus conservatrices.
Par ailleurs, le système politique dit système binominal (deux élus par circonscriptions) établit l’existence de deux blocs majoritaires (la Concertación et la coalition conservatrice « Alianza por Chile » et aujourd’hui Coalition pour le changement), excluant ainsi de la représentation nationale les groupes politiques minoritaires ou émergents.
La Concertación a donné l’impression d’un verrouillage politique, en refusant de transformer le système politique, hérité de la Constitution de 1980, élaborée par la dictature militaire.
En optant délibérément pour le marché et en poursuivant une stratégie de croissance fondée sur le "laisser-faire", les dirigeants de la Concertación se sont privés du pouvoir régulateur et correcteur des inégalités que constitue l’intervention de la puissance publique. Néolibéralisme et marché ont été incontestablement les deux piliers du régime.
Un terreau favorable au retour de la droite
Un débat politique en panne d’idées neuves et une société atomisée, à l’heure où consumérisme et hédonisme tiennent lieu d’engagement, ont constitué le contexte favorable à la victoire idéologique et politique de la droite.
En misant uniquement sur l’initiative individuelle, sur la croissance, au prix de dysfonctionnements du système démocratique et d’une certaine amnésie collective sur les années noires de la dictature, la Concertación a préparé le terrain à la victoire de Sebastián Piñera, homme d’affaires milliardaire.
En ne menant pas un travail de mémoire et de justice sur les années de la dictature, la coalition au pouvoir permit que s’efface cette ligne de clivage, et qu’une droite liée historiquement au régime du général Pinochet apparaisse comme légitime pour gouverner à nouveau. En ne remettant jamais en question, le modèle néolibéral, elle permit également qu’un de ses principaux acteurs puisse aspirer tout naturellement à la magistrature suprême.
En désignant son candidat sans concertation, la coalition au pouvoir provoqua elle-même dissensions et divisions. Le refus de Marco Enríquez-Ominami de prendre position après le premier tour, et son appel tardif, à quelques jours du second tour, à voter Frei, tout en réservant ses critiques les plus dures à la coalition au pouvoir, ont fini par faciliter la victoire de Sebastián Piñera.
Le Chili connaît donc l’alternance. C’est un retour au pouvoir de la droite par les urnes, et il faut s’en féliciter. La gauche aura ainsi l’occasion de construire un projet alternatif si elle veut retrouver la présidence.
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