Les milliards gagnés par la Chine grâce au réchauffement dérangent
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plusieurs reflexions au vue de la situation:- La société judiciarisée utilise la lettre de la loi pour maximiser le profit et se moque de l'esprit des lois. Ici c'est la pollution, c'est la même chose partout ailleurs dès que d'importantes sommes d'argent sont en jeu
- Les normes environnementales fortes seraient bien plus dissuasives qu'un "marché" qui prétend s'autoréguler. Imaginez une interdiction pure et simple d'importation en Europe pour des produits provenants directement ou indirectement (à cause de la sous-traitance) d'installations ne respectant pas des normes environnementales (ou sociales).
- Le dogme du marché à infesté la politique de lutte contre le rechauffement climatique; on peut mesurer à cet état de fait l'impuissance ou la connivence du pouvoir politique avec le pouvoir economique dans le monde. Kyoto était une première étape, il faudrait rapidement passer à une autre étape plus contraignante.
Les milliards gagnés par la Chine grâce au réchauffement dérangent
http://www.letemps.ch/template/economie.asp?page=9&contenuPage=&article=200767&quickbar=EFFET DE SERRE. Des investissements modestes vont permettre à une vingtaine de sociétés chinoises et au français Rhodia de toucher d'importants «droits de polluer».
La «lacune» du protocole de Kyoto qui permet à quelques industriels chinois d'empocher des milliards de profits agite la presse anglo-saxonne depuis trois mois.
En décembre dernier, le New York Times avait attiré l'attention de ses lecteurs sur une usine chimique du sud-est de la Chine qui devrait toucher 500 millions de la lutte contre le réchauffement après avoir mis en service un équipement de dépollution qui ne lui a coûté que 5 millions. En janvier, le Wall Street Journal a enchaîné sur la capacité des Chinois à exploiter l'effet de serre à fins commerciales. La semaine dernière, le Financial Times a cité une estimation du gâchis induit par ces astuces: 4,5 milliards d'euros.
Réduire les émissions de gaz à effet de serre
Ces articles ont pour origine la même étude publiée en juillet dernier par Michael Wara, un professeur de l'Université de Stanford entre-temps devenu courtier en droit de polluer à San Francisco. Il y conclut à l'échec du mécanisme de développement propre («Clean Development Mechanism» ou CDM), l'une des pièces maîtresses du Protocole de Kyoto.
Cet accord international contraint les pays développés signataires (les Etats-Unis et l'Australie n'y participent pas) à réduire d'ici à 2012 leurs émissions de gaz à effet de serre à un niveau inférieur à 5% à celui de 1990. Une partie de ces engagements peut être réalisée dans des pays en développement où les réductions d'émission sont souvent moins chères. C'est l'objet des projets de CDM où des entreprises ou investisseurs du Nord coopèrent à des projets de réduction des émissions dans le Sud. L'agence climatique de l'ONU rétribue leurs efforts par la distribution de Crédits de réduction des émissions (CER) monnayables sur les Bourses climatiques qui ont vu le jour ces dernières années en Europe et aux Etats-Unis.
Michael Wara s'est ému des marges bénéficiaires de plusieurs projets CDM. Plus du tiers d'entre eux (37%), affirme-t-il, visent le HCF-23, un gaz émis par une vingtaine d'usines chinoises. Ce gaz est le sous-produit d'un gaz réfrigérant interdit dans les pays du Nord par le Protocole de Montréal de 1987 pour la protection de la couche d'ozone. Les pays du Sud, particulièrement la Chine, ont jusqu'à 2010 pour s'y conformer.
La capture du HCF-23 chinois nécessite un investissement global de l'ordre de 100 millions d'euros. Mais ce gaz est si nocif pour le climat - 100 fois plus que le dioxyde de carbone (CO2) - que sa suppression donne droit à une quantité énorme de CER. Leur valeur de marché est estimée à 4,6 milliards d'euros. Le bénéfice est si grand que l'ONU s'inquiète de ce que les industriels n'augmentent leurs rejets de HCF-23 dans le but de mieux les réduire en touchant des CER. Normalement, seules les usines en opération avant 2001 sont éligibles aux CDM. Malgré cette précaution, Michael Wara dénonce un «gâchis massif» des ressources que les pays développés ont alloué à la protection du climat.
Marges sous pression
Un autre gaz à effet de serre, l'oxyde de polysoufre (S2O) fait débat. Le français Rhodia, qui a effectué un investissement de 20 millions d'euros pour réduire ses émissions de S2O dans deux de ses usines en Corée et au Brésil, pourrait toucher 1,5 milliard d'euros de bénéfice, estimait fin 2005 la banque Morgan Stanley (LT du 23.12.05). Même rogné par la récente chute du prix du carbone, l'investissement écologique de Rhodia demeure extrêmement profitable. «Les acteurs entrés les premiers sur ce marché tout neuf ont pris de gros risques», remarque Emmanuel Fages, analyste climatique chez Société Générale (GLE.PA). Toutefois, la multiplication des CER ces prochaines années devrait mettre les marges de leurs promoteurs sous pression.
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