Un baril à 300 dollars
Un baril à 300 dollars
Les
prévisions les plus diverses circulent quant à l'évolution future du
prix du pétrole. Pour les uns, avec un effort accru d'investissement
dans la recherche, l'extraction, le raffinage, avec le développement
des énergies renouvelables, le pétrole pourrait se stabiliser et même
baisser à nouveau dans le futur. D'autres pensent au contraire qu'avec
une croissance mondiale forte - en particulier dans les pays émergents
d'Asie et en Chine -, avec l'épuisement des réserves de pétrole dans 9
à 10 ans aux États-Unis et dans la mer du Nord - ce qui donnera un
poids stratégique accru à la Russie et aux pays du Moyen-Orient -, le
prix du pétrole devrait, au contraire, continuer à augmenter.
Nous ne voulons pas ici utiliser d'arguments techniques ou géopolitiques, sur lesquels il n'y a pas de consensus, mais uniquement, volontairement, des arguments économiques. Commençons par une approche normative de l'évolution du prix du pétrole. Le pétrole est une ressource non renouvelable ; les réserves connues correspondent aujourd'hui à 38 années de production, contre 45 années à la fin de années 80. Quelle que soit la taille des réserves, le prix relatif d'une ressource épuisable par rapport aux biens que l'on peut fabriquer ("renouvelables") doit augmenter à long terme à un rythme égal au taux d'intérêt réel, soit à peu près à la croissance réelle.
Si on suppose que la croissance tendancielle de la planète est de 3,5 % par an, que l'inflation tendancielle de la planète est de 3 % par an, et si on se base, pour le début de ce processus de hausse des prix, au début des années 70, on voit qu'on devrait avoir en 2005 - compte tenu des évolutions passées des prix, de la croissance et des taux d'intérêt réels - un prix du pétrole de 85 dollars par baril environ ; que, compte tenu des perspectives de croissance mondiale et d'inflation, on devrait atteindre en 2025 un prix du pétrole de 211 dollars par baril en partant du prix observé de 2005, ou de 300 dollars par baril en partant du prix "théorique normatif" calculé pour 2005.
Regardons ensuite l'évolution des économies réelles, de la demande et de l'offre de pétrole. Depuis le début des années 90 jusqu'en 2001, la demande mondiale de pétrole augmentait de 1,5 % en moyenne annuelle ; depuis 2002, elle augmente de 2,5 % par an. L'accumulation est due à la reprise de la croissance mondiale (5 % en 2004, 4,25 % en 2005) et surtout à une très forte augmentation à partir de 2001-2002 de la croissance chinoise que les chiffres "officiels" du PIB ne restituent pas du tout. Quand on analyse la consommation d'énergie, la production industrielle, on s'aperçoit qu'en réalité la croissance globale chinoise, à peine positive de 1998 à 2000, est, depuis 2002-2003, au moins de 12 % par an.
Consommation chinoise. De plus, à partir de la mi-2005, les ventes de voitures et les investissements en construction - qui avaient stagné depuis le second semestre 2004 - repartent violemment (+ 80 % sur un an pour les ventes de voitures en Chine en octobre). On devrait donc retrouver, à la fin de 2005, en 2006 et ultérieurement, comme en 2004, une progression supérieure à 10 % de la consommation de pétrole de la Chine. Ceci veut dire, en 2006, une hausse de 750.000 barils/jour de la consommation mondiale due uniquement à la Chine, soit 0,9 % de la demande mondiale.
Si la demande mondiale de pétrole continue, de ce fait, d'augmenter de 2,25 % par an, compte tenu de la faible élasticité des prix à court terme de la demande de pétrole (- 0,05 %) et de la nécessité de réduire de 0,75 % chaque année la demande de pétrole mondiale, ceci conduirait à une hausse de 15 % par an du prix du pétrole à partir de 2005, soit un prix en 2015 de 243 dollars par baril, le prix de 300 dollars étant dépassé en 2017.
