Revue de presse - Savoie

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Un coup de froid sur le Groenland modifie les pluies sous les tropiques

Un coup de froid sur le Groenland modifie les pluies sous les tropiques

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3228,36-875034,0.html

Une pièce de plus dans le grand puzzle climatique. On savait que la fonte des glaciers peut ralentir la circulation des courants marins dans l'Atlantique nord. Et que ce ralentissement peut entraîner un refroidissement localisé sur le Groenland et l'Europe. On sait, désormais, que ce processus peut aussi affecter le régime pluviométrique de régions tropicales. Des travaux de chercheurs français (CNRS, université Aix-Marseille et Collège de France) en apportent la preuve, jeudi 22 février, dans la revue Nature.


Au cours de son histoire récente, la Terre a été marquée par plusieurs brusques "oscillations climatiques" dans l'Atlantique nord, qui ont vu les températures chuter, en quelques décennies, de 15 0C environ sur le Groenland et de 5 à 10 0C sur l'Europe occidentale. Avant de remonter progressivement. Les refroidissements brutaux de cette région sont en général causés par un ralentissement des courants marins qui transportent vers le nord la chaleur accumulée aux tropiques. Ce ralentissement est lui-même provoqué par une chute de la salinité des eaux de surface de l'Atlantique nord.

En l'absence de ces crises de refroidissement localisées sur l'Europe septentrionale, les alizés - qui soufflent d'est en ouest - transportent vers le Pacifique l'eau qui s'est évaporée au-dessus de l'Atlantique. A chaque seconde, plusieurs centaines de milliers de mètres cubes d'eau sont ainsi transférés d'un océan à l'autre, en passant au-dessus de l'isthme de Panama. D'où une différence de salinité : faible dans le Pacifique et élevée dans l'Atlantique, ce qui est nécessaire à l'entretien des courants. Jusqu'ici, tout est normal.

"Mais lorsqu'un refroidissement survient sur l'Atlantique nord la zone dans laquelle soufflent les alizés se déplace vers le sud, explique Guillaume Leduc, doctorant au Centre d'étude et de recherche en géosciences de l'environnement et principal auteur de l'étude. Du coup, ces vents se heurtent à la cordillère des Andes et ne peuvent plus transférer autant d'eau vers le Pacifique." L'analyse de sédiments prélevés à l'ouest de l'isthme de Panama montre en effet que, lorsque le froid s'installe sur le nord de l'Atlantique, la salinité augmente dans le Pacifique, signe d'une réduction des pluies.

CERCLE VICIEUX

En revanche, l'humidité bloquée à l'est des Andes intensifie le régime pluviométrique dans le bassin de l'Amazone. Etonnante conséquence d'un coup de froid sur le Groenland : le débit du grand fleuve brésilien augmente. "Des mesures effectuées par d'autres équipes, sur des stalagmites et sur des sédiments prélevés à l'embouchure de l'Amazone, s'expliquent très logiquement par le mécanisme que nous proposons", ajoute Edouard Bard, coauteur de ces travaux.

Autre conséquence : l'eau de pluie déversée à l'est de la cordillère des Andes revient, par ruissellement, à son point de départ, c'est-à-dire dans l'Atlantique. Du coup, la salinité de cet océan se réduit ; donc ses courants ralentissent plus encore ; donc l'Europe du Nord se refroidit un peu plus, etc. Ce processus est en somme un cercle vicieux.

Ces nouvelles données permettront d'affiner les modèles numériques qui tentent de quantifier la réduction future des courants marins de l'Atlantique nord, qui subit le réchauffement ainsi que d'importants apports d'eau douce (fonte des glaciers, etc.). Un ralentissement de la circulation profonde y est donc attendu, avec des conséquences sur le climat européen qui sont encore au centre de vifs débats.

Stéphane Foucart



24/02/2007
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