Revue de presse - Savoie

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« Le système qui repose sur l’endettement est à bout de souffle »

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Rien que le bon sens, mais c'est ce qui manque le plus depuis des années au systeme economique mondial

Les economistes majoritairement liberaux persistent dans l'erreur ou la malhonneteté - pousser l'endettement est une heresie qui a des limites, on y arrive aux etats-unis - et dans quelques autres pays comme l'angleterre et l'espagne où l'endettement des menages atteint des niveaux ahurissants.
Pousser la consommation en France n'est pas non plus une solution puisque c'est par un beaucoup par accroissement du credit. Voir l'article à ce sujet qui atteste de cette tendance lourde de consequences à terme.

« Le système qui repose sur l’endettement est à bout de souffle »


Entretien avec Pierre Larrouturou, délégué national à l’Europe au sein du Parti Socialiste, et pourfendeur de la baisse des salaires dans le partage de la valeur ajoutée.

Auteur du « Livre noir du libéralisme », (Editions du Rocher), trublion au sein du parti socialiste (il est le co-auteur avec 16 parlementaires et l’ancien premier ministre Michel Rocard d’une pétition appelant les dirigeants de la rue de Solferino à se mettre au travail), Pierre Larrouturou analyse la montée de l’endettement en France comme dans les autres économies développées.

L’encours des crédits au ménage est passé en 20 ans de 44,2% à 63,7% de leur revenu disponible : est-ce que cela vous étonne ?
Pierre Larrouturou:
Non cela ne m’étonne pas. Ce mouvement d’endettement se retrouve dans beaucoup de pays occidentaux. La France, comme l’Allemagne, sont pourtant des pays ou l’endettement reste raisonnable en comparaison avec d’autres comme l’Espagne, la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis. Mais cela n’est pas étonnant car une partie considérable de la croissance en France a été nourrie par l’endettement des ménages. Une étude de l’économiste Patrick Artus a montré que lors des dix dernières années en zone euro, la dette privée est passée de 75 à 145% du PIB. Selon lui, sans la hausse de la dette des ménages, la croissance de la zone euro depuis 2002 serait nulle. Selon une autre étude, de Jean-Luc Buchalet, la Grande-Bretagne serait même en récession depuis 2002 si elle n’avait eu recours à l’endettement des ménages. Une partie de cette dette va à l’achat de logement. Elle peut être considérée comme de l’investissement ou de la « bonne dette ». Mais une autre partie de cette dette va à la consommation quotidienne.

Pourquoi cette évolution selon vous ?
Elle est due à un partage de la valeur ajoutée en défaveur des salaires. Même dans les pays de plein emploi, beaucoup d’emplois sont des emplois de 8 heures, 15 heures par semaine, surtout dans les services. Selon les chiffres du secrétaire d’Etat au travail américain, la durée moyenne de tous les emplois confondus aux Etats-Unis n’est que de 33,7 heures. En Grande-Bretagne, selon les chiffres du ministère de l’emploi, la durée hebdomadaire moyenne du travail n’est que de 32,1 heures. Or cette précarité pèse à la baisse sur les négociations salariales.

Chaque année, la part de la valeur ajoutée qui va aux salaires et aux cotisations se réduit. Selon un rapport du FMI, elle a baissé de 10% en Europe et au Japon depuis deux décennies. Aux Etats-Unis, une étude de la BNP Paribas a montré que seuls les 5% d’américains les plus riches ont vu leurs revenus réels augmenter… Mais ces 5% les plus riches ne peuvent pas faire 20 repas par jour ! Un tel niveau d’inégalités devrait donc fortement ralentir la croissance. Si la consommation continue d’augmenter, c’est uniquement parce que l’on pousse les ménages à s’endetter un peu plus. Selon un rapport de 2004 de la Banque des règlements internationaux (BRI), l’économie mondiale pourrait même connaître la déflation par manque de consommation.

Pourtant, la tendance actuelle est au contraire à l’inflation, du fait de la demande des pays émergents
Oui, mais pour prendre le cas du premier d’entre eux, la Chine, l’essentiel de sa croissance vient de la consommation américaine et de l’investissement. Il pèse plus de 45% du PIB chinois, quand les exportations représentent plus de 30%. La consommation des ménages, elle, progresse très très peu. Tout comme il n’y a quasiment pas d’inflation salariale en Chine, de l’ordre de 1,5% par an. Au contraire, les coûts salariaux sont contenus par les gains de productivité et par la pression que fait peser sur les salaires la main d’œuvre paysanne qui émigre vers les centres industriels chinois.

Le grand consommateur final de la planète, ce sont les Etats-Unis, qui sont aujourd’hui en plein ralentissement. Car leur système qui repose sur l’endettement est à bout de souffle. La dette totale des Etats-Unis, (la dette publique plus celle des ménages et des entreprises) représente aujourd’hui 235% de leur PIB.

La crise actuelle est-elle une crise du surendettement ?
Oui. Ou plutôt une crise de la déflation, due à une insuffisance des revenus pour des millions de familles américaines. Pendant un temps, on a poussé à bout le système en bourrant de crédit les ménages américains. On a franchi un pas de trop avec les « subprimes » en prêtant à des ménages qui n’avaient même pas de revenus réguliers, jusqu’à 120% du prix de leur maison. Mais le subprime, ce n’est que 3% de la dette américaine. Le niveau d’endettement aujourd’hui n’est plus du tout sérieux. Alan Greenspan (ancien président de la Réserve fédérale américaine, ndlr.) a sans doute raison en estimant que la crise actuelle est la plus sévère de puis la fin de la seconde guerre mondiale.




19/03/2008
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