Santé: l'Académie de médecine met les pieds dans le plat
Santé: l'Académie de médecine met les pieds dans le plathttp://www.lexpansion.com/art/4481.154974.0.html
Dans un rapport publié à la fin février et dont L'Expansion a eu la primeur, l'Académie de médecine propose une série de réformes qui risquent de bousculer les corporatismes. En cause: les inégalités de revenus entre les médecins, les études médicales et la liberté d'installation.
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Réformer les études de médecine
Aujourd'hui, ni les généralistes, ni les spécialistes ne reçoivent « au terme d'un cursus de huit à dix années, l'essentiel de ce qui leur est nécessaire pour remplir le rôle que l'on attend d'eux », relèvent les Académiciens, qui préconisent une réforme profonde des études médicales. Le concours de fin de 1ère année devrait être complété par un entretien avec un jury, afin de « recruter des étudiants ayant un profil moins axé sur les sciences exactes ». Ensuite, « il faudrait envisager un tronc commun de 3 ans pour l'acquisition de connaissances [médicales de base] mais aussi de notions d'humanisme pour que le futur médecin soit capable d'aborder le malade comme une personne et non comme un cas ». Après seulement, l'étudiant recevrait une formation en lien avec sa future activité, généraliste ou spécialisée.
La formation des généralistes devrait faire « un partage équitable entre l'apprentissage médical et une bonne imprégnation de la culture des sciences sociales ». Le cursus des spécialistes doit, de son côté, s'adapter à l'évolution de la médecine : « Les trois grandes disciplines de l'internat, biologie, médecine, chirurgie, ne correspondent plus à la réalité de l'exercice de ces professions. La chirurgie générale a disparu et certaines spécialités sont devenues médico-chirurgicales ou médico-biologiques », expliquent-ils.
Par ailleurs, « pour la sécurité des malades », les Académiciens insistent pour que les internes soient considérés pendant leurs stages comme des « médecins en formation » et non comme des « membres actifs du service » où ils sont affectés.
Enfin, le nombre de praticiens formés devrait être adapté aux besoins des populations, « en fixant à échéance de 5 ans le nombre de médecins nécessaires par spécialité et par territoire d'exercice ».
Rééquilibrer les revenus des spécialistes et des généralistes
Les Académiciens ont insisté, lors de la présentation de leurs travaux, sur la nécessité « d'ouvrir le débat sur le paiement des médecins à l'acte ». Ils s'inquiètent, en substance, du caractère « inflationniste » de ce mode de rémunération, mais aussi des disparités de revenu qu'il entraîne entre généralistes et spécialistes. Ces derniers sont en effet rémunérés pour leurs actes techniques en sus de leurs consultations et sont de ce fait, bien mieux payés que les généralistes, alors que leur mode d'exercice est souvent « beaucoup plus confortable ». Effet pervers de cette situation : les étudiants en médecine se détournent du métier de généraliste. Pour les Académiciens, il est donc urgent de rééquilibrer les revenus des médecins « quel que soit leur spécialité ou leur mode d'exercice ».
Débattre de la liberté d'installation des médecins
Pour maintenir un accès aux soins dans les campagnes et les banlieues, où le manque de généralistes « va bientôt devenir problématique », les Académiciens constatent que l'avenir sera au regroupement des professionnels du soin au sein de maisons de santé. Lors de leur présentation, ils sont aussi revenus sur la liberté d'installation des médecins à propos de laquelle il faudra, selon eux, « ouvrir un véritable débat ».
Repenser le rôle des hôpitaux et des cliniques
Partant du constat que « la France se caractérise par la présence d'un nombre important d'établissements, trop dispersés et de trop petite taille », les auteurs du rapport préconisent de réorienter l'activité des plus petits hôpitaux vers la médecine générale et les soins de suite. Les établissements de taille moyenne constitueraient un maillage de premier niveau capable de prendre en charge les urgences médicales et chirurgicales. Dans ce schéma, les hôpitaux universitaires conserveraient leurs rôles de recours et de recherche, mais perdraient le monopole de la formation des étudiants, « l'ensemble des hôpitaux, publics et privés, devant pouvoir être utilisé comme terrain de stage pour la formation pratique des étudiants ».
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