Les fonds, acteurs majeurs de l'économie française
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Le comportement des fonds de pension est le même quelquesoit leur nationalité - Italien pour Arena, américain pour Well par exemple: rentabilité 15 à 16%
Créer des fonds de pension français comme le demande certains pour lutter contre la gestion "ultra-libérale" n'est pas une solution - puisque par essence, les fonds de pension sont des vecteurs de cette logique de gestion
A noter que l'etude qui demontrerait que les entreprises gérées par des fonds de pension créent plus d'emploi que les autres est une étude de l'AFIC, c'est à dire les investisseurs en capital dont le but est de justifier les fonds de pension. Ils sont donc juge et partie. Lorsque les fonds investissent, c'est pour gagner de l'argent (15% ou plus), donc a priori ils comparent les entreprises les plus rentables à des entreprises dans la moyenne. La comparaison ne tient pas.
Un mot encore sur les LBO: le mécanisme consiste à emprunter pour racheter une entreprise, puis à rembourser l'emprunt avec les bénéfices de l'entreprise. C'est donc l'entreprise achetée qui rembourse son propre achat !
L'investissement de l'acquereur est contre-balancé par une ponction double: remboursement de son investissement ET benefices versés aux nouveaux propriétaires. On est à mille lieux de l'image qu'ils veulent se donner de "bons gestionnaires qui apportent de la valeur".
Les fonds, acteurs majeurs de l'économie française
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3234,36-887926,0.htmlLes fonds d'investissement sont omniprésents. Chez l'équipementier automobile Valeo, dont le PDG pourrait faire appel au fonds Apollo pour se protéger contre deux fonds qui sont dans son capital, Pardus et le financier Guy Wyser-Pratt. Chez la chaîne de vêtements Camaïeu, passée des mains d'Axa Private Equity à celles de Cinven. Chez Carrefour, convoité par Colony et le même Apollo.
Redoutés, critiqués, méconnus, les financiers du "capital-investissement" ("private equity") s'attaquent aux PME comme aux sociétés du CAC 40 en rachetant les entreprises via des montages financiers avec un fort recours à l'endettement (leverage buy out, LBO). En quinze ans le volume des actifs qu'ils gèrent, estimés à 1 500 milliards de dollars en 2006 (1 130 milliards d'euros), a été multiplié par 100. En 2006, 1 500 entreprises françaises - employant 6 % des salariés du secteur privé - étaient contrôlées par des fonds de capital-investissement.
"Les opérations de LBO représentent 20 % des rachats contre 3 % il y a dix ans. Si de plus en plus d'entreprises ont adopté ce mode de gestion, c'est qu'il a des vertus", remarque Patrick Sayer, président de l'Association française des investisseurs en capital (AFIC). Comme le montre l'affaire Valeo, il y a plusieurs types de fonds.
Qu'est-ce qu'un fonds de capital-investissement ? "Des animaux mal connus et mal compris alors que leur activité n'est pas très originale", assure Mathieu Dréan, associé chez Triago, agent intermédiaire entre fonds et investisseurs.
Leur objectif est évidemment de gagner de l'argent. Pour y parvenir, un fonds rachète une entreprise, cotée ou non, et la revend, quatre à cinq ans plus tard, si possible le double voire le triple du prix initial. Entre-temps, les équipes du fonds appliquent leurs recettes pour accroître la valeur de la société en serrant les coûts ou en vendant des activités peu rentables par exemple, quitte à modifier l'état-major s'il n'est pas assez coopératif, ce qui est rare car les fonds l'intéressent aux résultats.
Comment sont financées les acquisitions ? Capables de mener des opérations vertigineuses, jusqu'à 44 milliards d'euros pour le rachat de l'électricien texan TXU par KKR, les fonds n'ont pas d'argent à proprement parler. Leurs acquisitions sont financées pour près de moitié par emprunt via le montage nommé LBO, qui a la particularité de faire porter la dette par l'entreprise rachetée, laquelle rembourse les intérêts via la trésorerie qu'elle génère.
Mais la faiblesse des taux d'intérêt de ces dernières années, propice à ces opérations, prend fin. Pour s'y préparer, certains fonds envisagent de s'introduire en Bourse pour lever plus de capitaux. C'est le cas notamment de Blackstone, qui devrait être coté à New York en mai
Une entreprise sous LBO est-elle fragilisée ? Oui et non. Avec un montage financier hasardeux "le risque est d'étouffer l'entreprise", avec une dette très élevée, constate M. Dréan. Et de citer les échecs des LBO de Photo Service et de Noos. S'il reconnaît que le capital-investissement n'a pas réponse à tout, M. Sayer précise toutefois qu'un LBO "n'est pas un handicap au développement de l'entreprise".
De fait, une étude commandée par l'AFIC, réalisée auprès de 200 entreprises sous LBO entre 2004 et 2006, révèle que le chiffre d'affaires de ces sociétés a crû de 5,6 % par an, contre 0,7 % pour la moyenne nationale.
Les fonds licencient-ils davantage ? Pour surprenant que cela puisse paraître au vu des épisodes douloureux traversés par les salariés d'Aubade, Arena, Well ou Dim, l'étude de l'AFIC démontre aussi que les entreprises sous LBO embauchent, même si "à court terme des licenciements sont parfois indispensables à la restructuration", concède le patron d'un grand fonds.
Reste que sur une période de trois ans, leurs effectifs ont augmenté de 4,1 % par an contre 0,6 % pour la moyenne nationale. De fait, les licenciements ne sont pas, ou plus, la principale source d'économies. Vu la flambée des prix, la vente du patrimoine immobilier est notamment devenue la nouvelle marotte des fonds qui, tel Colony Capital, en ont fait leur spécialité.
Combien gagnent les fonds ? L'opacité qui entoure les profits de ces acteurs se lève peu à peu, notamment grâce à l'entrée en Bourse prévue de Blackstone, qui a permis de révéler quelque 2,2 milliards de dollars de gains en 2006. "Le rendement de leurs opérations est en moyenne de 15 % à 16 %, voire 20 % à 25 % pour les plus performants", estime M. Dréan.
Sur ces bénéfices, 80 % reviennent aux investisseurs initiaux, le solde allant dans la poche des équipes du "private equity" et des dirigeants associés à l'opération. Sachant que les équipes sont assez réduites - PAI avec 70 personnes est le plus gros acteur européen -, ces financiers sont donc les nouveaux "golden boys" de la finance.
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