Le Figaro - Arnaud de La Grange
08 juin 2006, (Rubrique International)
Plusieurs pays suspectés réfutent les affirmations d'un rapport du Conseil de l'Europe.
C'est une gigantesque
«toile d'araignée» que
la CIA aurait tissé à travers le monde pour capturer, transférer et
détenir des terroristes présumés, selon un rapport du Conseil de
l'Europe rendu public hier. Et ses filets auraient couvert une bonne
partie du Vieux Continent. Quatorze pays européens se trouvent épinglés
par le rapport du Suisse Dick Marty, pour leur implication dans les
vols secrets de l'agence américaine.
«Il est désormais clair (...)
que plusieurs pays européens ont activement participé, avec la CIA, à
des activités illégales, que d'autres les ont ignorées en connaissance
de cause, ou n'ont pas voulu savoir» déplore Dick Marty.
Ces
Etats sont impliqués à des degrés divers. Les accusations les plus
graves concernent la Pologne et la Roumanie, suspectées d'avoir abrité
des centres de détention clandestins pour des islamistes soupçonnés de
terrorisme.
«Ce sont des calomnies qui ne reposent sur aucun fait», s'est
emporté hier le premier ministre polonais, Jaroslaw Krajewski. Même son
de cloche en Roumanie, où la présidente de la commission d'enquête
parlementaire sur les vols de la CIA, Norica Nicolai, a constaté que le
rapport
«ne fournit pas de preuve». Cinq autres pays peuvent être
«tenus
pour responsables de collusion – active ou passive – en matière de
détentions secrètes et de transferts interétatiques illégaux» : l'Espagne, le Portugal, la Grèce, l'Irlande et Chypre. Une autre catégorie regroupe des Etats mis en cause pour
«violations des droits de la personne» lors
de transfèrements illégaux : le Royaume-Uni, la Suède, l'Italie,
l'Allemagne, la Bosnie, la Macédoine et la Turquie. Est notamment cité
le cas de l'imam Abou Omar, enlevé par des agents de la CIA en Italie
en 2003 avant d'être remis aux autorités égyptiennes.
Là encore, les démentis sont tombés en cascade, hier. Pour Tony Blair, il n'y a
«rien de nouveau» dans ce rapport. Madrid en rejette
«de façon catégorique» les conclusions. Quant au premier intéressé, Washington, le Département d'Etat a estimé que ce rapport contient
«beaucoup d'allégations, mais pas de faits réels». Pour
Dick Marty, les pays européens concernés ont le devoir de diligenter
des enquêtes transparentes. La lutte antiterroriste ne peut être
laissée
«à l'arbitraire des services de renseignements».
Gordon Thomas, un spécialiste des services de renseignement, affirme que
«malgré
les démentis réguliers de l'Administration Bush, la CIA continue à
acheminer des membres présumés d'al-Qaida ou des talibans vers des
centres d'interrogatoires échappant à la juridiction américaine et où
la torture est de routine». Dans son dernier ouvrage *, il cite le
témoignage d'un officier de renseignement britannique, témoin de deux
vols où les prisonniers étaient sanglés sur leur siège et drogués. Des
agents de la CIA étaient à bord pour les premiers interrogatoires.
George W. Bush affirme que la
«longue guerre» contre le terrorisme continue. Et donc, vraisemblablement, les vols noirs d'«Air CIA».
* Les Armes secrètes de la CIA, Editions Nouveau Monde.
Plusieurs pays suspectés réfutent les affirmations d'un rapport du Conseil de l'Europe.
C'est une gigantesque
«toile d'araignée» que
la CIA aurait tissé à travers le monde pour capturer, transférer et
détenir des terroristes présumés, selon un rapport du Conseil de
l'Europe rendu public hier. Et ses filets auraient couvert une bonne
partie du Vieux Continent. Quatorze pays européens se trouvent épinglés
par le rapport du Suisse Dick Marty, pour leur implication dans les
vols secrets de l'agence américaine.
«Il est désormais clair (...)
que plusieurs pays européens ont activement participé, avec la CIA, à
des activités illégales, que d'autres les ont ignorées en connaissance
de cause, ou n'ont pas voulu savoir» déplore Dick Marty.
Ces
Etats sont impliqués à des degrés divers. Les accusations les plus
graves concernent la Pologne et la Roumanie, suspectées d'avoir abrité
des centres de détention clandestins pour des islamistes soupçonnés de
terrorisme.
«Ce sont des calomnies qui ne reposent sur aucun fait», s'est
emporté hier le premier ministre polonais, Jaroslaw Krajewski. Même son
de cloche en Roumanie, où la présidente de la commission d'enquête
parlementaire sur les vols de la CIA, Norica Nicolai, a constaté que le
rapport
«ne fournit pas de preuve». Cinq autres pays peuvent être
«tenus
pour responsables de collusion – active ou passive – en matière de
détentions secrètes et de transferts interétatiques illégaux» : l'Espagne, le Portugal, la Grèce, l'Irlande et Chypre. Une autre catégorie regroupe des Etats mis en cause pour
«violations des droits de la personne» lors
de transfèrements illégaux : le Royaume-Uni, la Suède, l'Italie,
l'Allemagne, la Bosnie, la Macédoine et la Turquie. Est notamment cité
le cas de l'imam Abou Omar, enlevé par des agents de la CIA en Italie
en 2003 avant d'être remis aux autorités égyptiennes.
