La fusion GDF-Suez face à un nouvel obstacle
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Un espoir de voir capoter ce projet ? peut-etre; espérons le puisque partout où il y a eu liberalisation de l'energie, les prix ont monté en periode de pétrole stable.Il restera encore une autre chance pour que ça ne se fasse pas: la cupidité des actionnaires de Suez qui veulent un dividende tellement élevé (pour valoriser Suez à son "juste" prix) que le futur ensemble aurait une trésorerie vide, serait incapable d'investir et une proie facile pour toute OPA - le contraire du but afffiché.
Cet episode est aussi l'occasion de revenir sur ces technocrates qui nous gouvernent et veulent notre bien à l'insu de notre plein gré. Voici le CV de Jean-Francois Cirelli (source wikipedia):
Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris et licencié en droit, Jean-François Cirelli est un ancien élève de l'École nationale d'administration
(1985 promotion Léonard de Vinci).
De 1985 à 1995, il effectue sa carrière à la direction du Trésor au ministère de l’Economie et des Finances. De 1997 à 2002, il est conseiller économique, et de 1995 à 1997, il est conseiller technique à la Présidence de la République.
En 2002, il devient Directeur adjoint au cabinet du Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, en charge des questions économiques, industrielles et sociales.
Jean-François Cirelli est président de Gaz de France depuis mai 2004.
Quelle est sa compétence pour faire des montages industriels alors qu'il n'a tenu aucun poste dans une entreprise industrielle. Si il n'est pas convaincu par son experience, il l'est par sa vision d'un monde libéral idéalisé - vision qu'il partage avec Hervé gaymard - un grand ami personnel, témoin de son mariage, énarque et 100% haut fonctionnaire - avec à la fois la sécurité de l'emploi et les hauts revenus.
Ces personnes voient les fusions d'entreprises comme les pilotes d'avion voient la guerre: c'est propre vu de haut et ils ne sont jamais eclaboussés par les dégats collateraux des milliers de licenciements qu'ils provoquent, de la hausse des prix qui ne les impacte pas consécutive au remplacement des services publics par la logique financière de rentabilité pour l'actionnaire.
Pour eux, seul le dogme de la libéralisation bienfaitrice en toute circonstance compte; la réalité n'a pas de prise sur eux. Heureusement, les syndicats existent et leur superbe mécanique intellectuelle de technocrate l'a oublié.
La fusion GDF-Suez face à un nouvel obstacle
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3234,36-837266@51-628862,0.htmlContrairement à ce que les deux groupes avaient prévu, le mariage entre Suez et Gaz de France (GDF) ne sera pas entériné en 2006. C'est la conséquence de la décision prise, mardi 21 novembre, par le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris - confirmée en appel quelques heures plus tard - de reporter la réunion du conseil d'administration de GDF prévue mercredi 22 novembre.
Saisis par les syndicats, qui remportent là une victoire importante sinon décisive, les juges ont estimé que les administrateurs du groupe gazier ne peuvent voter la fusion tant que le comité d'entreprise européen (CEE) ne dispose pas d'éléments suffisants pour donner un avis (seulement consultatif) sur le projet.
Les dirigeants des deux groupes expliquent depuis des mois qu'ils avaient trois obstacles à franchir : le Parlement français, la Commission de Bruxelles, les assemblées générales d'actionnaires. Visiblement, l'interlocuteur syndical avait été sous-estimé.
L'arrêt de la 14e chambre de la cour d'appel de Paris est tombé à minuit. Il est très sévère pour les dirigeants de GDF, qui n'ont pas informé en temps et en heure les instances représentatives des salariés. Les juges constatent notamment que les documents réclamés par le CEE le 31 mai ne lui ont été communiqués que le 31 octobre et traduits... le 3 novembre. Et que les données fournies par la direction sur l'impact social de la fusion étaient incomplètes.
LOURDE HYPOTHÈQUE
Or les juges soulignent qu'"il appartenait à GDF, à l'origine du processus, et qui en maîtrisait les étapes, de prévoir un calendrier - intégrant les exigences légales - lui permettant de tenir les échéances qu'elle estimait indispensables à la réussite du projet". A titre de comparaison, Suez avait terminé la consultation des instances représentatives du personnel le 3 novembre. Les documents avaient été traduits en 18 langues.Une lourde hypothèque pèse désormais sur l'opération, dont la finalisation est repoussée de plusieurs semaines. Après la convocation et l'avis du CEE, les conseils d'administration de GDF et de Suez ne pourront pas se réunir avant la mi-décembre pour adopter le traité de fusion. Puis les dirigeants devront attendre trente jours pour convoquer leurs assemblées générales, qui ne pourront donc se tenir avant mi-janvier.
La fusion n'intervenant qu'en 2007, les dirigeants devront-ils attendre la publication des comptes 2006, courant mars, pour boucler l'opération ?
Le règlement de l'Autorité des marchés financiers (AMF) précise qu'une assemblée générale extraordinaire peut être convoquée à tout moment. A condition, toutefois, que l'entreprise lui ait soumis au moins un mois avant cette assemblée générale le document de référence (comptes, bilan...) et la note décrivant l'opération de fusion, ce que les deux groupes affirment avoir fait tout au long du processus de rapprochement. Dans cette hypothèse, l'opération de fusion pourrait être bouclée avant la fin janvier, environ trois mois avant le premier tour de l'élection présidentielle.
Hostiles au projet, la CGT et FO se sont félicités du "coup d'arrêt" donné au processus. Hostile à la fusion mais favorable à des participations croisées entre les deux groupes, la CFDT se félicite aussi de cet "échec" d'un gouvernement beaucoup plus préoccupé, à ses yeux, par le dividende exceptionnel à verser aux actionnaires de Suez que par le sort des agents de GDF.
SÉRÉNITÉ DE FAÇADE
Cette politisation du dossier, les dirigeants de GDF et de Suez la croyaient derrière eux depuis le vote par le Parlement, le 8 novembre, de la privatisation de GDF. Ce cauchemar revient, même s'ils affichent une relative sérénité et leur volonté commune de mener à bien le processus.
Dans un communiqué commun publié immédiatement après l'arrêt de la cour d'appel, les PDG de GDF et de Suez, Jean-François Cirelli et Gérard Mestrallet, réaffirment que "le projet reste le plus pertinent pour l'avenir de nos entreprises". Avant d'ajouter : "Nous comptons le mener à bien dans les meilleurs délais et dans le respect de l'ensemble des parties prenantes." Une analyse reprise, mercredi matin, par le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé, pour qui la pertinence du projet n'est pas remise en cause.
Le mariage, qui doit donner naissance à un géant européen de l'énergie avec environ 70 milliards d'euros de chiffre d'affaires, a-t-il encore un avenir ? Il continue de se faire dans la douleur. L'état-major du futur groupe s'est constitué laborieusement, GDF reprochant à Suez d'être trop gourmand pour les postes-clés.
La négociation d'une nouvelle parité de fusion destinée à donner plus qu'un euro de dividende exceptionnel aux actionnaires de Suez n'a fait que compliquer les choses. Et, aujourd'hui, les dirigeants de Suez doivent juger leurs homologues de GDF bien légers pour avoir ainsi retardé la fusion.
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