Seul un CNE sur dix correspond vraiment à une création d'emploi
Les Echos du 14 juin 2006
Seul un CNE sur dix correspond vraiment à une création d'emploi
Conforme aux estimations
Seul un CNE sur dix correspond vraiment à une création d'emploi
Selon
une étude encore non publiée commandée par le ministère de l'Emploi, le
CNE a suscité 44.000 embauches qui n'auraient pas eu lieu en son
absence. C'est très sensiblement moins que les estimations avancées
jusque-là.
Finalisée
en début de semaine, la première enquête officielle sur les effets du
contrat nouvelles embauches (CNE) risque de raviver la polémique sur
cette mesure-phare du gouvernement Villepin, qui facilite le
licenciement dans les entreprises de moins de 20 salariés pendant les
deux premières années. Selon cette étude, réalisée par la Direction des
statistiques du ministère de l'Emploi (Dares) et l'Agence centrale des
organismes de Sécurité sociale (Acoss), le nombre de ruptures de
contrats est en effet bien plus important que ne le pensait le
gouvernement. « 90 % des CNE signés depuis dix mois sont toujours en activité »,
se félicitait lundi Dominique de Villepin, qui n'avait visiblement pas
pris connaissance des résultats de cette dernière enquête. Celle-ci
évalue à 30 % le nombre de CNE qui ont été rompus au cours des six mois
suivant l'embauche, ce qui est « nettement supérieur » à la
proportion de CDI rompus sur cette période, selon le ministère de
l'Emploi. La Dares et l'Acoss ne comptabilisent ainsi pas plus de
340.000 CNE à la fin mars, à comparer aux 440.000 signés à cette date
depuis le mois d'août, dont une très grande majorité (80 %) dans les
entreprises de moins de 10 salariés.
Les
ruptures ne sont toutefois pas, et de loin, du seul fait de l'employeur
(38 %). Dans près d'un cas sur deux (45 %), ce sont les salariés qui
abandonnent leur poste, les cas restants (17 %) étant le fruit d'une
décision commune entre les deux parties. « Au total, les employeurs
ont donc rompu un peu plus de un CNE sur dix (11,4 %), ce qui est loin
d'en faire un contrat de précarité extrême ! », nuance le ministère du Travail.
La
CFDT qui espère remporter, demain à Mazamet, sa première victoire
prud'homale au nom d'un salarié licencié en CNE, risque cependant de
faire entendre un avis contraire, à l'unisson des autres
confédérations. Le gouvernement est également démenti lorsqu'il déclare
que le quart, voire le tiers des CNE correspond à des créations de
postes. Selon l'enquête, près des trois quarts des embauches effectuées
en CNE (70 %) auraient eu lieu dans les mêmes délais si ce contrat
n'avait pas existé. Dans ce cas, elles se seraient réparties à part
égale entre des CDD et des CDI. Un CNE sur cinq a par ailleurs permis
d'anticiper des prévisions de recrutement.
Considérant
les 10 % restants, la Dares et l'Acoss évaluent donc à 44.000 le nombre
d'embauches en CNE qui n'auraient pas eu lieu sans l'existence de ce
nouveau contrat. Conforme aux estimations de l'Insee, le chiffre est
loin d'être anodin si on le compare aux 50.000 emplois créés l'an
dernier dans le secteur privé. Mais il traduit une montée en charge qui
risque de s'épuiser rapidement, les fins de CNE ayant toutes les
chances de compenser une partie des nouvelles entrées dans un horizon
de deux ans, au moment où les premiers contrats devront être convertis
en CDI « classiques » : « L'Insee, qui table sur 10.000 à 20.000 emplois créés chaque trimestre grâce au CNE, devra réviser ses estimations dès 2007 », prévient Karine Berger (Insee).
LUCIE ROBEQUAIN
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