Au total, si on applique l'approche normative (théorie du prix des ressources épuisables), on voit que le pétrole devrait valoir de 200 à 300 dollars par baril en 2025 ; si on applique la technique de rééquilibrage de l'offre et de la demande mondiale, qui n'est pas valable sur un horizon aussi long, on voit que le pétrole devrait atteindre 300 dollars le baril avant 2020.
Nous ne voulons pas ici utiliser d'arguments techniques ou géopolitiques, sur lesquels il n'y a pas de consensus, mais uniquement, volontairement, des arguments économiques. Commençons par une approche normative de l'évolution du prix du pétrole. Le pétrole est une ressource non renouvelable ; les réserves connues correspondent aujourd'hui à 38 années de production, contre 45 années à la fin de années 80. Quelle que soit la taille des réserves, le prix relatif d'une ressource épuisable par rapport aux biens que l'on peut fabriquer ("renouvelables") doit augmenter à long terme à un rythme égal au taux d'intérêt réel, soit à peu près à la croissance réelle.
Si on suppose que la croissance tendancielle de la planète est de 3,5 % par an, que l'inflation tendancielle de la planète est de 3 % par an, et si on se base, pour le début de ce processus de hausse des prix, au début des années 70, on voit qu'on devrait avoir en 2005 - compte tenu des évolutions passées des prix, de la croissance et des taux d'intérêt réels - un prix du pétrole de 85 dollars par baril environ ; que, compte tenu des perspectives de croissance mondiale et d'inflation, on devrait atteindre en 2025 un prix du pétrole de 211 dollars par baril en partant du prix observé de 2005, ou de 300 dollars par baril en partant du prix "théorique normatif" calculé pour 2005.
Regardons ensuite l'évolution des économies réelles, de la demande et de l'offre de pétrole. Depuis le début des années 90 jusqu'en 2001, la demande mondiale de pétrole augmentait de 1,5 % en moyenne annuelle ; depuis 2002, elle augmente de 2,5 % par an. L'accumulation est due à la reprise de la croissance mondiale (5 % en 2004, 4,25 % en 2005) et surtout à une très forte augmentation à partir de 2001-2002 de la croissance chinoise que les chiffres "officiels" du PIB ne restituent pas du tout. Quand on analyse la consommation d'énergie, la production industrielle, on s'aperçoit qu'en réalité la croissance globale chinoise, à peine positive de 1998 à 2000, est, depuis 2002-2003, au moins de 12 % par an.
Consommation chinoise. De plus, à partir de la mi-2005, les ventes de voitures et les investissements en construction - qui avaient stagné depuis le second semestre 2004 - repartent violemment (+ 80 % sur un an pour les ventes de voitures en Chine en octobre). On devrait donc retrouver, à la fin de 2005, en 2006 et ultérieurement, comme en 2004, une progression supérieure à 10 % de la consommation de pétrole de la Chine. Ceci veut dire, en 2006, une hausse de 750.000 barils/jour de la consommation mondiale due uniquement à la Chine, soit 0,9 % de la demande mondiale.
Si la demande mondiale de pétrole continue, de ce fait, d'augmenter de 2,25 % par an, compte tenu de la faible élasticité des prix à court terme de la demande de pétrole (- 0,05 %) et de la nécessité de réduire de 0,75 % chaque année la demande de pétrole mondiale, ceci conduirait à une hausse de 15 % par an du prix du pétrole à partir de 2005, soit un prix en 2015 de 243 dollars par baril, le prix de 300 dollars étant dépassé en 2017.
Au total, si on applique l'approche normative (théorie du prix des ressources épuisables), on voit que le pétrole devrait valoir de 200 à 300 dollars par baril en 2025 ; si on applique la technique de rééquilibrage de l'offre et de la demande mondiale, qui n'est pas valable sur un horizon aussi long, on voit que le pétrole devrait atteindre 300 dollars le baril avant 2020.
Patrick Artus, directeur de la recherche, Ixis CIB
La Tribune - article du 12/02/05
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