Plan de relance américain: la fuite en avant
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Plus clairvoyant et plus compétent que la presse française, voici la presse suisse. La crise financière est grave - un point c'est tout.Une autre façon de le dire est que quand on a des dettes ENORMES, un deficit abyssal (triple du notre par habitant), des inégalités croissantes, des pauvres chassés de leurs logements, ce n'est pas en continuant à consommer à credit et baisser les impots qu'on resoud les problèmes.
Plan de relance américain: la fuite en avant
http://www.letemps.ch/template/editoriaux.asp?page=1&contenuPage=&article=223705&quickbar=«Une piqûre dans le bras pour maintenir en forme une économie fondamentalement forte»: ce sont les mots utilisés par George Bush pour justifier le plan urgent de relance qu'il a présenté vendredi. Concrètement, un chèque de 300 à 600 dollars sera envoyé, d'ici quelques semaines, aux ménages américains à titre de rabais fiscal exceptionnel.
Drôle de langage, drôle de conception de la santé. Si l'économie américaine est aussi forte que l'affirme le président, ne peut-elle supporter un coup de froid sur deux ou trois trimestres, d'autant plus qu'elle bénéficie d'une conjoncture mondiale encore favorable?
Apparemment, elle ne le peut pas. C'est au fond cela la vraie raison de s'inquiéter de ce qui se passe aux Etats-Unis. De la même manière que certains sportifs n'arrivent plus à se passer d'EPO ou que certains cadres stressés se bourrent de pilules aux premiers symptômes de grippe, l'économie américaine ne s'imagine pas fonctionner autrement qu'en mode survitaminé. Une accoutumance profondément malsaine.
Considérations morales mises à part, le plan Bush peut-il marcher? Un sondage à chaud sur le site du Wall Street Journal vendredi soir ne parvenait pas à départager les optimistes des pessimistes...
On pense bien sûr au précédent de 2001, où des mesures similaires avaient relancé la machine après les attentats du 11 septembre et l'explosion de la «bulle» technologique. Or la comparaison des deux situations n'augure rien de bon.
En 2001, les finances publiques américaines étaient en meilleur état qu'aujourd'hui, le monde au seuil d'une période de croissance, et la crise limitée à un secteur connu pour sa capacité de rebond rapide. En 2008, la croissance mondiale plafonne, et près de deux millions de ménages américains ne savent plus comment rembourser les dettes sur leur maison. Ce n'est pas un chèque «pour payer le plein d'essence ou d'autres produits de première nécessité» (George Bush, encore) qui les sortira du pétrin.
En année électorale, le président républicain devait cette gesticulation compassionnelle à son parti. Au cours de la semaine qui s'achève, la fanfare politique a entonné à tue-tête le refrain «Tout va bien, et avec un coup de pouce, ça ira mieux». Pendant ce temps, la bourse suisse et l'indice Standard & Poor's 500 ont perdu chacun 5,3%.
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