Medef : « les profits se divisent en 2 et non en 3 »
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le débat sur le partage des profits est mal posé: il ne s'agit pas en premier lieu de savoir comment on partage les profits, mais à quel niveau on les place. Depuis des années, les nouveaux PDG et actionnaires ont maximisé les profits au détriment des salaires (baisse des salaires = hausse des profits) - pour aller vers le fameux 15% (et même 20% en entreprises pharmaceutique). Les salariés recevaient en compensation un intéressement aux résultats.
C'est un marché de dupe - qui est à la source de la baisse des bas revenus, de la hausse des hauts revenus (les actionnaires ne sont pas des smicards) et donc du transfert des richesses du travail vers le capital.
Donc première question : quel est le profit "normal", acceptable. Certainement pas 15%, mais nettement moins, plutot 5%.
Après seulement, on peut poser la question de la répartition des profits et de la part d'interessement des salariés. On trouvera le Medef qui campe sur son modèle actuel du toujours plus pour les actionnaires et très hauts dirigeants et toujours moins pour la salariés - sous menace de délocalisation.
Les partis politiques n'appellent plus ça la lutte des classes - soit disant dépassée, mais ça y ressemble beaucoup.
Medef : « les profits se divisent en 2 et non en 3 »
http://www.lexpansion.com/economie/actualite-economique/medef-les-profits-se-divisent-en-2-et-non-en-3_174910.html?XTOR=EPR-175Le partage des richesses sera au coeur de la réunion sociale mercredi à l'Elysée. Nicolas Sarkozy avait lancé ce thème le 5 février, les syndicats l'ont pris à coeur. Pour le Medef, ce n'est ni à l'Etat ni aux syndicats d'en décider.
Les profits des entreprises se divisent en deux et non en trois. Laurence Parisot, la patronne du Medef, a livré un petit cours d'économie mardi lors de sa conférence de presse mensuelle, à destination de Nicolas Sarkozy et des syndicats.
La règle par trois, un tiers des bénéfices aux salariés, un tiers aux actionnaires, un tiers réinvesti, avait été énoncée par le chef de l'Etat le 5 février lors son émission télévisée "Face à la crise".
"Les profits distribuables se décomposent en deux: en dividendes qui doivent être versés à l'actionnaire, et en auto-financement qui sert soit à l'investissement, soit pour renforcer les fonds propres", a souligné mardi Laurence Parisot. Et "seul l'actionnaire peut décider du montant des dividendes" car cela relève de son "droit de propriété", a-t-elle ajouté, sous-entendant qu'il n'était ni du ressort de l'Etat, ni des syndicats d'en décider.
Pour la présidente du Medef, les entreprises françaises "n'ont pas à rougir de la part de valeur ajoutée consacrée à la rémunération du travail". Ainsi en 2007, "72 milliards d'euros ont été versés aux actionnaires", "672 milliards à la masse salariale" et "147 milliards ont servi à l'auto-financement" des entreprises, a-t-elle détaillé. Les mécanismes de la participation et de l'intéressement, "qui ne sont pas issus du profit distribuable" mais "de la valeur ajoutée, en amont" du compte de résultat, "ont représenté 15 milliards d'euros", a-t-elle poursuivi.
Les syndicats divisés sur cette règle par trois
Pourtant, dans les entreprises publiques, certains syndicats - qui ont débuté les négociations salariales annuelles - veulent prendre Sarkozy au mot et exiger le partage des profits en trois tiers.
Particulièrement dans le cas d'entreprises qui ont annoncé de meilleurs résultats que prévu, comme EDF ou Renault. L'Etat, qui devrait percevoir 5,6 milliards d'euros de dividende pour 2008, selon Les Echos lundi, doit "montrer l'exemple en coordonnant ce qu'il dit et ce qu'il fait", a estimé lundi Colette Duynslaeger de la CGT-Poste, La Poste étant détenue à 100% par l'Etat.
A France Télécom, détenu à 27% par l'Etat, les syndicats demandent l'application stricte des trois tiers. "On ne veut plus être pris au piège comme en 2007, où France Télécom a réalisé 6,3 milliards d'euros de bénéfice et en a versé 3,1 mds aux actionnaires et un maigre pécule aux salariés", a averti Force ouvrière.
D'autres syndicats refusent d'entrer dans cette logique de partage des bénéfices et réclament une hausse des salaires. Pour Sud, c'est la "seule réponse pérenne à la question salariale, car lier la rémunération des salariés à la performance de l'entreprise est délicat", selon Régis Blanchot.
Dans l'énergie, où l'Etat est très présent (84,4% d'EDF, 35,66% de GDF Suez), le dialogue est au point mort. Les syndicats ont claqué la porte face au refus d'ajuster la hausse des salaires aux bénéfices des entreprises. Le patronat propose 0,2% de plus en 2009, un taux "inadmissible" pour Marc Bretel (CFE-CGC).
Sans attendre les résultats annuels, certaines entreprises publiques ont pris les devants: la SNCF a versé 207 euros à ses agents au titre de 2008, malgré l'opposition des syndicats.
Une mesure limitée en temps de crise
La question du partage des bénéfices de sociétés prospères, comme Total, qui a annoncé la semaine dernière des profits records de 14 milliards d'euros, se pose également.
L'annonce du groupe pétrolier avait entraîné plusieurs conseils de redistribution des bénéfices, allant de la "taxe exceptionnelle" réclamée par des associations comme Sortir du nucléaire ou UFC-Que choisir, à un "geste" en faveur du pouvoir d'achat des Français demandé par le ministre du Budget Eric Woerth. Mardi, Total a indiqué n'exclure "aucune piste" et s'est dit "prêt à discuter avec les pouvoirs publics".
Mais des dispositifs comme l'intéressement montrent leurs limites en temps de crise, déplorent les syndicats.
Dans le secteur de l'automobile, par exemple, il est réduit "à des queues de cerise". Chez PSA, il a été ramené à zéro et les salariés se partagent 4 millions d'euros de participation, soit 26 euros pour un ouvrier, d'après la CGT.
Chez Renault, l'intéressement s'élève à 28,7 millions d'euros, avec un plancher de 200 euros par salarié, contre 2.369,43 euros au minimum en 2008. "Depuis de nombreuses années, sous prétexte d'un intéressement important, les augmentations de salaires étaient quasi nulles", remarque la CGT.
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