Salaire des patrons : pour Pébereau, rien ne vaut le statu quo
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Encore une démonstration que l'autorégulation est tout simplement une escroquerie. Les grands dirigeants cooptées décident ensemble de leurs salaires indécents, et entendent bien garder leurs privilèges tout en voulant nous faire croire qu'ils seront "raisonnables", alors que leur revenu est passé de 40 fois le SMIC en 1980 à 500 fois en moins de 30 ans.Le Medef pousse également cette solution, se montrant offensif dans la des intérêts d'une petite minorité.
Plus grave encore : plus l'action monte, plus les patrons ont des rémunérations élevées. Or, la bourse monte sur des perspectives de résultats à moins de 2 ans - rendant toute stratégie d'investissement long terme impossible. C'est un des éléments des sous-investissements et de la perte d'emplois : par exemple, racheter des actions est plus valorisé qu'investir.
Salaire des patrons : pour Pébereau, rien ne vaut le statu quo
http://www.lexpansion.com/economie/actualite-entreprise/salaire-des-patrons-pour-pebereau-rien-ne-vaut-le-statu-quo_181200.html?XTOR=EPR-175Le président du conseil d'administration de la BNP était auditionné mardi par les députés qui font partie de la mission d'information sur la rémunération des dirigeants. Sûr de lui, il a assuré que le système actuel était parfaitement adapté. Une position un peu décalée...
Michel Pébereau n'a pas flanché. Le président de BNP Paribas était invité mardi à l'Assemblée nationale par Philippe Houillon, qui dirige la mission d'information sur la rémunération des dirigeants. Il en a profité pour exposer, pendant plus de deux heures, ses quelques vérités sur le salaire des patrons.
Alors que l'Etat est de plus en plus tenté d'intervenir pour réguler les rémunérations, Michel Pébereau n'en démord pas. C'est au conseil d'administration qu'il revient de fixer la rémunération des dirigeants. « Dans tous les pays, ce sont les actionnaires qui fixent ces rémunérations », assure -t-il. En effet, « les rémunérations des dirigeants doivent être cohérentes avec le milieu des entreprises dans lequel elles évoluent ». Pas très convaincant : il suffirait que ces législations soient harmonisées, du moins, au niveau européen. D'autant que pour le président de la BNP, « rien ne prouve qu'il existe un marché des dirigeants d'entreprise ».
Pébereau défend les stock-options
« La privatisation de la BNP, la fusion avec Paribas... c'est l'attribution de stock-options a de très nombreux cadres qui a permis le succès de ces opérations », se souvient le dirigeant. Pour lui, il s'agit d' « un instrument formidable pour attirer les entrepreneurs dans les entreprises. Ces stocks-options ne coûtent ni à l'Etat, ni à l'entreprise, seuls les actionnaires, qui voient le capital se diluer, peuvent être perdants » plaide-t-il. Ainsi, pour Michel Pébereau, cela ne fait aucun doute, les stocks options ont une véritable raison d'être en entreprise, et l'erreur serait bien de les faire disparaître. Mais de là à élargir la base des bénéficiaires, le pas serait trop grand à franchir. Pour le dirigeant, « les actions gratuites seraient plus adaptées aux non-cadres et les stock-options au personnel d'encadrement ».
Plus largement, Michel Pébereau est, par nature, hostile à l'interventionnisme. « Prenez l'exemple de l'inflation, indique-t-il, elle a disparu le jour où l'Etat a cessé de fixer arbitrairement les prix ». Un peu excessif, peut-être.
Surtout, pas de quoi convaincre Philippe Houillon, qui s'interroge : « la seule préoccupation des actionnaires est-elle conforme à l'intérêt général de la société, comme le recommande la Charte du Medef ? ». Pas de réponse de Michel Pébereau, qui se réfugie derrière les bonnes conduites de sa banque. Documents à l'appui, un peu gêné, il explique que la BNP suit parfaitement les recommandations de la Charte du Medef . « Si les entreprises ont été aidées par l'Etat, alors là, oui, limiter les rémunérations des grands patrons est légitime » explique-t-il. C'est d'ailleurs le cas de BNP Paribas... Pour le reste, soit « dans 90% des cas, il n'y a pas de problème avec les rémunérations des patrons».
Pas de problème ? Les scandales se sont multipliés ces derniers mois, jusqu'à la nausée pour une opinion publique empêtrée dans une crise historique. A tel point que les députés et le gouvernement semblent de plus en plus convaincus qu'il faut encadrer le montant des salaires fixes, variables, bonus, stocks options et autres retraites chapeau, pour éviter l'explosion sociale. Ce risque là, Michel Pébereau pense que la Charte du Medef, qui « n'a pas son équivalent dans le monde », suffira à le canaliser.
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