Là encore, les démentis sont tombés en cascade, hier. Pour Tony Blair, il n'y a
«rien de nouveau» dans ce rapport. Madrid en rejette
«de façon catégorique» les conclusions. Quant au premier intéressé, Washington, le Département d'Etat a estimé que ce rapport contient
«beaucoup d'allégations, mais pas de faits réels». Pour
Dick Marty, les pays européens concernés ont le devoir de diligenter
des enquêtes transparentes. La lutte antiterroriste ne peut être
laissée
«à l'arbitraire des services de renseignements».
Gordon Thomas, un spécialiste des services de renseignement, affirme que
«malgré
les démentis réguliers de l'Administration Bush, la CIA continue à
acheminer des membres présumés d'al-Qaida ou des talibans vers des
centres d'interrogatoires échappant à la juridiction américaine et où
la torture est de routine». Dans son dernier ouvrage *, il cite le
témoignage d'un officier de renseignement britannique, témoin de deux
vols où les prisonniers étaient sanglés sur leur siège et drogués. Des
agents de la CIA étaient à bord pour les premiers interrogatoires.
George W. Bush affirme que la
«longue guerre» contre le terrorisme continue. Et donc, vraisemblablement, les vols noirs d'«Air CIA».
* Les Armes secrètes de la CIA, Editions Nouveau Monde.
Plusieurs pays suspectés réfutent les affirmations d'un rapport du Conseil de l'Europe.
C'est une gigantesque
«toile d'araignée» que
la CIA aurait tissé à travers le monde pour capturer, transférer et
détenir des terroristes présumés, selon un rapport du Conseil de
l'Europe rendu public hier. Et ses filets auraient couvert une bonne
partie du Vieux Continent. Quatorze pays européens se trouvent épinglés
par le rapport du Suisse Dick Marty, pour leur implication dans les
vols secrets de l'agence américaine.
«Il est désormais clair (...)
que plusieurs pays européens ont activement participé, avec la CIA, à
des activités illégales, que d'autres les ont ignorées en connaissance
de cause, ou n'ont pas voulu savoir» déplore Dick Marty.
Ces
Etats sont impliqués à des degrés divers. Les accusations les plus
graves concernent la Pologne et la Roumanie, suspectées d'avoir abrité
des centres de détention clandestins pour des islamistes soupçonnés de
terrorisme.
«Ce sont des calomnies qui ne reposent sur aucun fait», s'est
emporté hier le premier ministre polonais, Jaroslaw Krajewski. Même son
de cloche en Roumanie, où la présidente de la commission d'enquête
parlementaire sur les vols de la CIA, Norica Nicolai, a constaté que le
rapport
«ne fournit pas de preuve». Cinq autres pays peuvent être
«tenus
pour responsables de collusion – active ou passive – en matière de
détentions secrètes et de transferts interétatiques illégaux» : l'Espagne, le Portugal, la Grèce, l'Irlande et Chypre. Une autre catégorie regroupe des Etats mis en cause pour
«violations des droits de la personne» lors
de transfèrements illégaux : le Royaume-Uni, la Suède, l'Italie,
l'Allemagne, la Bosnie, la Macédoine et la Turquie. Est notamment cité
le cas de l'imam Abou Omar, enlevé par des agents de la CIA en Italie
en 2003 avant d'être remis aux autorités égyptiennes.
Là encore, les démentis sont tombés en cascade, hier. Pour Tony Blair, il n'y a
«rien de nouveau» dans ce rapport. Madrid en rejette
«de façon catégorique» les conclusions. Quant au premier intéressé, Washington, le Département d'Etat a estimé que ce rapport contient
«beaucoup d'allégations, mais pas de faits réels». Pour
Dick Marty, les pays européens concernés ont le devoir de diligenter
des enquêtes transparentes. La lutte antiterroriste ne peut être
laissée
«à l'arbitraire des services de renseignements».
Gordon Thomas, un spécialiste des services de renseignement, affirme que
«malgré
les démentis réguliers de l'Administration Bush, la CIA continue à
acheminer des membres présumés d'al-Qaida ou des talibans vers des
centres d'interrogatoires échappant à la juridiction américaine et où
la torture est de routine». Dans son dernier ouvrage *, il cite le
témoignage d'un officier de renseignement britannique, témoin de deux
vols où les prisonniers étaient sanglés sur leur siège et drogués. Des
agents de la CIA étaient à bord pour les premiers interrogatoires.
George W. Bush affirme que la
«longue guerre» contre le terrorisme continue. Et donc, vraisemblablement, les vols noirs d'«Air CIA».
* Les Armes secrètes de la CIA, Editions Nouveau Monde.